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Philippe 2 février 2009 12:45
Je me permets d’intervenir dans la discussion sans avoir de référence particulière. Je suis moi-même une "victime" d’inceste et il se trouve que j’adhère également à l’association AIVI, ce qui ne veut pas nécessairement dire que j’en partage toutes les prises de position.

En ce qui concerne le sondage IPSOS, il me semble qu’il était tout simplement utile d’avoir un tel sondage afin d’avoir une vague idée de l’ampleur du phénomène, indépendamment de toute autre considération. En ce qui concerne le côté médiatique, je ne vois pas de problème à utiliser les médias : de nos jours, quiconque veut être entendu ne peut le faire qu’à travers les médias : il est malheureux de constater que rien ne se fait sans le ressort des médias et d’un certain sensationnalisme. Les victimes d’inceste sont toutefois plutôt discrètes. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi subi des rapports malsains et ce n’est qu’aujourd’hui que l’on commence à s’intéresser à elles. Il ne me semble pas que les victimes, dans leur ensemble, aient tendance à la "survictimation". Au contraire, tout psychologue vous dira combien il est difficile, dans la plupart des cas, pour une victime de se reconnaître comme telle même dans les cas les plus patents.

Dans les divers débats que j’ai suivi sur les aspects juridico-légaux, il me semble qu’on a oublié un point qu’il est toutefois important de relever. Les lois sont faites pour les hommes et les hommes peuvent souhaiter les changer au fur et à mesure que les mentalités évoluent. Si une association comme AIVI, la plus grosse association représentant les victimes d’inceste, demandent de tels changements, c’est que les personnes intéressées, les victimes, ne se sentent pas suffisamment défendues par le cadre légal actuel et ces personnes ont bien le droit de demander que leur situation soit prise en compte à la lumière de leurs revendications. Cela est un processus entièrement démocratique. D’autres nations ont abordé le problème des abus incestueux d’une autre façon. Récemment, la Suisse a choisi l’imprescriptibilité pour les crimes d’inceste, par exemple. A chaque nation son propre parcours et il appartiendra ensuite à nos législateurs de redéfinir le cadre légal définissant les crimes d’inceste en fonction des critères qu’ils retiendront opportuns. Ce qui me semble clair, c’est que la population des victimes d’inceste évolue et commence à demander que l’on reconnaisse la spécificité des traumatismes qu’ils ont subis : ce n’est pas la même chose d’être victime d’un viol occasionnel ou d’être contraint de vivre chaque journée de sa vie, de l’âge le plus tendre jusqu’à sa majorité, sous le même toit que son agresseur. J’espère qu’on le reconnaîtra.

Mon intervention reste générale et ne répond à personne en particulier, l’une des raisons étant, à le dire franchement, que je refuse de me mêler à un débat dans lequel la confrontation en arrive à cibler les qualités personnelles des intervenants. J’ai trouvé certaines réactions insultantes et totalement incorrectes, je dois le dire, et je pense que cela est fort dommage. Je ne tomberais pas non plus dans le piège du "qui a commencé le premier" parce que, à mon sens, le fait que quelqu’un se comporte mal ne justifie pas que les autres suivent son exemple.

Il convient de respecter la position de fond de chacun, du moment que les arguments avancés reflètent une conviction rationnellement étayée.

Je remercie Illel Kieser d’avoir relayé l’information sur cette plateforme et d’avoir entretenu les débats. J’espère n’avoir froissé personne, parce que telle n’est pas mon intention, sincèrement. Je m’excuse pour mes éventuelles maladresses et je vous laisse à vos débats, ne me sentant pas moi-même à la hauteur. Je rappelle que je ne m’exprime qu’en mon propre nom et que je ne représente rien en ce monde. Je ne prends pas la parole pour l’ensemble des victimes parce que je ne m’en sens pas l’autorité.

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