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Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 18:20

Merci pour votre réaction. Je ne suis pas d’accord avec vous sur tous les points :

« Le recrutement des enseignants ne devrait pas être basé uniquement sur leurs connaissances mesurées par une licence, un master ou un concours, mais surtout sur leur capacité à transmettre cette connaissance et leur capacité à travailler en équipe ; ces 2 derniers critères aussi importants que les connaissances. »

Effectivement, les enseignants ne doivent pas être seulement recrutés sur le niveau de leurs connaissances. Les connaissances et la culture générale sont importantes pour enseigner, mais comme vous le dites, cela ne suffit pas. Vous dites qu’il faut qu’un enseignant sache transmettre des connaissances et travailler en équipe. Concernant la transmission des connaissances, il faut faire très attention. Car le métier d’un enseignant n’est pas de transmettre des connaissances. L’enseignant doit guider l’élève vers la réflexion, vers l’analyse. Il doit contribuer à développer l’esprit critique et d’analyse de l’élève. Plus que transmettre des connaissances, l’enseignant doit aider l’élève à développer des savoir-faire.
Concernant le travail en équipe, cela n’est pas si évident. Le travail en équipe ne se décrète pas. Certaines personnes pourront s’intégrer plus facilement dans une équipe que dans une autre...

« Ensuite, il faudrait une vraie gestion des ressources humaines : évaluation des enseignants, non par cette absurde visite d’inspecteurs, mais par un contrôle continu de la valeur ajoutée apportée à chaque élève. Recadrage et accompagnement des enseignants les moins performants, et licenciement s’ils n’arrivent pas à assurer. »

Comment mesurer et contrôlée la valeur ajoutée à chaque élève ? Tout est-il quantifiable ? Tout est-il mesurable ? Les élèves ne sont pas des objets qu’il suffirait de peser avant et après pour savoir ce qu’on leur a enlevé ou apporté. Certains élèves auront plus de mal à intégrer ce qui se fait en classe. Cela n’est pas seulement le fait de l’enseignant. Cela peut-être le fait d’une déficience mentale, d’un blogage psychologique de l’élève, d’un contexte social ou familial compliqué, de parents qui ne prennent pas (ou ne peuvent pas prendre) le temps de travailler avec leur enfant les notions abordées en classe. De plus, les leçons, les moments, les expériences, vécus par un élève avec un professeur peuvent prendre effet des années après... Dans l’apprentissage, tout n’est pas instantané. Comment mesurer l’apprentissage du respect des autres ? Comment mesurer l’apprentissage de la confiance en soi ? L’apprentissage de la notion de partage ne s’apprend-t-elle que par la division ? Comment mesurer les effets de l’apprentissage de la tolérance ?

vous parlez d’un recadrage et d’un accompagnement des enseignants les moins performants. La performance d’un enseignant ne pouvant se mesurer, je parlerais plutôt d’une formation continue pour tous les enseignants. Par effet boule de neige, la réforme de la formation initiale des enseignants va entraîner une disparition de la formation continue.

Concernant le licenciement, je signale qu’un enseignant peut être licencié. Cela se voit tous les ans. Je pense qu’il ne faut pas banaliser le licenciement dans l’Education nationale car cela remettrait gravement en péril la liberté pédagogique de chaque enseignant. Cela conduirait à de graves dérives où des petits chefs pourraient dire à leurs subordonnés : « si tu ne fais pas comme ça, je te vire. ». Cela n’est pas souhaitable car chaque enseignant a ses méthodes de travail. Il n’existe pas UNE façon d’enseigner. Il en existe autant qu’il y a d’enseignants.

« Notre système est moribond : de plus en plus inefficace tout en coûtant de plus en plus. Prenons modèle sur la Suisse ou la Finlande où ces systèmes de gestion des ressources humaines enseignantes ont été mises en place et ont prouvé leur efficacité. »

Sur quoi vous basez-vous pour dire que les systèmes éducatifs Suisse et Finlandais sont plus efficaces que le nôtre ? Pour pouvoir les comparer, il faudrait que cest pays soient identiques sur plusieurs plans : par exemple, le structure sociale de la population, la langue... Ce qui est loin d’être le cas. Je pense que vous faites référence aux évaluations PISA qui se basent sur des compétences assez mécanistes et qui négligent la capacité à réfléchir, à analyser, etc... Ces évaluations négligent également les difficultés liées à la complexité d’une langue. Il est plus difficile d’apprendre à lire en France car le français est une langue complexe. Donc il est également plus difficile d’apprendre à écrire en France. La langue a aussi une importance fondamentale dans l’apprentissage des mathématiques, notamment pour la compréhension du système décimal. Est-il facile pour un élève français de comprendre que le mot douze renvoie à un nombre égal à 10+2 ? que vingt = 2 dizaines ? Cela est plus facile à comprendre pour un élève chinois car dans sa langue, onze se dit « dix un », douze se dit « dix deux », vingt se dit « deux dix ». Rien que par la langue, l’enfant chinois a deux ans d’avance sur l’enfant français dans l’apprentissage de la numération décimale.

« L’éducation de nos enfants est trop importante pour être laissée sous la seule responsabilité de personnes ayant réussi un concours à 20 ans et plus remis en question jusqu’à leur retraite. »

Je connais énormément d’enseignants qui se remettent en cause tous les jours... Chaque année, le nombre de demandes de stages de formation continue est largement supérieur au nombre de places... Ces stages sont bien entendus facultatifs donc rien n’oblige un enseignant à les demander...

Stéphane Guinot
http://ecole-education.over-blog.com


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