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Causette Causette 18 août 2010 23:30

Les agneaux du seigneur de Yasmina Khadra
éditions Julliard Poket 1998
extrait

Intrigué par l’attroupement devant la mosquée, un montagnard descend de son âne et s’approche d’un jeune homme absorbé par les affiches que les intégristes ont placardées sur le mur du sanctuaire.
- Qu’est-ce qu’il y a sur ces feuilles ?
Zane tord le cou pour localiser le montagnard, un vieillard avec une figure de momie et des mains grandes et rêches.
- ça, dit le nain en montrant l’affiche de gauche, c’est la liste du gros lot. Et ça, c’est celle des gagnants à la loterie.
- Ah, fait le montagnard sans comprendre.

Sur l’affiche de gauche, l’avis commence par un hadith certifié et recense les pratiques que les fidèles doivent absolument proscrire. On note, outre les tabous originels, les péchés modernes tels le bain maure, la musique, la pratique de la voyance, la consommation de tabac, la lecture et la vente de la presse, l’antenne parabolique, les jeux de hasard, les plages, etc.

Sur l’affiche de droite , après un verser coranique griffonné d’une écriture malhabile, s’étale la liste des personnes assassinées par les intégristes et les raisons qui ont motivé leur exécution. A côté des noms, on a souligné taghout, renégat, harki, hostile.

La tuerie dure depuis deux ans déjà. Après les « sbires » du Pouvoir, leurs collaborateurs et les récalcitrants, la barbarie déploie ses tentacules un peu partout. Des fellahs, des instituteurs, des bergers, des veilleurs de nuit, des enfants sont exécutés avec une rare bestialité. Les gens commencent à trouver de moins en moins de témérité rocambolesque aux agissements des islamistes.

On s’aperçoit que ce sont toujours les misérables que l’on tue, que plus personne n’est vraiment à l’abri. Des fillettes sont enlevées, violées et dépecées dans les bois. Des garçons sont recrutés de force, endoctrinés. Les boutiquiers sont rackettés. Les oisifs sont enrôlés à leur insu. Ils deviennent d’abord guetteurs, puis receleurs, enfin sans crier gare, ils se réveillent avec un fusil dans les bras. Le temps de réaliser ce qui leur arrive, trop tard : leur doigt a déjà appuyé sur la détente.



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