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bluebeer bluebeer 23 novembre 2009 14:21

Bonjour.

J’ai rarement lu une analyse politique aussi naze. Une charge contre la « Belgique », prétendu bastion de la gabegie bureaucratique et de l’incurie politicarde. Tout ça  parce qu’un homme politique belge a été élu président du conseil de l’Europe. Et alors ? Où est le scandale ?

Qui a élu Van Rompuy et pourquoi ? Une chose est sûre, pas les belges. Ca les emmerde plus qu’autre chose vu qu’ils ne savaient pas qui mettre à sa place, et qu’ils pensent qu’il y a de fortes chances que les conflits communautaires s’embrasent de nouveau dès son départ.

Et à vrai dire, avant de le voir débarquer comme premier ministre, la plupart des belges ne le connaissaient pas du tout. Et ne le connaissent toujours pas vu la discrétion du personnage. La seule chose tangible, c’est que le dialogue a repris à son arrivée, que les rangs ont été resserrés au sein du gouvernement et que les tensions ont été apaisées. C’est marrant, mais c’est très concret comme résultat. Comme quoi, l’action réelle n’a pas toujours besoin de support publicitaire et de COM-MU-NI-CA-TION.  L’histoire de la nation belge est complexe. La caricaturer à coups de chocolats et de tintins est aussi subtil que de résumer la France à la découverte du camenbert et à l’industrie de la charentaise. Mais certains analystes peinent à décoller.

La Belgique en tant que nation de l’Europe n’a vraisemblablement eu qu’un poids mineur dans la désignation de Van Rompuy. Des poids lourds comme Sarkozy ou Merkel ont certainement eu un rôle bien plus décisif. Leurs intentions ? Aucune idée, mais certainement pas une révolution en profondeur du système économique et démocratique occidental.

Selon vous, la règle tacite est que le directeur d’une institution ne peut avoir la nationalité du pays qui l’accueille. Ah bon ? Ben oui, alors vous avez bien raison de dire que c’est tacite, parce que effectivement, ce n’est écrit nulle part. Et quelle est la grande sagesse derrière cette coutume que vous nous faites découvrir ? Quelle raison mystérieuse, quel taboo en jeu ? Quel avantage rationnel derrière l’arbitraire ? D’accord pour la règle, mais pourquoi ?

A ça près, c’est sympa de vous voir invoquer le droit coutumier après avoir fustigé « les palabres à l’africaine » des politiciens belges, avec leurs « démineurs », « négociateurs », « formateurs ». J’ai redouté un instant une connotation raciste.

Je suis sûr que tout irait effectivement plus vite à l’Elysée, où le problème de la concertation semble avoir été résolu en 2007. Maintenant, c’est peut-être précisément ce genre de célérité que les électeurs de Van Rompuy ont préféré mettre de côté. La démocratie belge et sa classe politique valent ce qu’elles valent, et sont loin d’être parfaites. Mais je ne les pense pas inférieures à leurs homologues européennes. A ça près, tout bon conseil est bon à prendre.

Bruxelles et la Belgique retirent effectivement des dividendes considérables de la présence des institutions européennes dans la capitale. C’est le jeu. C’est la raison pour laquelle de grandes capitales ou métropoles s’efforcent d’attirer le siège de grandes institutions internationales, ou d’organiser de grands événements sportifs. Soit dit en passant, Bruxelles n’est pas la seule à accueillir des institutions européennes. Elle partage avec Strasbourg et Luxembourg. Les petits belges lambda, avec leurs petites mains crapuleusement avides, n’ont pas magouillé honteusement pour obtenir cet avantage. J’imagine mal d’ailleurs à quel odieux chantage ils auraient pu recourir pour fléchir leurs puissants voisins, peu enclins aux largesses désintéressées. Pittoresques, rustiques, rustauds, patauds, comme ils vous plaira de choisir, et maintenant auteurs de « hold ups », mon dieu, quelle vilenie.

Et enfin, pour expliquer à ceux et celles qui ne l’aurait pas compris, peu nombreux(ses) certes, mais dont vous semblez faire partie, les décisions prises « par Bruxelles » ne le sont pas par les bruxellois. Si les institutions européennes sont défaillantes ou décevantes, cela n’est vraisemblablement pas du à leur localisation géographique, mais à un manque de pensée visionnaire, à un esprit boutiquier, orienté vers le commerce plutôt que vers un véritable projet de société. Pas à la culture politique locale.

Bref, naze analyse.

Pour terminer, il existe en France et en Europe un certaine tradition de racisme antibelge, avec ses pics et ses creux, un mélange de mépris condescendant et bon enfant, pas sérieux, pour cette entité anecdotique. Pas grave, pas genre pogrom. Genre les suisses sont cons et conformistes, les italiens grandes gueules, les allemands lourds, etc., etc. Ca permet de faire des blagues à table ou au bistrot, et finalement de passer un moment ensemble. Et même, pour les belges, c’est salutaire de se retrouver de l’autre côté du manche, ça fait réfléchir sur le concept de bougnoule. Mais de là à ériger les préjugés en analyse politique, il y a carrément de la marge.


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