La prison est l’envers du décor qui révèle que la sanction en France n’a rien à voir avec la liberté du coupable ou présumé tel, au nom de laquelle pourtant on le condamne en tant que responsable de son acte délictueux ou criminel, mais tout avec la vengeance et/ou le droit de la guerre : il faut tuer ou faire souffrir et humilier celui qui a fait souffrir pour que la victime et, à travers elle la société toute entière, se sentent réparées de la souffrance subie par la souffrance du condamné et/ou du vaincu.
Le justice fonctionne donc comme substitut de la violence sociale retournée contre le bous-émmissaire qu’est le prisonnier et non comme un moyen de faire que le prisonnier puisse se libérer de sa faute.
Mais il est bon que L’Europe donne une leçon de justice à la France, ce en quoi elle n’est certainement pas un simple marché commun, mais aussi et même davantage un espace de droit ; ce que la France a du mal à comprendre derrière ses rodomontades républicaines et l’idée fausse qu’elle serait la patrie originaire des droits de l’homme.
La cause profonde me semble tenir au fait que, contrairement aux pays anglo-saxons et nordiques, le modèle républicain français soumet l’individu et ses droits au droit régalien de l’état, incarnation transcendante de la volonté générale, et comme Rousseau considère qu’il faut forcer les hommes à être libres et faire du coupable ou présumé tel un ennemi mortel et définitif de la société. Rousseau justifie par là la peine de mort.
République impériale dont la souveraineté est sans limite et donc plus ou moins divinisée dès lors qu’elle s’estime le droit d’envoyer des hommes en enfer au nom de Bien absolu, ou république démocratique soucieuse des droits des individus contre l’état, le débat depuis le XIXème siècle en Europe est bien là : entre le libéralisme et une vision religieuse de l’état tout puissant.
Le rasoir philosophique