Ici il y a un plan B
Les conditions de la paix
La première condition de la paix est de changer radicalement de point
de vue. On ne peut partir de l’Afghanistan et aboutir à la paix ; il
faut partir de l’ensemble de la région, dont l’Afghanistan est
l’épicentre, pour parvenir à une politique de paix de grande envergure,
la seule qui puisse durer. Cette politique doit impliquer toutes les
parties prenantes de la région : une Loya Jirga (ou grande assemblée)
qui doit inclure les principales forces politiques afghanes, les forces
de la coalition (FIAS), le Pakistan, l’Inde, l’Iran, la Russie et la
Chine, qui vient d’investir dans la mine de cuivre d’Aynak.
Là doit être définie une politique de développement mutuel, fondée
sur de grands projets d’intérêt commun, l’acceptation de certaines
réformes sociales, concernant notamment l’éducation et le statut des
femmes, et l’éradication de la culture et du trafic de drogue. Les
projets devront être définis et organisés en commun, y compris celui de
l’accès au nucléaire civil pour fournir à toute la région les moyens
énergétiques de son développement.
Il est clair qu’un certain nombre d’engagements devront être pris :
lutte de tous contre le trafic de drogue, organisation des cultures de
substitution, abandon par le gouvernement américain de la sous-traitance
d’une partie de la sécurité à des agences privées, renoncement par les
talibans parties prenantes de l’accord à tout soutien au terrorisme, que
ce soit d’Al-Qaida ou de tout autre, accords de non agression entre
Inde, Pakistan et Iran.
Evidemment, nous dira-t-on, vous rêvez ! Vous décrivez des conditions
idéales dans une région où rien ne l’est. Cette affirmation a un
certain poids. Il faut en effet ajouter quelque chose.
Une telle démarche ne sera possible que dans le cadre d’un nouvel
ordre international basé sur le crédit productif public, et non sur
l’impérialisme monétariste de la City et de Wall Street. Il faut de
l’argent pour les grands projets ; or, dans l’ordre monétariste actuel,
il dérive vers les spéculations à court terme sur des actifs existants,
sans irriguer l’économie productive ou l’équipement de l’homme et de la
nature.