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En réponse à :


Dickin 6 janvier 2009 12:52

Je vous livre la suite de mes réflexions, puisque je les ai rédigées avant de lire votre dernière réponse qui me semble une fin de non-recevoir.

Bonjour,

 

A propos de votre critique de l’auto-organisation, je partirais de ce que vous dites de Prigogine et Stengers et des Cellules de Benard, parce que c’est ce que je connais le mieux. Mais je crois que mes remarques peuvent être en partie valable pour les autres auteurs que vous citez.

 

Dans votre analyse des Cellules de Benard, ce qui me frappe, c’est que vous ne retenez que ce qui est en faveur de votre thèse de l’hétéro-organisation, à savoir que le « système s’organise -sous l’effet d’une contrainte extérieure » (p. 127-128).

Ce n’est pas faux (en effet, plus personne ne croit qu’il puisse y avoir génération spontannée ou phénomènes sans causes, sauf les mystiques, cela va de soi), mais il ne faut pas oublier aussi que le dispositif expérimental qui permet d’étudier les Cellules de Benard est spécialement conçu dans le but d’étudier ce phénomène dans toute sa pureté, c’est-à-dire en circonvenant la matière à l’aide d’un maximum de contraintes et ne lui laissant que fort peu de degrés de liberté, sinon celle de manifester ces cellules de convenction.

Il faut voir aussi le phénomène dans sa totalité : à savoir que ce système dissipatif comporte deux phases, la diffusion et la convection. Or, la transition d’une phase à l’autre n’est pas causée uniquement par l’augmentation du gradient de température. Cette transition dépend aussi de la viscosité du liquide, la température à laquelle le système passe en régime de convection est fonction de la viscosité, c’est-à-dire d’une propriété intrinsèque et spécifique de la matière en mouvement. Le système ne s’organise pas que sous l’influence de l’environnement, contrairement à ce que vous prétendez : si la viscosité est trop faible, il n’y a pas de convection.

 

On touche là, je crois, une autre de vos confusions. Vous écrivez : « Force est donc de constater que le holisme remet en cause le principe d’objectivité de la nature, qui implique l’inertie de la matière. Par cette activité créatrice dont il réintroduit l’idée, il l’affuble de nouveau d’un principe de mouvement interne qui caractérise l’animisme. » (p.112) L’idée d’objectivité exclu en effet l’animisme, c’est-à-dire l’idée qu’une âme, essence ou tout autre principe métaphysique animerais la matière. Mais cela ne veut pas dire que la matière elle-même est inerte : en mécanique, le principe d’inertie implique la conservation du mouvement dans le vide et en l’abscence de frottement ; et en thermodynamique, le premier principe (dérivé du précédent) implique la conservation de l’énergie dans tout corps isolé. Concernant les êtres vivants, ce ne sont pas des corps qui sont dans le vide ni des corps isolé (ou isolables), ce ne sont pas des systèmes fermés, mais au contraire des systèmes ouverts échangeant en permanences matière et énergie avec l’éxtérieur. En l’occurrence, l’exigence d’objectivité ne peut donc pas s’apparenter avec l’idée d’une matière inerte, mais au fait que l’on attribue pas au mouvement de cette matière (incontestable chez les êtres vivants) des causes surnaturelles ou inconnaissables, et rien de plus.

En physique, le développement des théories et observations a permi d’établir l’équivalence de la matière et de l’énergie (E=mC2), la dualité onde-corpuscule, la mécanique quantique (probabiliste), etc. Toutes choses qui montrent le lien étroit et indissoluble entre la matière et le mouvement, qui semblent bien être les deux aspects inséparables d’une seule et même réalité. Comme exemple pour le moins paradoxal, on pourrait prendre la lumière : un photon est une particule sans masse ayant une vitesse absolue, à moins que ce ne soit une oscillation de l’espace (onde) propageant un quantum d’énergie…

L’animisme attribue abusivement à la matière des capacités créatrices. La physique moderne constate non l’inertie de la matière, mais son instabilité fondamentale, laquelle est source de possibilités combinatoires ; ce n’est pas tout à fait la même chose.

 

De fait, j’ai UN exemple de système auto-organisé où le mouvement propre de la matière manifeste une activité combinatoire : c’est l’astre qui nous dispense cette même lumière chaque jour, c’est le processus qui a engendré la matière dont nous sommes faits et c’est la source de toute vie sur Terre ; le Soleil.

La dynamique du soleil est le produit d’une contradiction intrinsèque : la masse d’hydrogène s’effondre sur elle-même sous l’effet de son propre poids et les conditions de température et de pression qui en résultent engendrent des réactions de fusion thermo-nucléaire. De là sortent chaleur et rayonnement qui s’opposent à la tendance à l’effrondrement sous l’effet de la gravitation. De cette dialectique entre la force centripède de la gravitation et de la tendance centrifuge de la chaleur résulte la dynamique globale et cyclique du système ; c’est une auto-organisation très simple de la matière, un système dissipatif qui brûle sa propre matière (il est autarcique, mais pas autonome). Il produit non seulement chaleur et rayonnement, mais aussi les éléments plus lourds que l’hydrogène qui entrerons ensuite dans la composition des planètes et de la vie sur Terre…

 

Dites-moi donc ou est l’hétéro-organisation là-dedans ?

 

A vous lire ?

B.L.


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