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nounoue david samadhi 4 décembre 2008 15:39

Note sur l’épigénétique L’épigénétique désigne les variations d’expression d’un gène dans la cellule, le tissu et donc l’organisme, observées sans que ce gène connaisse par ailleurs de variation dans ses paires de bases chimiques (ses nucléotides). Un même gène a donc des produits différents, en fonction de son environnement moléculaire et cellulaire. Les mécanismes les plus étudiés concernent les liaisons entre ce gène et les molécules de soutien (histones) autour desquelles il s’enroule pour former la chromatine. Des variations locales sur les paires de base vont affecter leur lecture biochimique (l’adjonction d’un groupe méthyl- est la plus étudiée, sous le nom de méthylation de l’ADN, mais il en existe bien d’autres).

L’épigénétique est souvent désignée comme une nouveauté révolutionnaire (alors que sa désignation par Waddington date des années 1940) et interprétée comme la démonstration que le « réductionnisme » ou « déterminisme » génétique ne tient pas la route. Mais en énonçant qu’un même gène connaîtra des expressions variables selon son milieu (chimique), elle ne constitue pourtant pas un renversement décisif de la biologie moléculaire - une complexification, assurément. Quand on observe l’évolution « du point de vue du gène », c’est en réalité le produit d’interaction gène-milieu qui est observé, et les variations de produit pour un même gène avec milieux différents ne sont pas en soi incompatibles ou incohérentes par rapport aux variations pour un même milieu avec des gènes différents. En montrant combien le gène réagit de manière « souple » à son environnement, l’épigénétique devrait logiquement renforcer son rôle dans l’expression et l’évolution du vivant.

Plus intéressante est l’hypothèse d’une transmission héréditaire des processus épigénétiques, qui ressemblerait à la fameuse « hérédité des caractères acquis » de Lamarck (les modifications au cours de l’existence transmise à la descendance). Cette épigénétique héritable a été observée sur des plantes et des rongeurs, suspectée chez l’humain. On ne connaît pour l’instant ni l’extension ni la portée du phénomène. Cette hérédité épigénétique n’est cependant pas vraiment celle que Lamarck avait en tête. Pour le naturaliste français, l’action du milieu pouvait progressivement déformer les tissus et organes dans tel ou tel sens (les girafes qui, voulant manger des feuilles de plus en plus haut à mesure que les plus basses sont déjà consommées, allongent peu à peu leur cou). S’il est avéré que les modifications épigénétiques se transmettent sur un grand nombre de générations en conservant des variations fonctionnelles affectant la survie et la reproduction (double condition pour leur attribuer un rôle évolutif), on sera évidemment très loin de l’image lamarckienne. En fait, la théorie de l’évolution s’intéresse aux fonctions d’un gène : que ces fonctions soient modifiées par une mutation classique (altération des bases chimiques) ou par une mutation épigénétique (altération de la transcription) ne change pas le mécanisme général décrit par Darwin. Ce dernier ignorait d’ailleurs Mendel et était lamarckien, ce que l’on ignore souvent. Publié par Charles Muller à l’adresse 14:36 Libellés : Analyses


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