Attali commencerait à prendre peur ?...
C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.
Le monde libéral devant moi s’est montré,
Comme au jour de sa mort pompeusement paré.
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ;
Même il avait encor tous ces fonds empruntés
Pour payer des bonus sans rougir son visage,
Pour cacher de ses pertes l’irréparable outrage.
« Tremble, m’a-t-il dit, fils indigne de moi.
Le cruel capital l’emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Mon fils » En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser.
Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des traders sans foi se disputaient entre eux.
(Le songe d’Attali - Librement inspiré de Racine)