Les analyses de Chem sont intéressantes.

La sélection de Domenech est la suite logique de ce qui a été amorcé il y a moins d’un an, à savoir le retour des grands anciens. La rumeur veut que ce retour ait été imposé à Domenech, si elle est vraie il doit donc faire avec les états d’âme et les connivences des vieux soldats, d’où par exemple Barthez plutôt que Coupet.

Les deux sont très proches. Coupet est peut-être passé devant en valeur intrinsèque mais Fabulous Fab a la bouteille pour lui et pour un gardien c’est du bénef (contrairement à certains joueurs de champ en 2002, qui a été une occasion superbement ratée de renouveler dans la continuité).

La pression médiatique était pour Coupet mais elle a bénéficié à Ribéry. Ce n’est jamais une mauvaise chose que d’emmener un ou deux jeunes dans une grande compétition pour leur donner du bagage (voir Papin 86, Henry-Trézéguet-Vieira 98 ou -rigolons un peu- Cissé 2002). Ribéry représente certainement l’avenir de l’équipe de France, il devait être là, médias ou non, OM ou non, coiffure rivalisant avec Ronaldo 2002 ou non.

Concernant Micoud ou Pires, on n’avait pas spécialement compté sur eux jusqu’ici et même si on peut -comme moi- les juger plus talentueux que d’autres éléments de la liste, il est logique de ne pas les retrouver d’autant qu’ils ont eu quelques soucis de communication avec le patron.

Les surprises, ce sont plutôt deux absences : Anelka, qui avait tout fait en bleu sur le terrain pour être là, et Giuly, flamboyant avec la Barça. Contrairement à Chem, je pense que la non-sélection du premier est plus étonnante que celle du second. Giuly joue en Espagne dans un registre très spécifique, proche de la définition cruyffienne de l’attaquant de couloir (« tu suis ta ligne de touche »). Ce n’est pas une variante prévue chez Domenech et c’est regrettable au vu du talent de Ludo et de l’option tactique supplémentaire. Mais on pouvait s’y attendre. Anelka a été très bon dans ses dernières performances avec la sélection. Peut-on en dire autant de Saha et Cissé ? Là encore on peut supposer un choix tactique (cf Baz).

Chimbonda, là je ne sais pas. Le titre de meilleur arrière droit de Premier League aurait suffi. Je pencherais plutôt pour le côté cabochard du Raymond qui voulait sortir sa surprise du chef pour faire causer (remember Mavuba). Domenech avait composé sa première équipe A comme s’il avait encore les espoirs en main. C’était un choix. On peut le regretter mais c’était la volonté d’apposer sa griffe et de rompre avec le (glorieux) passé. Même si je n’aime pas Domenech, j’avais trouvé ça courageux et il aurait pu persister dans la voie. On lui aurait imposé le retour des anciens face à la catastrophe du début des éliminatoires : eh bien il n’avait qu’à mettre son poste dans la balance, je sais que c’est facile à dire, mais c’était la seule façon d’arriver à reconstruire quelque chose, quitte à fait l’impasse sur la CM2006. Car le problème est là, cette sélection vieillissante aurait merité le coup de balai que Domenech lui avait asséné à son avènement à la façon de ses bons vieux tacles des années 70. Le génial Zizou et l’immense (joueur et monsieur) Thuram n’ont pas grand-chose à gagner le mois prochain et on a l’impression que leur rappel pour cause de patrie en danger aura été un gros coup de frein à la construction de l’avenir.

Maintenant, n’oublions pas que nous n’avons pas en main toutes les cartes du sélectionneur. Les paramètres, c’est lui qui les a et il connait mieux le foot que nous. Il ne peut certainement pas tout dévoiler mais un petit effort explicatif plus clair n’aurait pas été de trop. Même si on a 60 millions de sélectionneurs (imaginez, au Brésil, en Allemagne...).

Et puis rappelons-nous que la France est tombée sur un groupe honteusement facile au premier tour. La Suisse, on connait, c’est costaud mais c’est pas les Pays-Bas. Les coréens se sont toujours pris des tannées en CM hors de leurs murs, malgré de jolies choses (face à l’Allemagne en 94 par exemple). Le Togo c’est sur le papier une des trois équipes les plus faibles de la phase finale. En s’appliquant un poil, la France est déjà en quarts. Après, tout peut arriver. Si une symbiose se crée dans le groupe...