Tout dépend de ce qu’on appelle « travailler ». Si c’est avoir une activité contrainte en fonction d’un salaire (sous une forme ou une autre), effectivement, on peut penser que les enfants ne peuvent pas travailler. Cette impossibilité n’a pourtant pas empêché (et n’empêche toujours pas dans certaines parties de notre monde actuel) les enfants du prolétariat ou du lumpen proletariat de travailler très jeunes et durement. Pas pour leur bonheur, c’est sûr. Mais j’ai pu constater que les enfants de chez nous préfèrent parfois travailler, c’est à dire avoir une activité immédiatement utile, plutôt que de s’amuser (ou de souffrir sur des exercices intellectuels).
Apprendre « sans travailler », i.e. « sans effort » est possible pour des enfants gâtés par la nature et le milieu social, mais jusqu’à un certain point seulement. Je ne vois pas un adolescent devenir médecin sans « travailler » ! J’ai un petit fils qu’on peut considérer comme « doué », que sa mère (qui l’a élevé avec ses sœurs pratiquement seule) n’a jamais vraiment voulu contraindre. Il a beaucoup appris sans travailler, jusqu’au lycée. Là, il a commencé à redoubler, puis à déchanter quand il a dû abandonner des études de médecine puis de Staps pour envisager à présent une formation en alternance dans l’informatique, tout cela parce qu’il n’avait jamais appris à travailler, ni voulu se donner du mal...