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sisyphe sisyphe 14 juillet 2011 14:48


Volontaire ou forcé, cet engagement revient pour les agences de notation àdéclarer la Grèce en défaut de paiement, même temporaire, sur une partie de sa dette. De cela, la BCE ne veut pas. Ce serait pour la zone euro une funeste première, ce que le milieu appelle bizarrement un « événement de crédit », en fait un événement qui jetterait le discrédit sur l’ensemble de l’union monétaire européenne. Il entamerait la réputation de l’euro ; il conduirait, dans toute la zone, à un relèvement des taux d’intérêt. Bref, une catastrophe !

Pour l’éviter, voilà deux mois que les Dix-Sept sont engagés dans la quête d’un improbable graal : concocter un montage miracle qui ne donnerait pas à la fameuse « participation du secteur privé » l’inélégante allure d’un « événement de crédit ». Deux mois que, de réunion en réunion, ils se querellent sur la bonne formule, annoncent des bribes de solution au compte-gouttes, pinaillent et, pire, donnent l’impression de l’indécision la plus totale, comme si le temps ne leur était pas compté.

Ajoutez à cette attitude irresponsable quelques interrogations des Italiens sur leur propre redressement budgétaire et vous avez le feu à la zone euro : le doute sur la solidité de l’ensemble. Cette crise, les Dix-Sept l’ont ainsi fabriquée tout seuls. Ils ont affiché la désinvolture d’Etats qui ignoreraient que les marchés, créatures sensibles, ne détestent rien plus que le flou et l’indécision.

Il fut un temps où un chancelier allemand dans de telles circonstances - qu’il s’appelle Helmut Schmidt ou Helmut Kohl - avait assez d’envergure politique pourdire à ses élus : l’intérêt supérieur de l’Allemagne est de ne rien entreprendre qui puisse fragiliser l’euro. Il fut un temps où le même chancelier pouvait, à l’appui de sa démonstration auprès des contribuables allemands, évoquer aussi l’intérêt supérieur de l’Europe...

A l’évidence, ce temps n’est plus. L’Allemagne est comme les autres membres de l’Union : repliée sur elle-même, d’abord attachée à la défense de ses intérêts nationaux - bref, ayant de l’Europe une vision strictement comptable, « à la Thatcher ». Premier ministre britannique de 1979 à 1990, Margaret Thatcher tenait à ce que Londres ne contribue pas -d’un penny de plus à l’Europe que ce qu’elle en recevait.

Philip Stephens, le plus européen des commentateurs du Financial Times, décrit une Europe redevenue « westphalienne ». Comme le voulait le traité de paix de Westphalie signé en 1648, elle s’organise à nouveau autour de la notion sacralisée de souveraineté nationale. C’en est fini - dit Stephens pour le regretter - de cette« expérimentation postmoderne que fut (...) une construction européenne fondée sur l’idée de souveraineté partagée ».

Pour son malheur, l’euro souffre ainsi du même mal congénital que celui affectant les velléités de politique extérieure et de sécurité communes : alors que son existence suppose un minimum d’esprit de solidarité, le sens d’un intérêt partagé, il a été lancé au moment où, les campagnes souverainistes aidant, les Etats membres regagnaient toutes leurs prérogatives aux dépens des institutions communautaires. La crise de l’euro est une crise de l’Europe, de l’envie d’Europe - l’histoire d’une libido qui flanche.

Voila. 

On imagine ce qui adviendrait d’une "sortie de l’€uro, et d’un retour au franc ; mêmes conséquences multipliées par 27 : une plongée abyssale...


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