Cher Bugsy,
Je ne sais pas si vous avez bien remarqué que nous parlons de la même chose.
Il va falloir partager le travail et ce qui en découle en empêchant la confiscation des surplus de richesse qu’il génère.
»Mieux qu’une réponse, la solution existe-t-elle ? Bien évidemment, à ceci près qu’elle suppose l’arrêt complet de l’appareil avec - condition sine qua non - le courage d’une décision immédiate qui consiste à poser comme nécessaire et inéluctable l’obligation de rajuster les retraités présents et futurs à la péréquation d’un revenu unique pour tout le monde, sorte de « période spéciale », le temps de résoudre le deuxième problème : le chômage, lequel requiert pour ce faire une révision et une remise en cause complètes des promesses de campagne formulées en 2007 par le Chef de l’Etat.«
Puisque vous
citez Husson - je constate avec plaisir que vous fréquentez des auteurs hélas insuffisamment connus - ce texte lu hier soir, précisément :
« Le
capitalisme n’est plus en mesure d’associer un niveau élevé de rentabilité à la
satisfaction de besoins sociaux élémentaires. La répartition actuelle des
revenus est déterminée par le critère du profit, en ce sens que la demande
salariale n’est pas adéquate parce qu’elle ne correspond plus à des débouchés
rentables, comme cela a pu être le cas pendant la période dite « fordiste »
définie justement par référence entre une relative adéquation entre demande
sociale et normes de rentabilité. Cette analyse ne débouche pas sur un appel
nostalgique au retour à la croissance fordiste parce qu’elle s’attache au
contraire à montrer pourquoi il est impossible, en raison même du contenu de la
demande sociale. Les implications d’une telle critique sont bien différentes :
elles consistent à dire qu’il faut mettre la satisfaction des besoins sociaux
au poste de commande, même s’ils ne donnent pas lieu à des « occasions d’investissement
rentables ». Cela veut donc dire plus concrètement : priorité aux services
publics et à la sécurité sociale assurant l’effectivité des droits (santé,
logement, etc.) et priorité à la réduction du temps de travail garantissant le
plein emploi. La crise doit donc conduire à un double renversement de
perspective. Le premier consiste à raisonner à croissance donnée et se poser la
question des revenus correspondants. Un changement radical dans la répartition
des revenus permettrait de redistribuer autrement les fruits de cette (petite)
croissance : un tiers pour les salaires, un tiers pour la création d’emplois par
la réduction du temps de travail, et un tiers pour la protection sociale.
Plutôt que de se demander comment doper la croissance pour créer de nouveaux
emplois, il faut prendre le problème à l’envers et se demander quels sont les
emplois dont nous avons besoin, pour réduire la pénibilité du travail et mieux
répondre aux besoins sociaux.
Michel Husson, La crise en perspective, Inprecor
n°556-557, décembre 2009-janvier 2010
Et puis, si vous en avez encore le temps, une
autre analyse plus parlante :
Michel Husson, « Le capitalisme toxique », Inprecor n°
541-542, septembre/ octobre
2008, http://hussonet.free.fr/toxicap.pdf