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xa 10 février 2010 18:12

"il peut aussi emprunter à des banques auquel cas il y a création monétaire.« 

Non. L’Etat emprunte par émissoin de BTAN et d’OAT. Ce sont des titres qui sont achetés avec de l’argent.

Lorsqu’une banque achète un OAT elle le fait soit sur ses fonds propres (elle sécurise son tier one, par exemple), soit pour ses clients, sur leurs comptes épargnes. C’est donc toujours de l’argent existant.

Les collectivités locales, elles, font de l’emprunt bancaire classique.

 »Pour la partie épargne, si l’état ne fait plus d’emprunt où ira cette épargne ? Ne risque elle pas d’aller sur d’autres placements hors du circuit « réel » ? Auquel cas emprunt d’état ou pas cela ne change rien dans le monde réel si ce n’est que l’état devra trouver d’autres financements (hausse des prélèvements et/ou réduction des dépenses).« 

Oui. L’épargne des francais ira ailleurs, par exemple dans des fonds d’investissements pour PMI/PME (type FIP, FCPI, etc...), bref dans le financement d’entreprises. Pour l’épargne étragère, hormis les achats de titres d’Etat, elle est marginale. On peut penser que les étrangers placeront leur argent ... ailleurs, mais pas chez nous. Cela n’aurait que peu d’impact.

 »Oui et non, il y a aussi la cessation de paiement.« 

Pas vraiment. La cessation de paiement entraine de facto une inflation : le pays est victime de manque de confiance, sa monnaie ne vaut plus rien à l’étranger. C’est ce qui s’est passé avec l’Argentine.

Les pays détenteurs de la dette ont passé par perte et profits cette dette non remboursable, mais c’est jouable pour un pays pauvre. La France n’est pas un pays pauvre, les créanciers voudront récupérer leur mise. Lorsque les étrangers détenteurs de notre dette se verront en état de spoliation, à votre avis que se passera-t-il ?

On ne peut pas se déclarer en cessation de paiement. Il faut le devenir, c’est à dire ne pas pouvoir payer les intérêts ET n’avoir aucun bien intéressant nos créanciers. Est-ce le cas ?

 »Pour l’inflation celle-ci ne fait pas forcément « payer » l’économie. En tout cas je ne suis pas sur que les effets pervers de l’inflation soient aussi coûteux que la dette. Il y en avait dans les 30 glorieuses et l’économie marchait bien."

Il faut remettre les choses dans leur contexte. L’inflation des années 50 va de paire avec une absence de capital des francais et une forte croissance en raison de la reconstruction du pays. Le côté relativement peu douloureux de l’inflation à cette époque, c’est qu’il n’y a pas d’épargne qui part en fumée. Ce n’est plus le cas.

Qu’est-ce que l’inflation ? C’est avant tout une perte de valeur de la monnaie : 1 euro aujourd’hui = une baguette de pain. dans 10 ans, avec l’inflation, l’euro que vous mettez de côté vaudra ... un quignon de pain.

L’inflation rogne les économies et favorise les débiteurs. Mais l’inflation tue d’abord les petits patrimoines, les classes moyennes, qui voient la valeur de leur épargne fondre comme neige au soleil. Les gros patrimoines perdent beaucoup, mais ils leur restent quelque chose à la fin.

Ca a un coût sur l’économie.

"C’est donc encore pire puisque celle-ci baissait avant 1973 (même si un partie de cette baisse est due à l’inflation).« 

Oui. Avant 73, la dette était gérée :
- par la croissance qui facilitait l’équilibre budgétaire
- par l’inflation (qui va de paire avec la croissance) qui fait que chaque franc versé en remboursement en année N vaut moins que le franc emprunté en année N-1
- par la limitation des emprunts aux nécessités du moment.

Ca s’est gâté par la suite.

