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easy easy 20 juin 2011 16:48

Rudyard Kipling est là pour nous montrer ce que l’Européen, le Blanc donc, pensait et pense de l’Inde.

Et l’Inde, faisant partie des endroits du Monde où l’on a construit des Tour Eiffel, on était automatiquement raciste et en tous cas fier de ces constructions donc méprisant envers ceux qui n’en faisaient pas autant.

Ce mépris des bâtisseurs pour les non-bâtisseurs tenant pour une part importante au fait que ces derniers n’allaient même pas à admirer ce bâti. Par exemple, les choses avaient mal tourné pour Darius III et ne serait-ce qu’en raison de la victoire des Macédoniens, il ne pouvait pas lui venir à l’esprit de mépriser ses vainqueurs, sinon sur quelques plans accessoires. Et ce Darius aurait entendu Alexandre s’émerveiller devant Babylone, il l’aurait évidemment trouvé civilisé. 

Ainsi, bien que s’affrontant constamment entre elles, les civilisations (les bâtisseurs donc) se sont mutuellement admirées. C’est même, au-delà des aspects militaristes, essentiellement sur la question du bâti donc de l’architecture et de ses petits (La décoration, l’orfèvrerie, les arts, les sciences et les lettres...), que les peuples civilisés ont pu, en temps de paix, se recevoir mutuellement en grandes pompes. 

C’est par les villes, les temples et les palais que les civilisés se sont jugés, inspirés, copiés, toisés et enviés. Hitler bavait de Paris, Louis XIV bavait de la Grande Porte, Léopold II bavait des boulevards de Haussmann, François 1er bavait de Florence...
Entre civilisés, on se méprisait sur des détails et surtout après une victoire. Mais on ne se traitait pas de crétins. 

Tous les civilisés, dont les Indiens faisaient partie, surtout avant d’avoir été colonisés par les Anglais ; dont les Chinois faisaient partie, surtout avant d’avoir été croqués par les Japonais et les Occidentaux ; dont les Japonais faisaient partie, surtout avant d’avoir été vaincus par les EU ; dont les Incas, les Egyptiens et les Aztèques avaient fait partie à leurs grandes heures, tous ceux là se sont certes bien foutus dessus et insultés mais jamais au point de se traiter de macaques.

Et tous ont profondément méprisé, animalisé et exploité ceux qui ne bâtissaient que des paillottes ou des cases de terre.

Les champions de l’arrogance et du mépris étant ceux qui construisent les immeubles les plus hauts. Il est très facile, de nos jours, de voir où ils se trouvent.

Cela dit, les sens de raciste a évolué constamment et chacun de ces peuples bâtisseurs lui accorde un sens qui lui est propre.
Le racisme d’un Chinois ou d’un Indien bâtisseur, n’est et ne sera jamais exactement celui d’un bâtisseur français qui différera également toujours de celui d’un bâtisseur anglais, italien ou allemand.

En certains endroits, la performance s’exprime surtout en termes de hauteur, ailleurs en termes de matériaux, en d’autre en termes de fontaines, en d’autres en termes de cirques, en d’autres encore en termes de dorures, de harems, d’écuries, mais en gros, il s’agit bien d’architecture.


Les premiers voyagistes du Monde ont été les orientalistes et il ne s’agissait pas d’aller visiter des montagnes ou des rivières mais bel et bien des constructions édifiantes.



Tout étant fractal, ce principe du mépris du bâtisseur pour le non-bâtisseur, vaut même entre petits-bâtisseurs.

Les Amérindiens du Nord qui construisaient de grandes cases (fixes donc) se considéraient supérieurs à ceux qui vivaient sous tipis. Idem en Afrique noire où le moindre édifice de terre battue qui dépassait 5 m de hauteur était considéré comme une merveille traduisant la supériorité de ses bâtisseurs.
 
Plus que tout autre élément, le bâti survit longtemps à son bâtisseur et allonge ainsi artificiellement sa trop courte vie. Dans chaque civilisation, même modeste, tout prince se construit ou se fait construire une tour Eiffel avant toute chose. Rarissimes ont été les princes qui, comme Gandhi, Mandela ou Ho Chi Minh, ont renoncé à ce principe d’orgueil

(En 1804, le Noir JJ Dessalines, dès qu’il eut viré les colonialistes bonapartistes, s’était fait proclamer empereur, carrément. empereur d’une fraction de petite île. Dans une bagarre contre un grand empereur, il est très difficile d’en rester à un verbe d’entre gueux, du coup, on perpétue le jeu de la prétention) 



Ainsi, le racisme n’est pas du tout fondé sur une histoire de couleur de peau malgré la coïncidence très noir= case de terre, mais uniquement sur une histoire de civilisation architecturale.

Et c’est pour cela qu’il existe une version intra raciale, par exemple franco française, du racisme qui est le mépris des châtelains ou grands bourgeois pour les ouvriers.
Les Sans-abris étant tout en bas de toutes les échelles, partout où existe du bâti.

(Pendant 60 ans après la Révolution, le droit de vote était censitaire, ce qui veut dire qu’il était réservé aux hommes propriétaires de bâti)
(En Inde, un Intouchable ne pouvait pas être propriétaire)

Un sauvage c’est un type infoutu de produire un titre de propriété sur un terrain, c’est un type qui n’a même pas conçu que ça puisse être possible.


Le racisme n’est donc pas l’idée que tel mec avec tel os dans le nez est un crétin mais surtout qu’on est plus légitimé que lui pour s’approprier le terrain sur lequel il vit. C’est pour dissimuler notre convoitise que nous insistons sur la bêtise globale du sauvage et sur notre droit supérieur au sien pour le gérer, ce terrain. La racisme n’est qu’un prétexte à la colonisation (colonisation millénaire que tous les bâtisseurs, du plus petit au plus grand, ont perpétré)

Les attentats du 11 septembre ont choqué bien plus les grands bâtisseurs que les Roms et il s’en est suivi une guerre des mots éminemment raciste entre eux qui habitaient des buildings et ceux qui se terraient dans des grottes.

Dans ces guerres du bâti, si Troie, Carthage et Persépolis ont été rasées, s’il y a eu le pillage et l’incendie du palais d’Eté de Pékin par les Français et les Anglais en 1860, s’il y a eu l’incendie du palais des Tuileries en 1871, si Hitler vaincu avait voulu brûler Londres et Paris, s’il y a eu Hiroshima et Nagasaki, si les Talibans ont détruit les Bouddhas de Bâmiyân, il y a eu le cas du palais impérial du Japon que les Ricains ont délibérément épargné. Un véritable miracle, une exception qui confirme la bonne règle comme on dit.

Dans tout ça, en dépit de son gaullisme (pourtant parfaitement raciste) et en dépit de l’odeur, Jacques Chirac présente un cas à part puiqu’il aura été le seul de nos princes à faire édifier un palais à la seule gloire des non-bâtisseurs et en ce que ces sauvages avaient fait de tout de même épatant.


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