@Pierre JC Allard :
A nouveau, j’aimerai rebondir sur vos propos,
notamment cet optimisme constant présupposant que la démocratie sera toujours à
l’horizon, vous écrivez dans un commentaire ceci :
« Ça ne sera pas très long, car une
société complexe d’interdépendance ne peut fonctionner que par un large
consensus et tend donc vers la démocratie. Il y aura un mauvais
moment à passer, mais après
tout ira mieux et l’on aura une meilleure
démocratie »
Dans un autre,
vous reprenez le même thème d’un « horizon démocratique »
futur :
« Ne comptez pas sur une résurgence de la
vie démocratique qui corresponde à ce qui devrait être avant qu’une phase
d’autoritarisme n’ai exigé les sacrifices requis et nettoyé la corruption. La
démocratie reviendra, mais ce ne sera pas l’an prochain. »
Sur le premier point, à savoir la tendance
démocratique naturelle d’une société fondée sur l’interdépendance et le
consensus : j’ai eu une autre opinion : l’interdépendance des
acteurs, soit leur complémentarité et leur
indispensabilité, avec consensus final peut se produire et
« optimiser » le fonctionnement du système sans pour que cela
celui-ci soit « démocratique » : je dirai même qu’un système
fondé sur l’arbitraire et la contrainte permanente fonctionnerait autant le cas
échéant : tout dépend ce qu’on entend par « consensus » consenti
ou obtenu quelque ce soit le moyen ? Il me semble qu’aujourd’hui à une échelle
globale connaissant déjà une forte
indépendance et complémentarité, les « consensus sous la contrainte »
sont existants et efficients : il n’a jamais existé dans aucune société
humaine une quelconque forme de nécessité historique démocratique, et toute
société humaine peut être considéré comme un système complexe, expérimentant autant interdépendance
que complémentarité ou indispensabilité, et se fondant bien sur des formes de
consensus plus ou moins contraint : le consensus démocratique est aussi
une forme de consensus contraint. Bref, la démocratie n’a jamais été portée par
la nécessité historiquement mais par la seule volonté des hommes : elle
est un choix, et non pas une nécessité.
Donc, en tenant compte des capacités de contrôle
et de conditionnement offertes par nos sociétés post-industrielles, cette phase
autoritaire à venir, risquerait bien de se perpétuer et de représenter la forme
de totalitarisme la plus aboutie de l’histoire humaine : un système total
et global, fondé sur un contrôle total et global. Selon moi, l’avenir est
définitivement non-démocratique, la « parenthèse de l’idéalisme romantique »
universalisant occidentale s’achève avec le monstre ultra-libéral que l’Occident
a accouché : un monstre qui a neutralisé le Politique, vampirisé la
Culture et est en train de mettre à l’Histoire (à entendre comme Evolution et
Progrés Humain).
La « crise » actuelle n’est rien d’autre
que la scission entre économie du Réel (celle du citoyen lambda et de la
société industrielle agonisante, fonctionnant sur le contrôle social ) et
économie Immatérielle (celle des réseaux et circuits financiers globaux et de
la société post-industrielle et de l’Information, fonctionnant sur le contrôle
total et global, immédiat et permanent), le Pouvoir a été et relèvera toujours
de l’Immatériel et du Symbole.
La seule résurgence démocratique que je vois
dans l’avenir est celle qui sera sujet de thèse ou objet d’études pour des historiens
du Futur s’intéressant aux mythes et folklores de l’Occident au début de l’Age
Global.
Cordialement,