»Le régime des parlementaires paraît assurément le plus spécial
de tous les régimes spéciaux. Sa spécificité ? Un rendement
sans équivalent qui va de un à 6, alors qu’il se situe entre 1
et 1,5 dans le régime général. En clair, par rapport au montant des
cotisations qu’il aura versées pendant toute son activité, le
parlementaire, à la retraite, touchera six fois sa mise. Pas
étonnant, avec un tel rendement, que les députés s’astreignent à cotiser
double, au taux de 16.6%, (1 153 euros par mois) pendant les
trois premiers mandats, puis une fois et demie pendant les 5 années
suivantes. Cela leur permet de toucher une retraite à taux plein, après
seulement 22,5 ans de cotisation. A 60 ans, quand l’heure de la
retraite sonne, ils engrangeront, 1 548 euros par mois - le
montant de la retraite moyenne perçue par un retraité du privé après une
carrière complète (40 annuités)- pour
un mandat (5 ans), 3 096 euros pour 2 mandats, 4 644 euros
pour trois avec un maximum de 6 192 euros. Ainsi un député qui a exercé
deux mandats et qui prend sa retraite à 60 ans, avec une espérance de 20
ans touchera, au total, 743 000 euros de pension alors qu’il n’aura
versé que137 160 euros de cotisation. De quoi voir venir !
En ce qui concerne les sénateurs, cette possibilité
de cotiser double est facultative mais, bien évidemment, ils ont tout
intérêt à la mettre en oeuvre dans la mesure où cela leur permettra de
toucher, à partir de l’âge de 60 ans, 1 857 euros mensuels après un
seul mandat de 6 ans..
Et comment est financée cette juteuse
retraite ?
Questionnés sur ce sujet, bon nombre de députés ont
l’air plutôt embrumés sur le sujet. « C’est de la capitalisation
pure » a t-on entendu, encore récemment sur les ondes. Leur
ignorance est consternante…
Créée en 1904, la caisse de pension des députés est
alimentée par une cotisation des élus et abondée par l’Etat, via une
subvention inscrite au budget de l’Etat. Point de réserves, elle
fonctionne en répartition pure. Les cotisations ne couvrent que 43 % des
dépenses ; c’est le contribuable qui paie la différence et a dû
débourser ainsi quelque 38 millions d’euros en 2006.
A ne pas confondre avec la caisse de retraite des
sénateurs, qui, depuis sa création, pratique un système mixte entre
répartition et capitalisation et utilise les revenus des capitaux pour
payer une partie de ses pensions. Elle est aujourd’hui dotée
d’abondantes réserves.
Côté pension de réversion (fraction
de pension que touche la veuve au décès de son époux), ce n’est pas mal
non plus. Celle-ci se monte à 66%, sans conditions de ressources.
Enfin, cerise sur le gâteau, le parlementaire a la
possibilité de cumuler plusieurs retraites liées à sa
profession ou aux autres mandats qu’il a exercés : retraite de maire, de
conseiller régional ou régional, de fonctionnaire, etc… Il pourra ainsi
« empiler » les pensions de plusieurs régimes spéciaux. Plus de 80% des
parlementaires sont des cumulards...
« Rien d’étonnant à ce que notre régime soit
favorable » rappelait Yvette Roudy, député du Calvados, interviewée
par Marianne ,« c’est nous qui le faisons » Difficile, dès
lors, de ne pas vouloir tout faire pour que rien ne change !"
Sans commentaires......