A quand un délit de « ségophobie » ?
Et voilà que Ségolène Royal refait parler d’elle. Ce lundi, elle réagissait en effet à la polémique autour du nouveau livre de Lionel Jospin, L’Impasse, dans lequel ce dernier la critique vivement, mettant notamment en doute ses « qualités humaines » et ses « capacités politiques ».
Ces critiques sont peut-être exagérées au regard de la
vérité, mais qu’importe, chacun a tout de même le droit de penser ce qu’il veut
de Ségolène Royal - y compris Lionel Jospin, une opinion étant par nature
subjective. Ce n’est pourtant pas l’avis de l’ancienne candidate PS à la
présidentielle. Fidèle à elle-même, sûre d’être portée corps et âme par tous
les Français, sûre d’en porter l’espérance à elle toute seule (17 millions de
voix « pour » soi, on peut comprendre que ça fasse tourner la
tête...), Ségolène Royal a contre-attaqué ni plus ni moins par du terrorisme
verbal.
« Au fond ce qui me vient à l’esprit c’est peut-être cette parole de
Pire encore, le désormais dissident et - sans doute - malade mental Jospin a
osé critiquer une femme, ce qui, dans la rhétorique ségoliste, est une attaque
intrinsèquement haineuse : « Je crois aussi malheureusement qu’il y a,
et peut-être est-ce aussi inconscient, dans toutes ces attaques, du sexisme et
à le voir à ce point aussi fort, j’en suis moi-même surprise, je pense qu’il
s’apparente au racisme », a-t-elle affirmé. Vilain sexiste, vilain
raciste, peut-être aurait-elle dû rajouter que Jospin était un vilain négationniste,
niant en effet les grands exploits accomplies par sainte Ségolène pour le
socialisme,
Mais elle ne s’arrêta pas là. Après s’être comparée à Jésus-Christ, voilà
qu’elle s’est ensuite comparée à Jeanne d’Arc. « J’ai l’impression en
lisant tous ces ouvrages que si j’étais Jeanne d’Arc, j’aurais déjà été brûlée
vive », a-t-elle ajouté. La pauvre ! Les vilains Jospin, Lienemann,
Allègre et consorts, des salauds d’intégristes chargés d’éliminer la
libératrice de la patrie ? Dans l’esprit de Ségolène Royal, cela ne semble pas
faire de doute.
Heureusement, Ségolène Royal n’est pas Jeanne d’Arc. Heureusement, Ségolène
Royal n’est pas ce qu’elle croit être. Heureusement, Jospin n’est ni sexiste
ni raciste ni malade mental.
Ces quelques paroles auront au moins le mérite de constater le très faible
degré d’aptitude de Ségolène Royal au dialogue, et de facto à la
critique. L’orgueil démesuré et le terrorisme verbal dont elle fait preuve
cache sans doute un sérieux manque de convictions, auquel elle ferait mieux -
entre autres - de remédier si elle veut vraiment porter les couleurs d’une
opposition - d’une vraie opposition - à Nicolas Sarkozy.
A l’heure où le politiquement correct fait rage, à l’heure où il de bon ton de
lancer des accusations de « phobes » (de phobie, étymologiquement
parlant un « trouble mental » !) à l’encontre de tout propos
dissident, verra-t-on aussi lancer des accusations de « segophobes »
aux côtés de celles d’ « homophobes », de
« xénophobes », de « negrophobes »,
d’ « islamophobes », de « lesbophobes » et j’en passe
? Malheureusement, au pays de la bien-pensance, plus rien n’est impossible...
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