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Ivanna 7 février 2010 20:18

Bonjour,
 
Tout d’abord, je tiens à remercier Yannick pour avoir diffusé mon point de vue auprès des lecteurs d’Agoravox. Ensuite, je vous remercie, chers lecteurs, pour vos remarques et commentaires.
 
Une des remarques que j’ai lue avec un intérêt tout particulier portait sur la Révolution Orange. Je n’irai pas jusqu’à contester le fait que les Etats-Unis soient fortement intéressés dans les processus politiques en Ukraine, ni l’existence et l’activité des ONGs étudiantes serbes. Mais encore une fois, la vision répandue en France - et pas seulement - tend à assimiler les acquis de la Révolution orange en Ukraine à la stratégie et surtout au financement états-uniens.
 
Hors, la Révolution Orange a été financée par les PME ukrainiennes et a d’ailleurs réussi grâce à ces dernières. M. Philippe de Suremain, ancien Ambassadeur de France en Ukraine, a vécu les événements de l’intérieur et partageait cet avis lors d’un entretien que j’ai eu avec lui sur ce sujet. Observateur actif du processus et en fonction jusqu’à 2005, il confirmait que cette réussite était due à la classe moyenne ukrainienne.
 
Pour preuve, un événement en Ukraine probablement aussi méconnu dans les médias que dans l’opinion publique : en 2001, la campagne « Ukraine sans Koutchma » déclenchée suite à l’assassinat d’un journaliste indépendant, charismatique et opposant au régime du président Koutchma, Georgiy Gongadze, suivi de la publication, grâce à l’ancien gardien au cabinet du président, Melnytchenko, des enregistrements audio réalisés clandestinement dans le bureau du chef de l’Etat. Tout le pays a entendu la voix du président Koutchma employant un langage cru et donnant l’ordre d’éliminer le journaliste. L’authenticité des preuves est toujours en cause. Vous vous en souvenez peut-être : la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg, donnant raison à Miroslava Gongadze, la veuve du journaliste assassiné, et condamnant l’Etat ukrainien pour ne pas avoir fait le nécessaire afin de protéger la victime et d’effectuer les investigations appropriées dans cette affaire…
Bref, la campagne populaire de la résistance « Ukraine sans Koutchma », a été initiée et menée par 3 forces : le Parti socialiste, une ONG - « Le Comité civil pour la vérité » - essentiellement étudiante, et un mouvement de droite à tendance radicale UNA-UNSO. J’aurai appelé cette campagne la répétition principale (« dress rehesle ») de la Révolution Orange. Financée par les Etats-Unis, la manifestation de Kiev a connu un échec total. Pourquoi ? Parce qu’elle n’avait pas suscité le support total de toute le population ukrainienne. Les étudiants de l’Ukraine de l’Ouest, appuyés par les militants socialistes des autres régions ne représentaient pas la résistance du pays entier. La mentalité n’avait pas encore mûri.
Et le financement américain ? Qui a touché - ou même vu - l’argent américain à l’époque mis à part les quelques chefs politiques du mouvement ! Idem pour la Révolution Orange, tout a été payé par les PME ukrainiennes : frais de transport, essence, vêtements chauds (les conditions climatiques furent très sévères lors des événements), nourriture… etc. Les PME savaient que si le leader du clan - « à moitié » criminel - des hommes d’affaires de Donetsk arrivait au pouvoir, les règles changeraient à jamais. De plus, la population voulait en finir avec la manière ouvertement cynique de négliger ses choix.
 
Et maintenant, l’intrigue du 2e tour… Le vendredi 5 février - à 2 jours du résultat - la nouvelle rédaction de la loi sur « l’élection du Président de l’Ukraine » est entrée en vigueur. Les modifications ont porté avant tout sur le quorum exigé qui n’est plus nécessaire (auparavant 2/3 des membres de la commission électorale). Au risque de perturber le calcul des résultats ?
En tous le cas, la Commission de Venise du Conseil de l’Europe avait déconseillé à l’Ukraine d’apporter ces modifications entre les 2 tours. Ce qui est chose faite. Connaissant les méthodes des 2 candidats à la présidentielle en Ukraine, le calcul définitif des votes du 2e tour ne se fera certainement pas dans la tranquillité requise. De plus, avec ces modifications de « dernières minutes », le candidat battu disposera-t-il d’arguments supplémentaires pour multiplier les procès-verbaux auprès des tribunaux de toute instance pour contester le résultat du vote ? Nous le verrons bien très rapidement…
 
Cordialement,
Ivanna Pinyak

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