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emile wolf 15 janvier 2011 19:13

Bonjour Jullien,

Vous l’aurez remarqué j’ai écrit « dans leur forme actuelle ».

Les fragments auxquels vous faites allusions sont notamment ceux de Jean de la Bibliothèque Rylands, de Matthieu d’Oxford et de l’évangile inconnu du British Museum. Ils sont constitués de quelques lignes écrites recto-verso sur du papyrus et, de ce fait, sont très probablement issus d’un « codex ».

Le codex se substitue au « rouleau », forme sous laquelle ont été retrouvés, dans des amphores, certains textes de la Mer Morte. Le codex présente l’avantage de constituer de cahiers reliés permettant d’écrire au recto et au verso des feuilles. Il est une adaptation des diptyques ou triptyques de l’antiquité une technique qui consistait à relier á l’aide de 2 anneaux deux ou trois tablettes de bois enduites, recto-verso, de cire sur lesquelles étaient gravé un texte.

Le codex naît vraisemblablement à Rome au premier siècle, il est constitué à l’aide de feuilles de parchemin pliées, découpées, insérées les unes dans les autres et maintenues grâce à une reliure constituée par un lacet de cuir.

Si le parchemin résiste au frottement résultant du feuilletage de l’ouvrage ainsi présenté, ce n’est pas le cas du papyrus plus fragile. L’Egypte dut donc attendre l’idée de recourir au fil pour disposer d’un système de reliure compatible et utilisa le codex de papyrus longtemps après celui de parchemin.

Les experts ne peuvent user de la datation au carbone 14 pour dater de tels fragments, ils recourent à la paléographie. Celle-ci consiste à analyser le support, l’écriture, la séparation des mots, la ponctuation si elle existe, la syntaxe la grammaire, etc... et à comparer ces critères à des textes datés ou que la teneur permet d’attribuer à une époque précise. La difficulté avec les écrits bibliques du Nouveau Testament et qu’ils sont tous rédigés sur des codex selon une norme définie et respectée des siècles durant ( lettres majuscules absence de ponctuation et de paragraphes, etc...). Il est donc excessivement difficile de dater avec précision un texte avec une telle méthode.

Ainsi le plus ancien et le plus complet des évangiles connus est celui de Jean de la collection Bodmer. Les premiers experts le datèrent du 3ème siècle, puis d’autres le rajeunir d’un siècle sans pour autant être plus convaincants. Comparé par M. Filson à un codex de la Collection Chester Beatty daté du 3ème ou 4ème siècle, il fut ainsi établi que, si les évangiles respectaient une norme formelle d’écriture, sur le fond leur texte n’était pas uniforme au 3ème siècle.

Cette observation est d’autant plus intéressante que l’achat par le Vatican, en 2007 pour une somme dépassant plusieurs millions, du codex P.75 de la collection Bodmer, présentant un très incomplet et peu connu évangile de Luc, laisse la porte ouverte aux spéculateurs de toute nature.

En effet si les privilégiés qui l’eurent sous les yeux confirment qu’il présente nombre de différences avec l’évangile connu aujourd’hui, ils n’en révèlent pas le détail. Ils ne confirment ni n’infirment l’affirmation de Grégoire de Tours à propos de Pilate  :« Un grand nombre croient qu’il était manichéen d’après ce qu’on lit dans l’évangile : »quelques-uns vinrent dire à Jésus ce qui s’était passé touchant les Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à ceux de leurs sacrifices." il s’agit ici du premier verset actuel du chapitre 13 de l’évangile de Luc. A quels sacrifices est-il ici fait allusion qui laisse présumer de l’appartenance manichéenne de Pilate ?


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