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tire_d’aile (---.---.205.176) 16 mars 2006 18:40

Société bloquée vous dites. Cela fait plus d’une décennie qu’on nous dit que la société française est bloquée. Mais bloquée, pour qui, pour quoi ?! Il n’y a encore pas si longtemps, la croissance économique à elle seule devait assurer l’enrichissement de tous. Un Raymond Barre pouvait encore nous assurer doctement que la « sortie du tunnel » (de la crise) était en vue. Tout un monde politico-économique tiens désormais pour acquis, sans le clamer bien entendu, électorat oblige, la nécessaire inégalité des conditions économiques. En réalité, dans le train à grande vitesse de la libéralisation économique tous azimuts et sans parachute, des pans entiers de la société française sont passés , de la seconde classe à la troisième classe, tandis que ceux qui étaient déjà en première se sont encore enrichis, toujours plus ! ( et qu’on ne nous dise pas que la dernière réforme de la fiscalité favorisera les classes moyennes alors que les premiers bénéficiaires sont encore et toujours les « première classe » !) Si le CPE et le CNE crèeront des emplois, ce qui reste à prouver, ils ne demeureuront jamais qu’un épiphénomène propre à masquer un monde du travail (ne parlons plus de marché du travail sans arrêt l’homme se ne marchande pas !) pronfondément dégradé, où le rapport de forces a basculé largement en faveur des employeurs, meilleurs soutiens des politiciens qui nous gouvernent (aujourd’hui à droite mais hélas aussi du temps de la gauche, quand cette dernière était séduite (mais ne l’est-elle pas encore faute de s’assumer réellement à gauche) par l’idéologie néo-libérale. Ou la précarité organisée est l’un des moyens pour assurer une atomisation toujours plus poussée de la société au profit d’un populisme capitaliste qui n’a plus d’autre ressources pour mobiliser les « citoyens-consommateurs » que de créer un climat d’incertitude tel que toute préoccupation et revendications pour une société simplement plus humaine, où l’homme est la mesure des choses et non pas seulement une économie qui est à elle-même sa propre fin, finisse pas sembler incongru et impensable même, alors que la période que nous vivions n’est qu’un moment de l’histoire, un age de fer, comme un retour au dix-neuvième siècle, lequel bien entendu concerne d’ailleurs non pas seulement notre hexagone mais l’organisation économique actuelle du monde dont il faudra bien un jour revoir les tenants et aboutissants, faute de quoi nous devrons passer à terme par de graves crises écologiques. D’aucuns diront, entre CPE, CNE et écologie, aucun rapport ! Mais si justement, tout se tient. C’est de la démobilisation politique (en dehors des crises) entretenue par la précarité organisée, que nait la folle fuite en avant d’un capitalisme débridé, sans vergogne, qui enrichit une minorité et saccage notre belle planète, et aussi la vie de millions d’êtres humains sans ressources là-bas et immergés dans une pseudo-culture médiatique et éphémère qui fait le jeu des puissants, ici. Ce dernier mot a son air de lutte des classes mais je n’en vois pas d’autres. Le monde est très inégalitaire, c’est un fait. Il est vrai que chacun par son comportement, ses habitudes de consommation, contribue à la perpétuation du système, mais, comme aurait dit, feu M. Orwell, certains sont plus égaux que d’autres, devant leur responsabilité vis à vis de l’état du monde comme il va. Bref, la guerre économique fait rage, faisons en sorte qu’elle s’achève plus rapidement, non pas la victoire d’un camp sur l’autre — ce qui nous ramènerait au totalitarisme — mais par une remise en cause du système telle, qu’il n’y aura plus de raison qu’elle ait lieu. Continuons donc les luttes sociales mais en faisant l’effort intellectuel pour repenser le monde d’aujoud’hui. Et d’ailleurs il y a beaucoup d’ouvrages sur la question pour qui veut bien prendre un peu de son temps pour s’y plonger, entrapercevoir des alternatives ! Le capitalisme libéral n’est-il pas d’ailleurs au départ, lui aussi, une utopie (voir « Le grand bond en arrière » de Serge Halimi), qui s’est réalisée, et qui n’en finit pas de produire des effets, du plus mauvais effet !


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