• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 26 septembre 2009 11:19

« L’enfant est de même nature que nous (invariant n°1) ». Des moralistes nostalgiques d’un passé révolu pour de multiples raisons (lire Brighelli et d’autres) semblent ne pas avoir compris cela. Y aurait-il d’un côté des plaques sensibles vierges qui ne demanderaient qu’à être éclairées et de l’autre des porteurs  de lumières et d’images dont la fonction seraient de s’imprimer leurs marques ?

Nous adultes ne sommes-nous pas structurés par notre histoire juvénile et n’est-ce pas parce que nous avons un fond commun avec nos enfants doublé d’une antériorité par rapport à eux que nous pouvons exercer une influence, une éducation sur eux ?

Les parents et les professeurs aident les jeunes à « voyager » dans leur époque càd les aident à se construire vers un statut d’adulte relativement autonome en regard des valeurs et des mœurs du moment. Les rapports intergénérationnels sont organisés sur la base des désirs mais aussi des angoisses des premiers qui, dans le processus éducatif, font écho aux désirs et aux angoisses des seconds. Là est la similitude de nature entre les enfants et les adultes.

La culture (au sens large les rituels sociaux, les activités d’apprentissage et professionnelles, les arts et les connaissances partagés…) que les familles et l’Ecole font vivre à la jeunesse, a justement pour but de formaliser ses désirs et de calmer ses éventuelles angoisses (que notre condition de mortel génère).  

En ce sens, dans mon âge scolaire, je me rappelle de l’impact de mes lectures des œuvres de Jules Verne. Emporté par le maelström des aventures vécus par ses personnages, j’ai vécu « hors du temps » les émotions qu’un bien plus vieux que moi avait ressenties dans l’écriture de ses récits. Cet effet sur ma mémoire et mes repères culturels prend bien sa source sur  cette proximité entre l’enfant et l’adulte.

Merci donc à l’auteur de cet article dense (et quelque peu difficile à lire) pour les pistes de réflexion qu’il suscite en citant les travaux de Singly

Cependant, je reste sur ma faim sur un point quand il insiste sur le rôle des parents en se référant, d’une part, de façon générique à ce concept de parent et d’autre part en éludant le rôle des acteurs de l’Ecole dans le processus éducatif.

« Les parents doivent aussi fournir les ressources de ce voyage-découverte : l’autonomie s’apprend ; les parents doivent assurer sécurité, consistance… » mais .... « « Etre plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres. » (invariant n°2) » Sont-ils les seuls fournisseurs ? Les professeurs, les animateurs de l’éducation populaire ne sont-ils pas concernés ?

L’utilisation générique de l’idée de parent. Les parents ne sont pas tous équipés de la même façon pour offrir « ces voyages qui forment la jeunesse ». Leur propre « voyage » ont été bien différents et, leur culture (encore au sens large) et l’énergie qu’ils en ont retirées font la diversité de ce monde. L’ennui est que les voyages de certains ont tourné au naufrage et que les sociétés de sauvetage en mer sont plus ou moins existantes et dépendantes du bon vouloir des amiraux et de la puissance de leur entité collective. Quid dans cet article de cette diversité et des mesures appropriées  qui renvoient aux réalités locales, alors qu’il est indispensable d’y faire référence si l’on veut que des changements aient lieu.

Le rôle des autres éducateurs. Dans le prolongement de cette remarque, quid aussi dans ce texte du rôle des professionnels de l’éducation que sont, in fine, les acteurs de l’Ecole. Si une partie des parents  actuels ont du mal à porter leurs enfants vers des contrées meilleures, n’est-ce pas parce qu’ils ne bénéficient plus des solidarités de proximité,  de village ou de corporations sur lesquelles leurs  ancêtres s’appuyaient autrefois ? Que doit-on construire pour remplacer ces solidarités perdues ? Les acteurs de l’Ecole qu’ils le veuillent ou non sont aussi des éducateurs. Ils ont leurs propres enfants qu’ils savent faire réussir dans la vie, voyez les statistiques !!! S’ils sont donc des éducateurs (autant que des enseignants), ne doivent-ils pas réfléchir à la construction d’un vrai dialogue avec les parents de leur élèves afin de réaliser la co-éducation qui permettra d’éviter le désastre des 150 000 jeunes qui quittent notre système éducatif avec des compétences bien faibles, sans diplôme et par la même sans avenir ?


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès