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easy easy 9 mars 2011 13:28

Notre ami Dugué cherche la faute des célébrités pour faire le lit de la sienne.

Il n’a pas tort dans le geste. C’est de cette manière qu’on peut offrir au monde de nouvelles visions.

Mais cette manie de chercher la faute des autorités conduit aussi à leur chercher des poux sur la tête et à leur faire dire ce qu’ils n’ont pas forcément dit.

Darwin serait vivant, il lirait ce papier, il aurait largement de quoi répondre. Contredire une autorité vivante étant difficile, on va souvent à critiquer celles qui sont mortes.


Darwin pourrait aisément répondre que ce qui est présenté ici comme une erreur de sa théorie ne vaut que si l’on tient à la considérer erronnée.

C’est par exemple quand on tient à démontrer que la théorie de Darwin conduit à une situation stable, fixée par la loi du plus adapté, qu’on parvient, en faisant valoir qu’elle est en réalité constamment remise en cause par des invasions de « non adaptés a priori »,
qu’elle n’est pas stable et que ce monsieur s’est donc trompé (au moins en partie, cela suffit pour se montrer plus finaud que lui).

Or Darwin a fondamentalement établi que la situation n’est jamais stable, jamais immuable, qu’elle est constamment perturbée par une concurrence en provenance de « moins bien adaptés a priori » qui, finalement, trouvent parfois (pas toujours) une voie pour prospérer, parfois (pas toujours) sur l’exact même territoire que le « plus adapté a priori » mais d’une autre manière et qui de « moins bien adaptés a priori » deviennent « les plus adaptés par leur prospérité »

Un lémurien qui naît soudain avec un index hyper long, sera sur l’instant considéré monstrueux et hors jeu. En effet, il crèvera le plus souvent. Mais parfois, grâce à cet outil inédit, il pourra trouver les larves que ses copains normaux et « très bien adaptés » jusqu’à hier sont incapables de ramener. Ce monstre va prospérer et devenir « parfaitement adapté » voire « mieux adapté ». Il va cohabiter ou supplanter les anciens « mieux adaptés »

Un lion, grâce à ses dents plus pointues serait donc mieux adapté qu’un chat à dents émoussées pour se gaver d’antilopes. Il règnerait donc. Mais voilà qu’arrive un vampire qui prospère de pouvoir se gaver des antilopes par un autre biais que par des crocs de 5 cm. Le lion se retrouve concurrencé, voire affamé et éliminé.
Cela, Darwin l’avait parfaitement vu. 

Ici, j’ai fait intervenir un vampire, très différent du lion. Mais le principe vaut autant pour un animal apparemment plus proche du lion (mais s’en distinguant par exemple par un taux de fécondité supérieur ou par une un peu plus large disposition à manger de tout)


Ce que Darwin a essentiellement dit c’est que contrairement à la version selon laquelle Dieu avait tout créé il y a longtemps et tel qu’en l’état actuel, les espèces n’ont jamais cessé d’évoluer, parfois en s’éteignant franchement (laissant la place à d’autres) parfois en se modifiant un peu, au gré des mutations ou croisements atypiques ayant pu prospérer.

Ce qu’il a essentiellement dit et démontré, c’est le fait que les situations sont instables et constamment changeantes sous l’effet de toutes sortes de facteurs mais que ces changements sont suffisamment lents pour échapper à notre perception immédiate. Il nous a appris à regarder sur la distance, à croire qu’il existe des changements imperceptibles au sens communs et qu’il faut alors observer sur de grances échelles de temps pour découvrir ces évolutions. 

L’affouillement du temps, c’est ce que l’Eglise excluait de faire et ce que Darwin a osé faire. Et le faisant, il a découvert que les situations ayant constamment changé, la Création était un mythe. 
Plus exactement, Darwin n’était pas parti de la volonté de creuser le temps et de vérifier l’Histoire. Il en cherchait pas du tout à démonter les Livres. Bien plus innocemment, c’est ce qui fait la formidable efficacité de son oeuvre, il ne cherchait, au départ, qu’à faire un inventaire de la situation actuelle. Mais comme, pour la première fois de l’Histoire, il a ajouté au fait de l’observation biologique, le facteur déplacement géographique, il a pu, avec Alfred Wallace, remarquer des congruences (quand l’expérience rencontre la prise de conscience) étranges. 
Et inévitablement, ce déplacement dans l’espace l’a amené à se déplacer dans le temps.
 
En même temps qu’il observait des congruences étranges dans le domaine biologique, il en observait forcément dans le domaine culturel « Comment on passerait du Papou au banquier si passage il y a ». Mais déjà chargé à ras bord de ses remises en causes diu créationnisme strictement biologique, il n’allait pas en plus se coltiner la charge de la remise en cause, de manière scientifique, du racisme.




 

Pour ce qui nous concerne, ce qui nous importe au fond, c’est de savoir si, compte tenu de l’Evolution, des descendants mutés de notre espèce seront capables rigoler dans les gaz d’échappement et dans ce cas, quel effet cette perspective provoque en nous.

Car l’ipséité est quelque chose d’étrange. Même dans notre vie de 50 ans, si nous avons le sentiment d’être la même personne alors que nous avons changé toutes nos cellules autres que neuronales, sommes-nous réellement la même personne ou sommes-nous chaque jour un monstre d’hier ?
Et sommes-nous plus réjouis devant la perspective que le futur sera peuplé de gens comme nous vivant dans un contexte identique au nôtre en termes de qualité écologique, que devant la perspective que ceux qui prospéreront dans une atmosphère irrespirable pour nous seront des monstres de nous ?

Actuellement, la tendance va à ce que chacun espère enfanter un plus-que-parfait. C’est peut-être un monstre mais de beauté. Cet enfant idéal serait en toutes choses mieux que nous. Par exemple, nous verrions bien qu’il soit capable de nager sous l’eau 30 minutes. Mais nous ne l’imaginons pas se régalant de fumées de pots. En effet, à notre époque, nous sommes capables de supporter l’idée de générer des monstres de perfection du genre Avatar ou Elfes, télépathes, magiciens...Mais la réalité irait plutôt à ce que nos descendants « bien adaptés » à l’environnement de demain, aient une sorte de grouin filtrant les particules à la place de notre nez qui pique d’un rien. Un exosquelette de cafard supportant tous les rayons gamma. Qu’ils se régalent de boues. Et là, euh, on aime moins n’est-ce pas ?



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