Oui,
mais qu’appelle-t-on la gauche ?
Cela
fait bien longtemps que la social-démocratie est devenue au niveau
français mais aussi européen, voire international, une concurrente
complice des partis de droite libéraux et conservateurs.
Le
PS a conquis des fiefs locaux à la faveur de la déception cumulée
engendrée par la politique de droite, mais ses échecs répétés
aux scrutins nationaux prouvent qu’il n’est pas perçu et à juste
titre comme une alternative de gauche.
Son mépris du suffrage
universel lors du référendum européen, mépris renforcé par son
alignement sur Sarko pour la ratification du traité de Lisbonne, son
refus d’affronter la politique de Sarkozy sur le fond à propos de la
réforme constitutionnelle et les retraites sont autant de marques
objectives de son positionnement libéral et capitaliste. Comment
pourrait-il incarner le peuple et porter ses révoltes et son
aspirations ?
Mais il existe en France plus grave encore,
l’espoir né en 2007 d’une candidature unitaire à gauche de la
gauche a sombré dans le chaos des narcissismes partitaires et des
divers calculs d’appareil.
Aucun mouvement n’a été capable
d’offrir une perspective politique aux énormes manifestations
populaires d’octobre 2010.
En 2011, on a le sentiment que Mme
Le Pen a « catalysé » les mécontentements populaires. Mais
ne serait-ce pas plutôt la résultante quasi mécanique de l’absence
d’affrontement de gauche de la politique du pouvoir.
Mme
Le Pen n’a jamais suscité de manifestations, le peuple pour elle
n’est pas l’agent historique de son programme mais une réserve
électorale d’autant plus élastique qu’elle pourra y intégrer les
courants les plus contradictoires.
Elle est peut-être habile mais
elle sait fort bien que son fond de commerce historique ne peut être
renié. Plus de social mais moins d’impôts, défendre les services
publics mais s’en prendre aux fonctionnaires, défendre le peuple
mais le diviser au nom de la préférence nationale. Enfin promettre
d’apporter la prospérité par un malthusianisme économique qui ne
remet jamais en cause l’économie libérale.
Le FN demeure un
parti d’extrême-droite malgré les oripeaux de bienséance que tente
de lui affubler Mme Le Pen. Elle sait fort bien que les deux piliers
de son programme sont l’insécurité et la préférence nationale .
On comprend bien ici les migrations électorales qui se sont
produites en 2007 de Le Pen vers Sarko et aujourd’hui inversement.