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Jordi Grau J. GRAU 26 août 2010 14:37


Vous posez une très bonne question Annie : « Seulement voilà, en attendant la révolution, l’abolition des classes sociales etc. que fait-on ? »

Question difficile, aussi, à laquelle je n’ai pas de réponses entièrement satisfaisantes. Voici quelques réflexions, en vrac :

- Certes, on n’est pas obligé d’attendre le Grand Soir pour mener des réformes. Mais l’expérience historique semble montrer que les réformes seront d’autant plus profondes que les élites se sentent menacées par une révolution. Pourquoi Bismark, dans les années 1880, a-t-il créé les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui l’Etat providence ? Certainement pas à cause de ses idées, qui étaient conservatrices. C’était pour couper l’herbe sous le pied aux sociaux-démocrates, qui à l’époque étaient encore marxistes. Même remarque pour les gouvernements d’Europe occidentale à la fin de la seconde guerre mondiale.

- Pour diminuer l’écart entre les classes sociales, des réformes sont possibles, qui sont beaucoup plus efficaces que les mesures de discrimination positive (ou « action affirmative » pour reprendre le vocable américain). Exemple : une redistribution des richesses par l’impôt et les cotisations sociales. Les pays scandinaves sont nettement plus égalitaires que la France, et je ne sache pas qu’ils soient dirigés par des staliniens. Seulement, ils ont un taux de prélèvement obligatoire qui est supérieur. Ils ont également un écart moindre entre les salaires.

- Les discriminations que subissent les femmes, les noirs ou les arabes ne sont pas uniquement liées à des problèmes de classes sociales. A ce titre, elles doivent faire l’objet de luttes spécifiques. Mais ces luttes ne passent pas forcément par des mesures de discrimination positive. On peut, notamment, mettre en place des procédures de recrutement à l’aveugle - exemple : recruter des musiciens d’orchestre en les faisant jouer derrière un paravent.

- Les premières victimes des discriminations sexistes, raciales ou ethniques sont d’abord issues des classes populaires, pour des raisons historiques assez bien connues. Diminuer les inégalités de classe est donc, indirectement, rendre service aux femmes, aux noirs, aux arabes et à d’autres groupes défavorisés. 

- Je ne suis pas nécessairement contre les mesures de discrimination positive, à condition qu’elles durent peu de temps et aient un effet de catalyseur. Si elles perdurent, alors elles donnent l’impression que les défavorisés sont en réalité favorisés, ce qui est contreproductif.


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