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Marc Bruxman 10 mars 2009 15:25

Oui le monde va être différent après cette crise, car effectivement toute société a ses limites. Mais ce que Marx a analysé été en réalité la société industrielle et son fonctionnement. Le capitalisme était son outil et une bonne part d’étatisme lui permettait de construire les infrastructures lourdes dont elle avait besoin. Tout cela c’est le monde dans lequel nous avons vécu. 

Ce monde la avait aussi besoin de R&D pour fonctionner. Et il a généré la plus fabuleuse révolution technologique de l’histoire a peu près au moment ou l’essentiel des besoins de base étaient satisfaits. A ce moment la, la société ne pouvait que changer et vite. Et c’est à ce moment la que notre société est devenue massivement basée sur les services. Cela ne veut pas dire que l’on ne produit plus rien, cela veut juste dire que ce n’est plus le fait d’avoir en main les outils de production qui donne de la puissance. Et entre 1970 et 2008 mieux valait être actionnaire d’une grosse boite du tertiaire que d’une grosse boite industrielle. Même si entre temps la quantité de matière produite a explosée. 

Or, une société basée sur les services n’a pas les mêmes besoins qu’une société basée sur l’industrie. Cela ne peut donc produire qu’un affrontement de plus en plus visible entre deux modèles de sociétés, un naissant, l’autre mourrant. Mais ce n’est pas aussi simple que cela, car pendant toute la phase de cohabitation les deux systèmes interagissent ensemble de façon complexe. Et au moment ou l’un cède, l’autre s’effondre. 

Or depuis l’an 2000 la révolution technologique est de nature fortement déflationiste pour l’industrie et cela s’accélére depuis 2005. Pourquoi ? Parce que nombre de biens sont dématérialisés et leur coût devient donc marginal. L’industrie dans les pays dits "développés" est ainsi en chute libre. Mais deux choses masquent ce phénoméne  :

  • Le secteur financier en plein boom est capable d’injecter des capitaux énormes dans l’industrie sous forme d’obligations et autre rachats. Des boites comme GM se sont surendettées (mais toute l’industrie est dans ce cas) ce qui a permis de masquer une réalité souvent pas reluisante. 
  • Une bulle immobilliére sans précédent fesait tourner la production de biens matériels occasionnant inflation et hausse de la production. C’est la encore le secteur financier qui a payé pour cela. 
La bulle immobilliére aura cédée en premier, entrainant avec elle la finance. Or, l’industrie étant surendettée, elle chute avec la finance. 

Le mariage entre le secteur des services et l’industrie se termine en cataclysme pour les deux secteurs... Et cela va compléter la phase de transition de pouvoir en cours. Nous entrons dans la société post-industrielle avec tous les effets pervers que cela va comporter. 

Le regain d’étatisme n’est que passager. Lorsqu’un pouvoir est vacant (ici le pouvoir financier et industriel) il est normal que celui qui reste fort tente de combler le vide. Mais les états sont dépendents des banques. Et c’est aussi pour cela qu’ils les renflouent car une faillite des banques serait diabolique pour les états. Mais les banques prétent également aux Etats car ce sont de bons clients et que le secteur des services a finalement moins besoin des capitaux bancaires. (Cela coute moins cher de monter une boite de logiciels qu’une aciérie). Il y a donc une interdépendence entre les états et les banques. Or les états sont surendettés et bientot ils ne pourront plus payer comme l’industrie en ce moment. Lorsque ce seuil sera atteint et vous pouvez penser qu’il le sera avant 2020, il faudra s’attendre à de gros troubles. 

Une véritable guerre est peu probable car les états seront devenus incapables de la financer. Mais nous allons malheureusement assister à une privatisation de masse de tout ce qui reste à l’état voir à une liquidation pour beaucoup de choses. A ce moment, le pouvoir politique aura cessé d’exister et il faudra trouver une nouvelle force de cohésion pour la société que l’ordre marchand ne peut à elle seule tenir. Cette idéologie la reste à inventer. Et c’est seulement une fois que cette force de cohésion sera revenue que le monde pourra repartir correctement. 

Ce changement est souhaitable et apportera effectivement de grands bienfaits à nos enfants grâce à une société qui sera technologiquement très avançée. Mais il faudrait quelqu’un qui ait le courage de conduire ce changement car il serait beaucoup plus simple qu’il n’y ait pas un effondrement mais une transition. Je suis toutefois de plus en plus pessimiste sur ce dernier point. Les politiques semblent ne pas vouloir admettre ce qui va se passer sous leurs yeux car cela implique une diminution drastique du role de l’état et ce à court terme. Ils réagissent en faisant l’inverse de ce qu’il faudrait sans comprendre que cela risque de leur être fatal à très court terme. 

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