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beubeuh 28 janvier 2011 17:29

Cette théorie du complot me paraît un peu trop cousue de fil blanc pour être parfaitement exacte.

En revanche, ce que montre l’affaire Wikileaks, c’est finalement l’obsolescence des vieilles doctrines de protection de l’information, fondée sur une sécurisation des systèmes parfaitement illusoire. Elle montre également que la diffusion de ce genre d’informations ne porte pas forcément préjudice à ceux qui en sont à l’origine. Finalement, Wikileaks n’a fait qu’étaler sur la place publique ce qu’on savait déjà de manière officieuse, et les conspirationnistes en ont largement été pour leurs frais (en tout cas, si complot(s) il y a, ce n’est pas dans les chancelleries diplomatiques qu’ils se développent). On a beaucoup lu et entendu, au moment de la publication des câbles, que c’était un scandale de dévoiler les informations des démocraties alors que des dictatures restaient à l’abri de cette transparence. Les cas tunisiens et egyptiens montrent au contraire que ce sont les régimes autoritaires qui ont le plus à craindre de la publication de la vérité, d’où qu’elle vienne, les pays plus démocratiques ne risquent tout au plus quelques engueulades entre hauts fonctionnaires. Le jour, qui finira bien par arriver, où un wikileaks chinois verra le jour, ce sera une autre chanson. 
Doit-on y voir une politique délibérée et coordonnée ourdie par les Etats-Unis ? Cela me semble un peu trop simple. Je pense plutôt qu’ils ont tiré les conséquences de la paranoïa étatique qui a caractérisé les années post-11 septembre, où il ne fallait surtout pas qu’on expose la vérité sur l’attentat, ni que les membres soupçonnés d’Al-Qaida puisse bénéficier d’un tribunal comme lieu d’expression, ni qu’on sache qui travaille en Irak et pour qui, etc. Avec le résultat que l’on sait : théories du complot qui fleurissent sur le 11 septembre, Guantanamo en une des journaux pendant des années, mercenaires qui déstabilisent la situation irakienne plus qu’autre chose etc. Et in fine un pouvoir de conviction proche de 0, comme tout le monde l’a vu dans les grotesques power-point de Colin Powel au conseil de sécurité. Un désastre en termes de communication et probablement un échec opérationnel (en tout cas personne n’est jusqu’à présent venu se vanter d’une réussite majeure dans cette « stratégie antiterroriste »).
Depuis 2-3 ans, la donne a quand même changé, même si on ne reviendra probablement pas sur cette période. Voir Obama et ses généraux étaler leurs différents concernant l’Afghanistan sur la place publique est tout de même significatif (ce qu’à écrit Woodward sur le sujet n’a rien à envier à Wikileaks). Cela n’a eu aucun impact majeur sur la situation sur place et quelque part cela permet à de nombreux acteurs impliqués dans cette guerre d’analyser ce qui se passe de manière plus objective, et d’agir en conséquence. On ne peut que constater que cette guerre est encore aujourd’hui beaucoup moins contestée et impopulaire aux Etats-Unis qu’en France, où l’on a pas été fichu d’organiser un débat parlementaire sur la question en presque 10 ans de guerre.
C’est dans l’air du temps : il vaut mieux communiquer à outrance en protégeant le strict minimum plutôt que de protéger à outrance en communiquant le strict minimum comme on l’a fait jusqu’à présent. Dans un monde où l’information circule vite et où les événements se précipitent souvent, cette stratégie peut permettre plus facilement d’être opportuniste et de prendre le bon train en marche. Voilà en tout cas un chemin que n’a pas suivi la France, et on ne pourra que constater que c’était une erreur. Les ministres soutenant mordicus que la le régime de Ben Ali n’était pas une dictature mafieuse et corrompue, alors qu’il suffisait d’ouvrir Wikileaks pour en être convaincu, en ont été la manifestation la plus grotesque.


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