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dmx (---.---.8.124) 30 janvier 2006 14:28

Bien que je ne conteste pas votre analyse sur le fond, je suis gêné par le fait qu’elle se base sur des critères purement économiques sans tenir compte du facteur humain et de la responsabilité des individus dans les systèmes.

Les systèmes peuvent corrompre les individus mais les individus peuvent aussi utiliser un système à leurs propres fins et finissent par le corrompre, c’est à dire le détourner de l’objectif pour lequel il a été conçu.

Exemple :

Le premier facteur est la mondialisation de l’économie financière et actionnariale rendue incontrôlable par l’effet de la virtualisation des échanges monétaires et boursiers mondiaux et l’existence de banques (et de pays) off-shore défiscalisées dont les opérations sont totalement opaques.

Ce système n’est pas sorti de nulle part. Il a été créer pour financer des opérations secrètes des États pour mener leur politique étrangère en contournant leurs propres lois. Il a ensuite été exploité par ses acteurs pour leurs propres profits. Il est très peu combattu car les États en ont besoin pour continuer « leurs magouilles », bien qu’ils sachent qu’il est notoirement corrompu.

Le second est la segmentation, rendu possible par le premier de la chaîne de valeur qui permet d’optimiser la productivité et la réduction des coûts sur l’ensemble de la planète (délocalisation) faussant du processus de retour sur investissement un processus sans frontière.

Ce système, c’est la délocalisation du travail rendu possible par le coup faible des transports et l’exploitation voir l’esclavage des pauvres. Lors du commerce triangulaire, on délocalisait les travailleurs, aujourd’hui on peut délocaliser la production des biens, mais c’est le même principe : le colonialisme et l’esclavage. Vous me trouvez radical : que pensez-vous de la situation de l’Afrique et son cauchemar Darwinien. Plus cynique encore, les chaines françaises nous montrant les esclaves indiens démantelant des navires dans des conditions moyenâgeuses et nous annoçant fièrement que le Clemenceau allait y être détruit parce que ça coûte moins cher là-bas.

Le troisième rendu possible par les deux premiers est le pouvoir sans limite sur l’appareil de production et d’échange des investisseurs institutionnels mis en concurrence entre eux et visant un taux de profit à très court terme (3mois en général, le plus élevé possible (15/20%), sans souci de développement à long terme.

Le capitalisme prédateur que vous décrivez n’est que l’aboutissement de l’exploitation impériale des pauvres au profit des riches. Les ouvriers deviennent des consommateurs, puis des pauvres, ce qui justifie leur exploitation : c’est le modèle Wal-Mart.

Le quatrième tient au fait irréversible de l’impossibilité des États nationaux d’intervenir sur un plan local sur ce capitalisme mondial et à l’absence de régulation adaptée sur le plan international et/ou européen à cette nouvelle donne du capitalisme.

Pour que l’État ait envie d’intervenir, il faudrait que ses acteurs (hauts fonctionnaires, politiques, bref l’élite dirigeante) se sentent menacée par le capitalisme prédateur. Ce qui n’est pas le cas : ils y participent et en tirent des profits personnels. L’Etat ne protège plus le peuple mais sert ses acteurs les plus influents : c’est évident aux USA, ça commence à transparaître en Europe.

Que faire alors ?

S’il est impossible de revenir à un modèle économique national-étatiste et protectionniste qui nous précipiterait dans la débâcle économique et sociale en quelques jours, sinon quelques heures ; ce qu’ont très bien compris les gouvernements sociaux-démocrates dans les pays d’Amérique latine ; la première chose à faire est de mener une politique active d’innovation, ce qui implique des investissement publics européens dans la recherche, le développement et la formation et donc une harmonisation fiscale européenne.

Par contre là, je ne suis absolument pas d’accord. En effet, vous semblez considérer que la mondialisation est un modèle inévitable. Moi je pense qu’il serait préférable de tout faire pour l’éviter car ce N’EST PAS UN MODÈLE DURABLE : il consomme beaucoup trop de ressources, d’énergie en particulier. Avec l’augmentation inéluctable du coût des transports due à l’arrivée du Peak Oil, les échanges devront se relocaliser et le travail aussi.

Le Peak Oil, c’est la MORT DE LA MONDIALISATION

Les économistes de la terre plate peuvent continuer à nier tant qu’ils veulent la prochaine contraction de l’énergie disponible et la dépression qui s’en suivra nécessairement. Le dénis de la réalité ne suffira pas à remplacer le pétrole et le rôle qu’il joue au niveau global.

Les phénomènes qui se déroulent aujourd’hui sous nos yeux (capitalisme prédateur des élites et effondrement de la puissance américaine, crise de confiance dans les élites françaises et européenes) étaient décrits de manière assez précise dans « Après l’empire » de E. Todd, qui se base sur des analyses sociologiques.


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