Ce 20 mars marque un séisme politique. La marche à l’effondrement des institutions de la Ve République et de l’Union européenne s’accélère. Ecrasante est la défaite du gouvernement en proie à une dislocation ouverte qu’expriment les consignes de vote contradictoires données par Sarkozy et Fillon pour le deuxième tour. Est-ce pour autant une victoire du PS (et de ses alliés) ? N’est-il pas lui aussi frappé par le rejet qui réduit son score à 10 % des inscrits ?
Au lendemain de l’élection cantonale du 20 mars, nul ne peut
prétendre ignorer la signification de l’abstention massive. Tous les
records sont battus : plus de 53 % à l’échelle nationale, 67 % en
Seine-Saint-Denis, 63 % dans le Val-de-Marne, 80 % dans les quartiers
ouvriers les plus frappés par les suppressions d’emplois et la misère.
Cette abstention massive traduit le rejet, par le peuple tout entier, de
la politique de misère, de chômage et de destruction sociale. Rejet
aussi d’un régime politique où le suffrage universel est vidé de tout
contenu du fait du consensus entre « droite » et « gauche » sur la mise
en application des politiques de rigueur dictées par l’Union européenne.
D’où vient ce consensus, sinon de l’acceptation, par les dirigeants des
partis de « gauche », du cadre antidémocratique de la Ve République et
de l’Union européenne ? En adhérant aux contraintes des traités de
Maastricht et d’Amsterdam, ils se rendent prisonniers d’institutions au
seul service du système capitaliste (fondé sur la propriété privée des
moyens de production), qui entraîne l’humanité à la ruine.
C’est la même logique qui a conduit les dirigeants de ces partis à
« exiger » l’intervention militaire de l’ONU et des puissances
occidentales en Libye. Comme si les bombardements français,
britanniques, américains et autres en Libye avaient pour objectif
d’établir la démocratie. Comme si les gouvernements qui font la guerre
aujourd’hui n’étaient pas les mêmes qui avaient soutenu et armé depuis
plus de dix ans la dictature de Kadhafi. Comme si le prétendu Conseil
national de transition, auquel ils apportent tous leur soutien, n’était
pas dirigé par l’ancien ministre de la Justice de Kadhafi lui-même.
Comme si l’objectif réel n’était pas de défendre les intérêts des trusts
pétroliers et les accords d’association avec l’Union européenne et le
Fonds monétaire international.
Sous une autre forme, on retrouve ici les problèmes auxquels les
travailleurs ont été confrontés dans la mobilisation contre la réforme
Sarkozy-Fillon-Woerth sur les retraites. Alors que, par millions en
grève et en manifestation, les travailleurs exigeaient le retrait, les
dirigeants du Parti socialiste et du Parti communiste, eux, proposaient
une « bonne réforme », qui, sur le fond, recoupait les propositions du
gouvernement, c’est-à-dire les plans de l’Union européenne.
Aujourd’hui, au nom de la menace du Front national, les appels se
multiplient à cimenter un « front républicain ». Au-delà du deuxième
tour des cantonales, quel en serait le contenu ? Poursuivre la politique
destructrice de l’Union européenne et de la classe capitaliste ?
Un choc se prépare entre les aspirations brûlantes de l’immense majorité
du peuple travailleur et les institutions faillies de la Ve République.
Ouvrir une issue conforme à la démocratie implique d’en finir avec une
situation où gouvernements de droite et de « gauche » se succèdent en
poursuivant inlassablement la même politique anti-ouvrière.
Il y a urgence à répondre aux besoins du peuple travailleur. Il y a
urgence à renationaliser les services publics et les entreprises
publiques, à abroger les contre-réformes (en commençant par celle des
retraites), à interdire les licenciements, à confisquer les avoirs des
banques et des grands groupes spéculatifs, à annuler la dette au nom de
laquelle on étrangle l’économie du pays. Répondre à ces besoins implique
de cesser de se prosterner devant « l’impérieuse nécessité de réduire
les déficits publics », de cesser de rembourser une dette qui est celle
des capitalistes, des banquiers, et pas celle du peuple. Prendre les
mesures de réorganisation de la société et de l’économie en partant des
besoins du peuple suppose de s’en donner les moyens, donc de rompre avec
le carcan antidémocratique de l’Union européenne et de la Ve
République.
Que l’immense majorité du peuple se détourne de l’élection cantonale,
alors qu’il s’agit de désigner des délégués de la population chargés de
représenter ses intérêts, suffit à indiquer la gravité de la situation.
Pourtant, la réponse démocratique à la crise du régime se prépare.
Elle passera par la mobilisation du peuple désignant ses délégués. Le
peuple rassemblé dans les communes, dans les quartiers, désignant ses
délégués à d’authentiques assemblées départementales dotées des pleins
pouvoirs pour résoudre les questions auxquelles la population est
confrontée. Délégués et conseils départementaux qui, à leur tour,
désigneront les délégués à une Assemblée nationale constituante chargée
de prendre en main tous les pouvoirs et de décider les mesures d’urgence
et de sauvegarde de la population et de la jeunesse.
Il y a urgence ! Malgré la crise ouverte qui le secoue, le gouvernement
Sarkozy-Fillon ne renonce pas à sa réforme constitutionnelle : il veut
inscrire l’obligation de l’équilibre des finances publiques dans la
Constitution, et ainsi rendre anticonstitutionnelle toute revendication
(et même toute organisation) qui sortirait des contraintes du « Pacte
pour l’euro ». Les dirigeants du Parti socialiste, qui affirment ne pas
vouloir de cette réforme constitutionnelle, se prononcent… pour la
« nécessaire réduction des déficits publics » et proposent une loi
organique ayant exactement la même fonction !
Le Parti ouvrier indépendant, qui a présenté 187 candidats aux élections
cantonales, appelle à poursuivre et à amplifier le combat engagé.
En particulier, il appelle à élargir la campagne pour l’unité afin de
mettre en échec la réforme constitutionnelle, c’est-à-dire la dictature
de la « réduction des déficits publics », arme de mort et de destruction
de tous les droits ouvriers. Il appelle travailleurs, militants et
jeunes à organiser dans tous les domaines le combat contre la politique
destructrice qui découle du consensus sur la « réduction des déficits
publics ». A cette fin, pour aider à dégager une issue positive, il
propose aux travailleurs et aux militants de toutes tendances de
constituer ensemble des comités politiques de défense et de résistance.
Pour agir en ce sens, il invite celles et ceux qui partagent ses
objectifs à prendre leur place dans la construction d’un authentique
parti ouvrier indépendant.
Paris, le 22 mars, 11 heures POI
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