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Roosevelt_vs_Keynes 6 mai 2011 11:28

@ Vincent Benard

« Vous noterez que le bill a été INTRODUIT mais pas encore VOTE. »

Et pour cause : rappelez-vous de ce qu’a dit Winston Churchill au créateur du Glass-Steagall, Franklin Roosevelt, au bout de 10 ans de réformes de ce dernier, visant à détruire l’empire britannique. Extrait de « Mon père m’a dit » (As He Saw It), par Elliott Roosevelt, chapitre II :

"Churchill s’était levé et arpentait la pièce, en parlant avec de grands gestes. Enfin, il s’arrêta, regarda longuement, en silence, mon père, puis agitant son index court sous le nez de celui-ci :
— Monsieur le Président, cria-t-il, je crois que vous voulez supprimer l’Empire Britannique. Toutes les idées que vous avez sur la structure de la paix après la guerre l’indiquent. Mais malgré cela — et son doigt s’agita — malgré cela nous savons que vous êtes notre seul espoir.
 Il baissa la voix et d’un ton dramatique :
— Vous savez que nous le savons. Vous savez que nous savons que sans l’Amérique, l’Empire ne pourra pas tenir.« 

Ayant ça en tête, rappelez-vous la réaction de Londres et de l’administration Obama lorsque, en mai 2010, l’amendement Cantwell-McCain, qui réinstaurait le GS, fut introduit dans la passoire à cash Dodd-Franck... Londres savait que le GS signait la fin de La City, dont WS n’est que la succursale permettant de détruire l’ennemi de l’intérieur. Obama, aux ordres, a lâché ses chiens : Barney Franck, accessoirement le relais à la Maison-Blanche du Parti Socialiste français et européen, et Harry Reid. L’amendement Glass-Steagall fut relégué je crois au 114è rang des amendements, et ne fut pas discuté.

Vous dites : »D’autre part, je pense que croire que la GS act aurait empêché la crise est une joyeuse illusion, et qu’il empêchera la suivante aussi. Plutôt qu’un long développement, je vous renvoie sur les analyses de Mike Shedlock à ce sujet,

http://globaleconomicanalysis.blogs..."

J’ai lu le lien que vous indiquez. L’auteur fait lui aussi l’impasse sur le plus important : dans quel contexte et pour quelles raisons historiques (et non pas économiques ni bancaires) Franklin Roosevelt instaura le Glass-Steagall.

Sauf votre respect, c’est cette connaissance de l’histoire du combat on ne peut plus actuel des Etats-Unis contre l’empire britannique qui semble vous manquer, à vous tout comme à tous les économistes actuels, qui ne semblent connaître que celui qui fut l’ennemi de l’initiateur du GS : Lord John Maynard Keynes. Pour comprendre l’enjeu historique du GS, il faudrait peut-être commencer par étudier le courant de pensée qui donna naissance à ce qui est aujourd’hui considéré comme un casus belli par le Foreign Office britannique : la réinstauration du GS par la République qui est née de son combat contre l’empire britannique.

Vous dites : « Le lien que vous suggérez évoque une »mise en banqueroute organisée du système financier".

Bien que je ne sois pas certain que nous suggérions les mêmes moyens d’y parvenir, nous ne sommes pas très éloignés philosophiquement : « laissons les mauvais faire faillite », et, pour éviter que cette faillite ne provoque des « bank runs » et autres paniques préjudiciables, créons un mécanisme de faillite express par dilution des actionnaires au détriment des créanciers, ou, si la situation est trop mauvaise, wipe out des actionnaires existants et transformation des dettes financières en capital. Et si ça met un créancier lui même en faillite pour cause de disruption de flux de cash, et bien, pareil : debt-to-equity swap.

cela revient bien à une « mise en banqueroute ordonnée » non pas de tout le système financier, mais tout de même d’une bonne partie, la plus mal gérée."

On en vient donc au principal : le Glass-Steagall n’est absolument pas un objectif : c’est un moyen. Un moyen de réaliser ce que la Russie, la Chine et l’Inde ont commencé de faire sous l’impulsion du démocrate américain Lyndon LaRouche : un système international de crédit entre nations souveraines, émettant leur propre crédit productif public, permettant de lancer mutuellement des projets d’infrastructures continentaux grâce à la réinstauration de taux de changes fixes type Bretton Woods.

C’est ni plus ni moins ce que Harry Dexter White, l’émissaire à Bretton Woods de Franklin Roosevelt, défendit contre la proposition de l’émissaire de l’empire britannique Lord John Maynard Keynes. Malheureusement, au lendemain de la mort de Roosevelt, c’est l’asset britannique Truman qui prit le pouvoir, commençant un travail de destruction de ce qu’avait impulsé Roosevelt, et qui vit sa consécration le 15 août 1971, lorsque Nixon mit fin aux accords de BW.

Comme vous pouvez le découvrir, le GS n’a rien à voir avec des histoires de techniques bancaires : il s’agit d’en finir avec la mentalité d’empire britannique qui pollue l’esprit de nos élites... vous comprenez peut-être mieux pourquoi, effectivement, le GS a été introduit, mais toujours pas voté !


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