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citoyen (---.---.43.58) 19 avril 2006 21:12

Cher Gripouille et cher Alberto,

Je vous remercie tous deux pour vos commentaires qui me font dire que l’intérêt d’un article ne se mesure pas seulement à l’aune du nombre de réactions qu’il induit, mais aussi à leur qualité et à leur pertinence.

Je pense que la santé est devenue un sujet tellement sensible qu’il en est presque « tabou ».

« Tabou », tout d’abord, parce que la santé touche chacun dans sa chair (qui n’a pas connu de problème de santé pour lui-même ou quelqu’un de proche ?). Chacun souhaite, à juste titre, pouvoir bénéficier du meilleur service dans ce domaine très personnel. C’est-à-dire pouvoir accéder aux meilleurs soins, aux meilleures techniques, aux meilleures spécialistes en fonction de sa santé. Mais force est de constater que si notre époque a contribué, et continue largement à le faire, à élever le niveau de santé, nous ne sommes pas encore parvenus à garantir un accès équitable aux soins c’est-à-dire en fonction de ses besoins et non de ses moyens.

« Tabou », ensuite, parce que le coût de la santé est devenu dans nos systèmes occidentaux (hors Etats-Unis qui n’offrent pas les mêmes couvertures sociales) un enjeu économique tellement énorme qu’aucun responsable politique s’aventurera sur ce terrain sans une prudence extrême. Le problème fondamental tient au fait que l’on ne sait pas définir la « santé » elle-même. Qu’est-ce être en « bonne santé » ? Où s’arrête le nécessaire ? Où commence le futile ? Ces questions et surtout les réponses à ces questions induisent des conséquences lourdes en matière de dépenses de santé selon que l’on considère qu’elles justifient une prise en charge collective ou au contraire doivent rester à la charge de l’individu. Personne ne veut entendre que le besoin de santé est infini car nul ne sait dire ce que signifie « être en bonne santé », or - tout comme sur la problématique de l’environnement - les ressources sont limitées.

« Tabou », enfin, parce que notre système de santé qui se prétend être le meilleur est loin d’être parfait. Au-delà de la question du coût lui-même, la question de l’égal accès aux soins est véritablement en jeu actuellement et risque fort de s’aggraver dans les années futures selon que vous ayez les moyens ou non. Pour s’en rendre compte, il suffit de relire les réactions de l’assureur AGF qui a annoncé récemment avoir renoncé à son projet de « Sécu de luxe ». A aucun moment, il n’est clairement reconnu par ces responsables que ce projet met en cause directement et frontalement le droit de chaque citoyen de pouvoir accéder aux meilleurs soins du moment. Au contraire on institutionnalise l’inégalité en fonction des revenus. Et pour quoi de tels projets existent ? Parce qu’aujourd’hui notre système de soins est tellement cloisonner et opaque pour celui qui n’en est pas (et encore cela n’est pas une garantie), il ne lui reste qu’une seule solution pour pouvoir accéder aux meilleurs soins : l’argent. La santé devient donc une marchandise comme une autre que l’on a ou pas les moyens de s’offrir. Vous me direz que cela a existé de tout temps. Les plus riches ont toujours privilégiés dans ce domaine comme dans d’autres. D’accord. Mais le crime n’excuse pas le crime. Ce n’est pas parce que notre système n’est pas aujourd’hui aussi parfait que l’on veut bien le dire qu’il faille le mettre en pièce.

Alors oui, il faut réclamer un discours clair dans de domaine. Il suffit de regarder comment le Ministre de la santé essaye de sortir de la difficile question des petits services de chirurgie - Rapport Vallancien - pour comprendre que l’on peut avoir à la fois demander un tel rapport, reprocher ouvertement devant la presse celui qui vous a remis ce rapport (le Pr. Vallancien a commis son rapport sans avoir visité les structures concernées, outre le fait que cette nécessité peut se discuter, on se demande pourquoi avoir sorti cela devant la presse ? Pour se donner du temps, pour donner l’illusion que l’on n’adhère pas ou pas totalement) et dans le même temps dire que ce rapport n’est pas enterré.

J’espère donc que votre réaction ne sera qu’un début car le débat doit avoir lieu, alors n’hésitez pas à faire circuler, c’est encore notre liberté chérie.


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