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En réponse à :


easy easy 18 décembre 2008 06:08

Homme Libre

Tu aurais été victime de fausses accusations.

C’est galère, assurément.
Mais au moins les choses étaient-elles claires pour toi, tu étais innocent. En tous cas suffisamment innocent pour ne pas être tout à fait coupable. Je ne dis pas que c’est marrant à vivre mais vis à vis de sa conscience, ce n’est tout de même pas très inconfortable


Tu n’as pas l’expérience de ceux qui sont plutôt coupables.
Eux sont dans l’inconfort le plus total, même si pour se protéger ils adoptent pafois une allure crâne ; 

Celui qui est réellement coupable, ressent aussi combien il est victime d’un pataquès de destin et de circonstances défavorables.

Aucun de nous n’aura bénéficié de circonstances, de contextes de vie complètement favorables et nous avons tous connu notre lot de souffrances. Mais les cas étant variés et infinis, il y a tout un tas de degrés possibles à la souffrance accumulée (il s’agit finalement souvent d’accumulations telles que la résilience ne peut plus endiguer ou encaisser davantage de chocs)
Et certains d’entre nous accumulent un peu trop de coups pour ce qu’ils ont comme ciment ; alors leurs digues cèdent.

Puisque nous savons que le ciment est essentiel, puisque nous savons que l’environnement est déterminant pour que nos enfants aient de bonnes digues, pourquoi l’oublions-nous dès que nous avons la possibilité de dénigrer quelqu’un en ce qu’il est réellement fautif ? Pourquoi lui refusons-nous si vite les circonstances atténuantes à ceux dont les digues ont fini par céder ?

[J’espère qu’on ne va pas avoir droit au récurrent " Et si quelqu’un égorgeait ta fille !" ]



Une fois leur digue écroulée, c’est le chaos de l’avalanche pour les malchanceux. Il n’y a plus de raisonnement lucide, il n’y a plus aucun raisonnement du tout, c’est la panique totale où ils se sentent emportés et incapables de la moindre prise sur les évènements.

Que dans ces conditions de naufrage -vécu comme familial probablement- une mère en vienne à "s’attacher" ces enfants dont on lui a répété mille fois qu’ils étaient sous sa responsabilité, n’a rien d’étonnant à mes yeux.

Des psy tentent de décrire ce phénomène en utilisant "altruiste" et ça ne me choque pas puisqu’il est question d’une vision de raz-de-marée emportant tout, enfants inclus
Ca m’invite plutôt à réfléchir sur la vision trop spécifique que j’accordais à ce mot jusque là. J’aime bien qu’un mot ne devienne pas sanctuaire ou sanctuarisant. Je ne déplore pas que le mot "altruiste" puisse être associé à ce genre de pensée funeste. Mais je comprends que ceux qui auraient panthéonisé ce mot soient offusqués par ce qu’ils resentent alors comme une souillure.
"Merde, à la maison, je ne cesse de préconiser l’altruisme mais ce sale coup me casse la baraque"
Bin oui, je comprends, mais ça leur apprendra à ne pas se contenter de mots.


Puisqu’une mère sait très bien que ses enfants vivront très mal son suicide, que cela constituera pour eux une torture, que cela leur pourrira la vie, pourquoi ne penserait-elle pas à leur éviter ce mauvais sort en les emportant avec elle (surtout si elle considère qu’ils vont se retrouver ensemble dans les nuages) ?

L’avis de l’enfant ? 
Nous savons tous très bien que l’enfant préfère vivre. Ca nous fait une belle jambe !
Il faut être pragmatique, les gosses ne doivent pas leur survie à leur propre avis. Dans cette famille comme dans toute autre, c’est chaque parent qui tient le sort de ses enfants entre ses mains.

Il n’y a pas à s’étonner que cette mère ait emporté ses enfants avec elle car ça va quasiment de soi dans certaines visions de catastrophe (faillite plutôt personnelle ou plutôt familiale peut faire la différence) DE toutes manière, si elle l’a fait (et elle n’est pas la première du genre) c’est que c’est humainement possible, humainement possible.

La question difficile est : comment bien juger les gens dont les digues ont cédé. Comment leur rendre justice en même temps que rendre justice à leurs victimes ? La Justice peut-elle être vraiment juste ?

Il me semble que par les explications, donc par les mots, un tribunal peut être juste s’il dit tout, les tenants comme les aboutissants, les effets comme les causes ; Mais c’est dans le verdict, dans le tarif, dans la sanction, que ça ne peut que coincer.
Pour une femme dont les digues ont sauté, détruite intérieurement, ayant survécu à son suicide après avoir tué ses gosses (désormais orphelins dans les nuages), toute peine concrète et terrestre ne fera que rajouter à son malheur terrestre déjà total.








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