 »Je ne comprend pas, on dévalue la monnaie pour compenser sa faiblesse ?« 

C’est la création du nouveau franc, valant 100 anciens francs. Le franc avait perdu de sa superbe avec la guerre. Il fallait quelques centaines de francs pour acheter un bien de consommation ultra-courant. En divisant le nominal par 100, on a fabriqué une monnaie en apparence cent fois plus forte : il ne fallait que quelques francs nouveaux pour acheter le même bien.

Mathématiquement ca ne change rien (d’ailleurs, les anciens continuent de parler en centimes ou anciens francs), mais en terme de valeur, ca change tout. La valeur de la monnaie, c’est de la confiance ... donc de l’apparence.

 »Si on avait traité le pb début 90’ signifie en gros « ne plus emprunter ». « 

Non. Ca signifiait réfléchir au financement des mesures au lieu de se dire »il suffit d’emprunter« . Il fallait dégager 15 milliards en 90 pour enrayer la spirale d’endettement. Maintenant, il en faut 50. Le PIB n’a fait que doublé, lui.

 »Il est vrai que l’état n’aurait pas du recourir à l’emprunt pour les dépenses courantes mais même sans cela le poid de la dette ne ferait qu’augmenter.« 

La dette ne fait qu’augmenter PARCE QUE l’Etat emprunte pour ses dépenses courantes. Payer les intérêts de sa dette EST une dépense courante qu’un Etat, comme un particulier, doit assumer sur ses deniers propres.

Vous ne payez pas votre emprunt immobilier en réempruntant le montant des mensualités. C’est pourtant ce que fait l’Etat.

Un Etat sérieux emprunte pour une raison précise, puis assume les remboursements de ses emprunts sur son budget. C’est ce que préconisaient et faisaient les présidents et ministres des années 50 à 80.

 »-L’état a versé environ 1300Mds d’euros d’intérêts depuis 1973 ce qui signifie bien qu’en restant dans l’ancien système la dette serait de 200mds aujourd’hui ? Cela signifie bien que l’état n’a pas été plus mal géré depuis 1973 qu’avant non ?"

Vous remélangez les torchons et les serviettes.

L’Etat a versé 1300 milliards en intérêts, oui. Il a aussi sorti 4000 milliards en remboursement de dettes. Et il a réemprunté, en cumulé, un peu plus que les deux réunis.

L’Etat est moins bien géré parce qu’il n’a pas intégré dans ses dépenses courantes les intérêts de ses dettes, et continuer à gérer ses dépenses comme s’il n’y avait pas besoin de payer ces intérêts.

Regardez les années 80-90. 75% du déficit n’est pas justifiable par les intérêts. Il y a eu des phases de crise, oui. Mais sommes nous en crise depuis 80 ?

L’Etat a donc délibérément choisi de pratiquer cet effet boule de neige. Et il a délibérément choisi de ne pas traiter le problème depuis 20 ans. Encore une fois, en 90, pour gérer le problème, il fallait dégager 15 milliards par an. Aujourd’hui, il faut en dégager 50 ou plus, soit 3x plus. Pourtant le PIB n’a que doublé sur cette période.

Le canada pour régler son problème dès le début des années 90 (bien avant que ses ressources pétrolières ne lui permettent de régler le problème par la vente de son pétrole non rentable à l’époque) a choisi une voie simpliste : chaque ministre faisait 4 projets, avec chiffrage des besoins financiers, et un seul de ces 4 projets était financé.

Bref, au lieu de soupoudrer 1 milliard par ci par là sans effet réel sur l’économie, ils mettaient directement 3 ou 4 milliards sur 1 projet avec un effet visible et idéalement un retour sur investissement.

La Suède a fait des choix de fiscalité : financement par l’impot, imposition de tous, cotisations essentiellement salariales. Et une politique de développement du service rendu par l’Etat via des améliorations de la capacité de service de l’Etat. Bref, que l’Etat rende des services de qualité, et prélève de quoi financer ces services de qualité. Le Danemark a suivi cette voie aussi.


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