Que va-t-il se passer
quand la bulle va
éclater ? (…)Comme
toujours, les investisseurs
cesseront
brutalement leurs prêts. Mais cette fois-ci,
de grands Etats seront atteints (…).Nous rentrerons
alors dans un monde nouveau. Tellement
nouveau qu’il semble inconcevable
(…). Si le choc se produit, il sera d’une violence
inouïe. Il suffit de songer à ce qui se
passerait en France si les fonctionnaires
n’étaient pas payés pendant des mois (…).
Les gouvernants devraient alors très vite faire
un choix impossible. Soit ils impriment des
billets—mais c’est interdit dans la zone euro
(…).Soit ils ne bougent pas,prenant le risque
d’une dislocation totale des institutions publiques.
Soit ils resserrent l’Etat sur ses missions
régaliennes (justice et sécurité),en larguant
au privé des pans entiers d’activités
devenues largement publiques au fil des
siècles, comme l’éducation et la santé (…).
Ce scénario peut paraître incroyable. Mais
quelle est l’alternative ? Au bout du compte,
c’est la démocratie sous sa forme actuelle qui
risque de chavirer (…).La faillite à venir des
Etats modernes risque donc de submerger
non seulement l’économie,mais aussi la politique
(…). Le choc serait particulièrement
rude en France, où l’Etat constitue le socle
de la nation. »
C’est ainsi qu’un éminent spécialiste et
partisan de l’économie de marché détaille
le scénario de la faillite annoncée du pays,
de la misère généralisée et de l’effondrement
de la démocratie que prépare la crise
actuelle de la dette (Vittori, éditorialiste,
mensuel Enjeux Les Echos, janvier 2011).
C’est la marche à la barbarie qu’il dépeint.
Et cela dans un avenir proche.
Y a-t-il une alternative ? Non, prétend
Vittori. De son côté, Patrick Bessac, porte-parole
du Parti communiste français,déclare
ce 7 janvier : « Sortir de l’euro et de l’Union
européenne serait absolument désastreux
pour les travailleurs. » Tandis qu’Arnaud
Montebourg, dirigeant du Parti socialiste,
président de conseil général, n’hésite pas à
affirmer trois jours plus tard : « Les départements
sont en grave difficulté financière.
J’ai été obligé de prendre des décisions un
peu à la grecque,à la Papandréou, avec des
diminutions drastiques des dépenses et des
augmentations excessives des impôts pour
sauver mon département. Je me sens un
devoir de poursuivre cette œuvre. »
On le voit : refuser de rompre avec
l’Union européenne, la dette et son remboursement,
c’est s’engager sur une voie
qui conduit des responsables de « gauche »
à organiser eux-mêmes les mesures de destruction
dont Vittori indique qu’elles conduisent
à la barbarie.
Pas d’alternative ? Si. Cette alternative
a un point de départ : la rupture avec l’Union
européenne et l’euro, l’annulation de la
dette, le refus de tout consensus sur les plans
de rigueur et contre-réformes dictés par « la
nécessaire réduction des déficits publics ».
C’est la voie de la défense pied à pied
des droits, des garanties et des revendications
ouvrières. C’est la voie de la défense
et de la reconquête de la démocratie par la
rupture avec les institutions de l’Union européenne
et de la Ve République.