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Walid Haïdar 12 octobre 2010 17:20

Bonjour monsieur Branche.


content pour une fois de ne pas être d’accord avec vous. Je vois, en retrouvant Avox, qu’ils ont remplacé le douteux sondage « article intéressant ? » par le profondément stupide sondage « d’accord avec cet article ? ». Comme si en général ça avait un sens d’être oui ou non d’accord avec un texte de plusieurs dizaines voir centaines de phrases...

Mais bon, laissons aux décideurs leurs délires (fondons les nôtres ?).

Il y a une chose qui m’échappe chez vous, c’est que d’une part vous développez une pensée que je qualifierais de complexe, au sens où elle se défie des frontières imperméables et compose avec la diversité, sans s’alourdir, « s’inertiser » de trop de classifications simples, d’ordres absolus (je n’ai pas lu vos bouquins, justes parcouru quelques fois votre blog et vos articles Avoxiens, donc je peux me tromper).

Et d’autre part, vous tombez ici, de mon point de vue, dans une vérité un peu trop simple. Peut-être le fait de pourfendre un simplisme par un autre simplisme vous grise-t-il au point de ne pas sentir la trivialité de votre point de vue (sur cette question précise, car par ailleurs j’ai beaucoup de goût pour vos réflexions) ?

Le mot « inéluctable », que vous employez dans cet article, au moins implicitement, est rarement l’émanation d’un discours complexe. Mais en l’occurrence, il apparaît comme constitutionnel de votre point de vue sur la question de la mondialisation. Pour moi, cela est réducteur, surtout lorsqu’il s’agit d’une question anthropologique, et je serais ravi d’en discuter.

Dans votre texte, le complément de votre fatalisme relatif (au sens de l’inéluctabilité ci-dessus) semble être l’opposition triviale entre le nombrilisme nationaliste identitaire, et l’intégration dans les consciences de l’ouverture absolue au monde comme une loi naturelle et philanthropique si j’ose dire (« c’est comme ça et ça tombe bien »).

Trivialité de la fatalité+trivialité de l’opposition de deux conceptions=trivialité.

Pourquoi ne vous demandez-vous pas ce qui constitue la vérité du repli identitaire ? pensez-vous que tout cela est à 100% une bête réponse mécanique d’une partie un peu demeurée de la population à une sainte ouverture imposée par l’histoire ? qu’il n’y a qu’à attendre que ça passe, ou faire un peu de propagande pour abréger le processus (je taquine un peu) ?

Je me considère comme un citoyen du monde, mais ça c’est un attribut théorique (je n’ai pas dis insignifiant) que je porte. Cela ne veut pas dire que ma réalité, ma finitude, n’induit pas une réalité plus complexe de mon identité (mouvante), le fait par exemple que je connais mieux telle culture, que j’ai malgré moi une affinité particulière, un attachement particulier à certaines choses, qui relèvent de certaines origines (française souvent, libanaise ou sénégalaise parfois), et moins souvent d’autres origines. C’est cela la réalité, et même si certains considèrent qu’ils sont sentimentalement voire culturellement « isotropes » (ce qui doit être triste, si jamais c’est possible), la réalité est que ce n’est absolument pas le cas de la majorité des gens.

Ainsi, la réalité doit composer avec la réalité. Et parfois une réalité en domine une autre. La réalité des « nécessités » économiques doit-elle écraser celle des cultures et des sentiments ? La mondialisation n’est-elle pas en train de choisir dangereusement dans ce dilemme ? Peut-on faire l’économie d’un processus socio-culturelle sous la pression d’un agenda économique (si peu stratégique) ?

autant de question dont votre article fait l’économie justement.

Enfin, j’ouvre un champ d’apparence connexe de la problématique mais qui me paraît en fait central : un système naturel est un système complexe. Cette complexité est liée (entre autres) au fait que chaque objet renferme à une certaine échelle ou d’un certain point de vue, des relations ou entités mystérieuses. La société des hommes, c’est un objet sacrément complexe. Le fait est qu’elle tend de plus en plus à être déterminée par des macro-décisions, des macro-organismes. Que ces macros étouffent les opportunités d’émergence discordantes, de nouveaux modèles, mais elle étouffe, plus fondamentalement, les micro-émergences, et les mezzo-émergences éventuelles de ces micro-émergences, car celles-ci sont chahutées dans une arène mondiale totalisante*, ou doivent braver les arsenaux normatifs dits « d’harmonisation ».

La mondialisation, d’une part en étant hyper-macronormative, d’autre par en ne prenant pas soin du maillage nécessaire des émergences organisationnelles sur un éventail continue d’échelles de la société, n’est-elle pas homicide ? Comment garantir les émergences sans préserver des espaces plus ou moins fermés ?

La fermeture (autant que l’ouverture je crois) n’est-elle pas nécessaire pour préserver la vie de nos sociétés ?

Pour quelle articulation des souverainetés ?

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