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Maldoror Maldoror 4 mars 2010 17:27

(...)
La suite des évènements est logique : l’implosion de la bulle des « subprimes » contamine, par le biais de la titrisation, l’ensemble du système financier. Les banques sont de plus en plus réticentes à se prêter mutuellement de l’argent, chacune pariant sur la faillite des autres, et petit à petit, les institutions financières américaines se trouvent, une à une, entraînées dans le krach...
En mars 2008, Bear Sterns, une des principales banques d’affaire américaine, est au bord de la faillite. La FED organise son sauvetage en catastrophe. La cause de la quasi-faillite de Bear Sterns ? Des provisions énormes pour couvrir les créances irrécouvrables liées aux « subprimes » puis un jeu spéculatif, quand certains acteurs ayant parié que Bear Sterns allait faire faillite, en ont retiré leurs capitaux (prédiction auto-réalisatrice).
Pendant l’été 2008, le gouvernement américain est obligé de sauver, par une quasi renationalisation, les rehausseurs de crédit Fanny Mae et Freddy Mac (schématiquement, les entités en charge d’assurer en dernier ressort les prêts hypothécaires).
En septembre 2008, deux autres banques sont au bord de la faillite : Merril Lynch et Lehman Brothers. Les autorités vont encore organiser le sauvetage de Merrill Lynch par Bank of America (dès lors surchargée d’actifs pourris) et peu après, l’État américain sauvera l’assureur AIG pour la coquette somme de 85 milliards de dollars.
Et pourtant, une banque d’affaires, Lehman Brothers, va être abandonnée à son sort.
Or ce qui est intéressant à observer, c’est que cette banque aurait pu être sauvée. Ce n’était ni la banque la plus coûteuse à racheter, ni celle présentant la structure de bilan la plus désastreuse (en tout cas tant qu’on ne plonge pas dans le détail des comptes).
(...)
Même si, à l’été 2008, les comptables de LB avaient « oublié » de signaler quelques 3 ou 4 milliards supplémentaires (tout le monde peut se tromper !), force est de constater que le sauvetage de cette petite banque n’aurait pas coûté très cher, par rapport à celui de Merril Lynch, ou encore par rapport à celui (qui vint ensuite) de Citigroup. L’exposition de Lehman n’était pas particulièrement forte et il aurait suffi d’injecter quelques milliards de dollars pour sauver cette compagnie. Compte tenu des montants dégagés ensuite par les plans de sauvetage successifs, c’était une goutte d’eau.

D’où l’inévitable question : pourquoi la FED, qui avait sauvé Bear Sterns et qui, par la suite, sauva le système dans son ensemble, a-t-elle laissé tomber Lehman Brothers ?

A cette question, la réponse officielle est que Lehman ne pouvait fournir, à côté de ses actifs pourris à reprendre par un sauveteur quelconque, d’actifs sains permettant de garantir la viabilité finale de son bilan. Mouais. Vu ce que nous savons par ailleurs (...), il ne semble pas que les autres banques d’affaires américaines aient pu, de leur côté, présenter des comptes « sains » renvoyant « l’image fidèle » d’une structure de bilan solide.
Alors pourquoi Lehman Brothers ?
Je n’ai pas la preuve de ce que je vais avancer ici, mais voici ma thèse : l’oligarchie financière a décidé de créer un choc pour conditionner l’opinion, en vue de débloquer ensuite les "plans de sauvetage" bancaires qui ont permis, en toute simplicité, de reporter les dettes sur les Etats, et donc en dernière analyse vers les contribuables. La faillite de Lehman, en provoquant une énorme onde de choc à travers le système financier mondial, a placé les dirigeants politiques devant un choix cornélien : ou bien laisser tomber les banques, et voir l’ensemble du système de l’argent s’effondrer (et avec lui toute la structure sociale), ou sauver les banques, coûte que coûte. Lehman Brothers, la plus petite des banques d’affaires US, a donc été pour l’oligarchie financière un pion sacrifié. Et l’on remarquera au passage que le Secrétaire au Trésor qui a décidé ce sacrifice, Henri Paulson, est un ancien employé d’une concurrente de Lehman, Goldman Sachs."

Michel Drac dans « Crise ou coup d’Etat ? »
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/interview-de-michel-drac-auteur-de-65625


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