Une autre analyse ... : (extrait) :
« Marchés euphoriques », a titré à sa Une le quotidien économique La
Tribune, le 11 mai. Même ton pour Libération qui a parlé des « Bourses
euphoriques ». Euphoriques, les « marchés », en fait les
banquiers et les spéculateurs de haut vol, peuvent l’être : l’Union
européenne leur offre 750 milliards d’euros. Pas étonnant que, au
lendemain de la signature de ce plan, les actions des grandes
banques aient augmenté de 20 à 25 %.
Les « marchés » pavoisent. Et ils ont de quoi, eux qui depuis des mois,
sinon des années, parient sur la banqueroute des finances publiques de
certains pays (Grèce, Portugal, Espagne...). Pour
boucler leurs fins de mois, ces États en sont réduits à accepter les
taux de crédit usuraires de ces banques. Ensuite, déstabiliser des pays
de la zone euro a provoqué la chute importante de leur
monnaie commune, ouvrant ainsi aux financiers un boulevard de
spéculation sur les monnaies. Enfin la situation ainsi créée, menaçant
de faire exploser l’eurozone, voire cette Union que les
bourgeoisies d’Europe ont eu tant de mal à mettre sur pied, a acculé
l’Union européenne à sortir son chéquier.
Elle a donc signé pour 500 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 250
autres du Fonds monétaire international (FMI), le tout avec la garantie
de la quasi-totalité de l’Union européenne, dont deux des
cinq premières puissances mondiales, l’Allemagne et la France.
Ainsi, l’Europe va prêter à certains de ses membres de quoi satisfaire
les financiers qui les ont mis à genoux. En prime, la Banque centrale
européenne (BCE) a donné son accord pour racheter aux
banques les emprunts d’État ne valant plus grand-chose qu’elles
détiennent, contrepartie de leur spéculation sur la dette grecque,
espagnole, italienne, anglaise, française ou autre.
Aux États-Unis, les institutions fédérales avaient, au plus fort de la
crise sur les « subprimes » de 2007, racheté aux banques leurs titres
spéculatifs dévalués, ce qui les avait sauvées de la
faillite. La BCE va, pour la même raison, permettre à ses banques de
faire le ménage. En même temps, elles pourront prélever leur dîme sur
toute l’opération, puisque c’est à elles que l’Europe et le
FMI vont s’adresser pour financer leur « plan de sauvetage ».
Dans le même temps, on présentera l’addition de ce racket gigantesque,
comme on l’a vu en Grèce, aux travailleurs, chômeurs, retraités...
alors qu’ils ne sont pour rien dans la crise.
En France, Fillon a beau refuser le mot « austérité », c’est d’une
nouvelle attaque généralisée contre les citoyens qu’il
s’agit.
Les capitalistes et les banquiers préfèrent de plus en plus mettre leur
argent dans la spéculation financière, au profit immédiat et en fait
sans risque. La spéculation sur la dette des États en fait
partie. Et ils se tournent vers les États en leur faisant le chantage
suivant : ou vous nous donnez directement tout ce que nous voulons, ou
nous vous acculons à la faillite. Et cela marche, on vient
d’en avoir la preuve !
(...)