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Pierre Régnier Pierre Régnier 15 juillet 2011 10:13

@ Alexandre Gerbi

Pardonnez-moi la parenthèse mais elle était nécessaire. Je n’ai pas voulu mettre fin aux commentaires qui suivent votre article ni le faire dévier. Il y a bien des éléments intéressants dans le débat, qui est un vrai débat.

Je trouve incohérente la démarche des harkis que vous rapportez mais pas leur indignation. L’attitude de la France à leur égard en 62, l’abandon de nombreux d’entre eux à la vengeance et au massacre était révoltants, indigne, monstrueux.

Mais je suis stupéfait de constater que l’on peut encore aujourd’hui défendre et regretter le passé colonial.

Comme Mourot, j’ai été envoyé plus d’un an en Algérie pour faire la guerre aux Algériens en lutte pour leur indépendance. J’ai eu la grande chance de ne pas être conduit à tuer, à faire la vraie guerre car on a fait de moi, sur un piton de Kabylie, un « instituteur ».

Et ce sont essentiellement les enfants de « mon » école qui m’ont permis de tenir le coup.

Aujourd’hui, ma femme a une amie fille de harki qui est une femme formidable, qui s’est construite avec beaucoup de courage alors que son père, dans le ressentiment, se détruisait après son aventure désolante.

Je crois que, comme beaucoup d’autres, il a eu surtout la malchance d’avoir 20 ans dans le merdier de l’Algérie colonisée qui se décolonisait (ce qui était nécessaire, et qui est resté pour moi très positif).

Je voudrais donner un élément à Serpico, qui pourrait éventuellement modérer un peu sa position très tranchée. Là où j’étais, le recrutement des harkis n’était pas du tout celui de « traitres » décidés à lutter contre leur peuple. Ça se passait plutôt comme ça : dans des familles divisées, malheureuses, l’armée française prenait quelques paumés et leur tenait des discours du genre : "On sait que ton frère ou ton cousin est parti avec les fellaghas, tu sais ce qui t’attend, tu peux t’en sortir en t’engageant à nos côtés, tu auras un salaire assuré pour ta famille…".

Mais je reste convaincu qu’il fallait décoloniser l’Algérie.

Quant aux promesses électoralistes de Sarkozy, on a mille preuves maintenant que c’est toujours n’importe quoi. C’est un individu indigne de diriger le pays. Ses positions seront toujours déterminées par l’arrivisme.

Constatons tout de même qu’il est très représentatif de la perte de sens et de la « morale » politique aujourd’hui dominantes en France et Europe : si un jour c’est payant on flatte et reçoit avec tous les honneurs les bourreaux Khadafi ou Bachar el-Assad ; si le lendemain leurs peuples veulent s’en débarrasser on les déclare responsables de « crimes contre l’humanité ».

Ce qui n’empêche pas notre ministre des affaires étrangères d’aller inaugurer la naissance du Sud Soudan aux côtés d’un autre bourreau officiellement sous mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (pour le massacre des Centaines de milliers de Sud-Soudanais qui « fêtent » sous terre la naissance de leur pays).

Nos enfants et petits-enfants vont devoir redonner du sens, de la dignité, de l’humanité à une monde devenu un monstrueux n’importe quoi.


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