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mi2nmi 11 août 2010 03:32

Extrait d’un Article écrit par Diana JOHNSTONE

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La “Loi Gayssot” et la religion d’état

Personne ne pouvait être pleinement conscient à l’époque, au début des années 1980, de jusqu’où mènerait “l’affaire Faurisson”. Le scandale suscité par le professeur de littérature qui entreprit de contester la réalité de l’utilisation des chambres à gaz pour exterminer les juifs dans les camps nazis s’est avéré être un moment clé dans un processus qui a mené à l’établissement du génocide des juifs, sous la désignation de “Shoah”, comme religion de mémoire et de pénitence, promue au statut de dogme officiel.

Loin de suivre vos conseils, en juillet 1990, l’Assemblée nationale adopta un amendement à la loi de 1881 sur la liberté de la presse appelé la loi Gayssot, d’après le nom du membre du Parti communiste qui l’avait introduit. Selon cet amendement, seront punis “ceux qui auront contesté [ …] l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité, tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international” de Nuremberg, commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle par ce statut, “soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale”.

En général, cette loi a été appliquée à des personnes qui ne contestent pas l’existence en soi des crimes qu’elle mentionne, mais plutôt leur étendue et surtout l’utilisation des chambres de gaz. Par ailleurs, la loi a été utilisée contre des personnes qui, à cause de leur orientation politique, sont soupçonnées de sentiments antisémites cachés. Telles furent les poursuites contre Bruno Gollnisch, numéro deux (à l’époque) du Front National. Le seul tort de Gollnisch, professeur à l’Université de Lyon et spécialiste du Japon, consista à répondre à une question sur la Shoah posée par un journaliste, en disant que cela relevait du travail des historiens spécialistes en la matière et que ceux-ci devaient travailler librement. La cour de cassation a fini par casser sans renvoi les condamnations antérieures de Gollnisch, mais, en attendant, il fut suspendu de son poste universitaire pendant cinq ans.

Ce genre de loi a des effets qui dépassent de loin son application immédiate.

D’abord, la Loi Gayssot a contribué à la sacralisation de la Shoah, qui est traitée de moins en moins comme un évènement historique et de plus en plus comme un dogme sacré. Dans un Etat laïc, où la religion est exclue de l’école de la République, seule la Shoah exige l’adhésion mentale et émotionnelle réservée traditionnellement à la religion. Sa place dans les programmes scolaires empiète de plus en plus sur l’enseignement de l’histoire profane.

Jadis, les crimes nazis étaient enseignés comme des crimes contre l’humanité en général, mais au fur et à mesure que l’identification des victimes s’est focalisée sur les juifs, l’effet implicite en a été de diviser les enfants entre les descendants des victimes, les juifs, et tous les autres, dont l’innocence est moins évidente. On assiste ainsi à un curieux renversement de la stigmatisation médiévale des juifs en tant que “peuple déicide”. Aujourd’hui, les non-juifs sont dans la position désagréable d’être descendants des “tueurs de juifs”, ou du moins de ceux qui n’ont pas sauvé les enfants juifs déportés à Auschwitz.

Un effet inévitable de cette évolution est d’encourager les autres communautés ethniques à mettre en valeur leur propre statut de victimes historiques, surtout en cas de “génocide”. Des Africains, Arméniens, Musulmans et autres peuvent avoir le sentiment que les tragédies de leurs ancêtres méritent un respect et des commémorations comparables. Cette valorisation de l’état collectif de victime peut mener à des extensions de la loi Gayssot, ou de la loi antérieure réprimant l’incitation à la haine raciale, ce qui amènerait à poursuivre toute personne qui considère le terme “génocide” comme inapproprié pour caractériser des évènements tragiques en Ukraine, Arménie, Bosnie, etc.

Transformer l’histoire en objet de vénération plutôt que de curiosité marque une régression subtile mais grave des valeurs laïques de libre examen. Cela contribue à créer une ambiance d’auto-censure, de “politiquement correct”, qui favorise la timidité plutôt que l’audace intellectuelle. L’effet en est également d’endoctriner les enfants dans la vision du monde des trois V, où le Victorieux Sauveur est représenté par les Etats-Unis, et où la France n’est qu’un spectateur passif semi-coupable.

http://www.legrandsoir.info/Lettre-Ouverte-a-Noam-Chomsky-suite-a-sa-visite-a-Paris-Counterpunch.html


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