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bluebeer bluebeer 14 septembre 2010 22:27

Bonsoir à tous.

Chaque fois que l’on parle des Etats-Unis sur ce site, j’ai l’impression qu’on mélange deux réalités très différentes.

L’Amérique du citoyen moyen, de John Doe, est fondamentalement assez proche de l’Europe de Schmidt ou de Dupond. Même préoccupations de base, même souci de trouver et de conserver un job, d’envoyer ses gosses à l’école, de nouer les deux bouts, de se payer un peu de bon temps. Leur approche est simplement beaucoup plus individualiste, prompte au déracinement et à la migration vers d’autres cieux. Ils vénèrent l’esprit d’initiative, se méfient de l’intellectualisme, détestent l’ingérence dans leur vie privée. Pour eux, le modèle sociétal américain est pratiquement parfait, et il n’y a d’autre endroit au monde qu’ils puissent envier. Cette Amérique là n’a rien d’impérialiste ou d’hégémonique. Ils sont le paradis, et ils prétendent juste le défendre contre l’extérieur. Point.

Puis il y a l’Amérique plus ou moins occulte du pouvoir financier, des grandes multinationales, des corporations. Celle-là tient les rênes, gouverne le gouvernement, impose sa loi, sa politique extérieure, ses choix stratégiques. A un certains niveau, tous les responsables politiques américains siègent ou ont siégé dans le conseil d’administration des grandes corporations. Tous ces responsables entretiennent une collusion étroite avec le monde de la finance et des affaires. Tous sont en situation flagrante de ce que nous appellerions ici un conflit d’intérêt, mais que tout le monde là-bas accepte parce qu’il est normal et cohérent dans leur vision de la justice sociale qu’un homme de pouvoir et de talent accède à la fortune pécuniaire. De la même manière, le jeu américain est de faire beaucoup d’argent, ceux qui y sont parvenu ont du talent, et ils méritent donc d’influencer la marche de la nation. C’est en gros le raisonnement simpliste, et implicite, qui prévaut au sein de la population, et qui autorise le monde la finance à régner sans partage sur la nation, et sur le monde.

L’Amérique, en tant que première nation triomphante, est en déclin. D’une part parce qu’elle a bradé son industrie et sa capacité d’innovation en les délocalisant sous une logique de mondialisation économique et de profit direct. Ceux qui ont hérité de ces capacités, et principalement la Chine, ont pris plusieurs longueurs d’avance et ne rétrocèderont jamais ce privilège aux américains. D’autre part parce que la haute finance américaine s’adapte, et précisément, s’est mondialisée. Les dirigeants des grandes entreprises, des multinationales, des banques, ne sont pas patriotes ou nationalistes. Ils ne doivent pas faire vivre l’économie de leur pays, mais trouver le profit là où il se cache, n’importe où. S’ils doivent un jour faire migrer le siège de leurs activités, ils le feront. Leur lutte pour la suprématie économique, le monopole, n’est pas une lutte nationale. Disons que c’est une partie de monopoly à l’échelle de la planète.

Les Etats-Unis survivront sans doute en tant que grande nation, mais leur domination sur la scène internationale s’érode inexorablement. La question est : l’oligarchie financière doit-elle obligatoirement infiltrer et contrôler une nation dominante, ou peut-elle se répartir sur plusieurs états, dont elles prendraient progressivement le contrôle ? A l’heure actuelle, le modèle libéral triomphe virtuellement partout dans le monde. Son pouvoir est immense, sans partage. Y aura-t-il encore des nations, des communautés capables de s’y opposer efficacement, de bifurquer vers des modèles de société plus humains. Ça, c’est la question.


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