« À l’époque du travail de masse, des chants de masse, des plaisirs de masse, l’homme est plus seul que jamais. L’homme moderne ne s’implique dans rien de ce qu’il fait. Une part de lui-même, la plus profonde, reste toujours en alerte. Au siècle de l’action, l’homme s’épie. Le travail, unique dieu moderne, a cessé d’être créateur. Le travail sans fin correspond à la vie sans finalité de la société moderne. Et la solitude qu’il engendre, solitude surpeuplée des hôtels, bureaux, ateliers et cinés, n’est pas une épreuve qui aiguise l’âme, ni un nécessaire purgatoire. C’est une condamnation totale, miroir d’un monde sans issue. » Octavio Paz, Le labyrinthe de la solitude, 1950