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koanzench koanzench 16 février 2010 13:29

Haïti : des voix mettent en garde contre les adoptions en urgence

PARIS - Des pédopsychiatres et des associations impliqués dans le processus d’adoption mettent à nouveau en garde contre « les déplacements en urgence » des orphelins haïtiens et le risque de traumatisme potentiel que cela engendre pour eux et leurs familles adoptantes.

Cette mise en garde intervient à deux jours du déplacement à Haïti mercredi du président Nicolas Sarkozy, qui doit faire le point sur les efforts engagés pour la reconstruction du pays, après le séisme du 12 janvier qui a fait 217.000 morts.

A ce jour, 371 enfants haïtiens dont les parents ont obtenu un jugement d’adoption sont arrivés en France depuis le séisme, selon le ministère des Affaires étrangères.

Alors que certaines associations demandent la mise en place rapide d’une commission franco-haïtienne pour faciliter ou accélérer les procédures, trois médecins spécialistes ont écrit à l’ambassadeur français des droits de l’Homme François Zimeray pour souligner au contraire que les adoptions d’urgence « ont des effets traumatiques sur les enfants et sur les familles ».

« Elles compromettent le processus adoptif, mais aussi l’avenir psychologique des enfants, et au pire, peuvent conduire à une maltraitance physique et psychique de l’enfant », écrivent Pierre Lévy-Soussan, psychiatre, psychanalyste, Sophie Marinopoulos, psychologue, psychanalyste et Maurice Berger, chef de service associé en pédopsychiatrie dans une lettre dont l’AFP a obtenu copie.

« Du côté des 326 enfants (haïtiens) arrivés à ce jour, une désorganisation psychologique chez plus de 85% a été observée par les cellules d’urgence médico-psychiatriques », écrivent-ils dans leur lettre datée du 6 février.

« La chronologie des troubles, qui n’existaient pas avant le départ d’Haïti, permet d’évoquer une cause traumatique aigue, précoce, liée au déplacement dans l’urgence des enfants, sans aucune préparation psychique », ajoutent les signataires.

« Ces états traumatiques ne sont pas liés directement aux conséquences du séisme ni aux conditions de vie après. De tels états ne sont presque jamais observés avec une telle intensité ou sur un aussi grand nombre d’enfants dans les suites d’une catastrophe naturelle », concluent-ils.

« Il aurait fallu ralentir à l’extrême les procédures d’adoption au lieu de les accélérer » , a précisé lundi à l’AFP le docteur Lévy-Soussan, qui a assisté la semaine dernière à l’arrivée d’un nouveau groupe d’orphelins haïtiens à l’aéroport d’Orly et qui rappelle que seuls 15% des parents adoptifs avaient vu leur enfant auparavant.

Un autre pédopsychiatre, Bernard Golse, tout en se réjouissant « que ces adoptions aient pu être menées à bien », a mis lui aussi en garde le 10 février dans Libération.

« Quitter Haïti en catastrophe pour être accueilli par sa future famille d’adoption à l’autre bout du monde pose encore davantage de problèmes et ce même en cas de +dossiers finalisés+ », a-t-il écrit.

Enfin la section française de Défense des enfants international (Dei), qui avait déjà appelé le 19 janvier « tous les acteurs à ne pas se laisser guider par la seule émotion », demande de nouveau « une très très grande vigilance », notamment « vis-à-vis de la pression croissante des familles adoptantes », et rappelle le respect nécessaire des règles internationales.

(©AFP / 15 février 2010 18h06) Romandie.com


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