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Accueil du site > Tribune Libre > A qui profite l’exploitation de la misère étudiante ?

A qui profite l’exploitation de la misère étudiante ?

Depuis plusieurs années, le portrait des étudiants peint par leurs principaux syndicats ne cesse de se noircir. En 2000, le rapport Dauriac lançait un chiffre : 100 000 étudiants vivraient en dessous du seuil de pauvreté. Depuis, ce chiffre prospère et est instrumentalisé par tous ceux qui vivent du misérabilisme. Il a, pourtant, été aussitôt contesté et démenti par les travaux de l’observatoire de la vie étudiante (OVE) et le rapport Grignon sur « les étudiants en difficulté, pauvreté et précarité ». Puis, les syndicats ont dénoncé, avec la crédibilité scientifique inhérente au "pif-au-mètre", le fait qu’entre 80 % et 50 % des étudiants soient obligés de se salarier pour poursuivre leurs études, ce qui les entraînerait inexorablement vers un échec universitaire. Là encore, la réalité est bien différente. Les étudiants français n’étaient en 2005 que 10,8 %, selon l’Insee, à être salariés durant leurs études ; et quand leurs cursus sont correctement aménagés, ces derniers réussissent aussi bien que leurs camarades. Un rapport du conseil économique et social sur le « travail étudiant », paru en 2007, a même établi que le fait de concilier une activité professionnelle avec ses études pouvait être très positif, notamment parce que cela facilite l’accès à l’emploi de ces jeunes.

Ces dernières semaines, à l’approche des élections étudiantes au Crous, un pas de plus a été franchi vers le sensationnalisme. Le syndicat d’extrême gauche Sud-étudiant a lancé le premier pavé avec sa campagne sur la prostitution étudiante. D’après lui, plus de 40 000 étudiants se prostituent pour financer leurs études, ce qui représenterait plus de 3 % des inscrits à l’université. Malgré, le caractère très caricatural et totalement invérifiable de ces données, les médias s’en sont fait l’écho. Du coup, d’autres syndicats, sacrifiant la vérité et la mesure sur l’autel de leurs intérêts électoraux, se sont emparés de ce sujet « vu à la télé ». Certains ont même surenchéri : « face à la crise du logement, certains propriétaires exigeraient des étudiantes des faveurs sexuelles en échange d’une location ». Si, quelques cas de ce type existent, ils sont heureusement très anecdotiques et relèvent plus de problèmes de mœurs que d’une situation de précarité généralisée des étudiants qui les contraindraient à de telles extrémités.

La situation est, d’ailleurs, perçue très différemment par les principaux intéressés : 72 % des étudiants se déclarent optimistes quant à leur avenir, ils sont 74 % à être satisfaits de leur condition de vie, d’après le baromètre de la vie étudiante réalisé par l’institut « opinionway » le 26 février dernier. Le contraste entre l’optimisme des étudiants et le catastrophisme de ceux qui prétendent les représenter est frappant. Les étudiants ont une vision bien plus conforme à la réalité. En effet, l’observatoire de la vie étudiante relève que « les étudiants en situation de pauvreté grave sont moins nombreux en 2006 qu’en 2003 ». « La hausse des aides aux étudiants au cours de la période 2000-2006 concerne aussi bien les bourses que les aides au logement. Le pourcentage de bénéficiaires s’est accru dans les deux cas (de près de 3 points de pourcentage) et les montants distribués ont augmenté. Le montant des bourses sur critères sociaux a connu une forte revalorisation au début des années 2000 et le montant moyen de l’ALS a crû de 20 % sur la période 2000-2006. » Alors pourquoi un tel décalage entre la réalité et les attaques des syndicats étudiants ? La période électorale, qui débute dans les universités avec le renouvellement des conseils centraux des universités et des conseils d’administration des Crous, n’est sans doute pas étrangère à cela.

On pourrait, comme beaucoup l’ont fait jusqu’à présent, accepter ces caricatures au motif que cela fait parti du jeu et n’a rien de nouveau. Ce serait ne pas avoir conscience des risques que font courir de telles « habitudes » pour l’université française et ses étudiants.

Premier risque, celui de l’image : au moment, où nos universités sont à la traîne dans les classements internationaux et que les meilleurs étudiants et professeurs étrangers désertent nos établissements, on peut craindre que l’autoflagellation et la caricature ne soient pas les meilleurs outils pour redorer l’image de nos diplômes.

Second risque, celui de se tromper de diagnostic sur les solutions et les réformes à apporter. En effet, le misérabilisme et le catastrophisme fonctionnent comme des écrans de fumée qui empêchent de voir les réels problèmes que rencontrent les étudiants. Si on les interroge, leurs priorités apparaissent clairement : en première position c’est la question de la professionnalisation des études et de leur insertion sur le marché du travail qui préoccupe 57 % étudiants. Ce pourcentage monte à 63 % chez les littéraires et les économistes. En second lieu, la question du pouvoir d’achat les inquiète à 49 %, suivi de celle du logement (44 %). La question du logement est vécue beaucoup plus difficilement par les étudiants qui ne vivent pas chez leurs parents. Il convient donc de répondre précisément à ces attentes et ne pas se contenter de recycler les vieilles lunes de la gauche étudiante avec la création d’un salaire étudiant ou d’une allocation d’autonomie qui poseraient plus de problèmes qu’ils n’apporteraient de solutions.

Changer le logiciel des syndicats étudiants et de personnels

L’enseignement supérieur français dispose de nouveaux outils avec la loi LRU et de nouveaux moyens financiers avec la programmation de près de 20 milliards d’euros de crédits en 5 ans. Ce sont des opportunités à saisir pour engager des réformes. On ne peut que regretter, que les syndicats de personnels, suivis par la majorité des syndicats étudiants n’aient pas perçu ce changement et continuent de fonctionner avec le même logiciel, les mêmes slogans, les même revendications : toujours plus de moyens, toujours plus de postes...

La question que l’on doit se poser aujourd’hui est celle de l’allocation la plus juste et la plus efficace des moyens nouveaux qui vont être consacrés à l’enseignement supérieur. Il est nécessaire de changer de méthodes, de s’ouvrir, de regarder comment nos voisins européens ont résolu certains problèmes que nous rencontrons en France : comment l’Allemagne a mis en place un système de bourses sur critères sociaux performant et sans effets de seuils, comment la Hollande a répondu au problème du logement étudiant, comment la professionnalisation des études s’est développée en Allemagne, comment le travail des étudiants salariés est reconnu en Italie...

Pour répondre aux problèmes concrets que rencontrent les étudiants, il convient de sortir de l’impasse dans laquelle nous entraînent les exégètes du misérabilisme pour proposer des solutions innovantes comme l’ont fait, avant nous, d’autres pays. Cela nécessite de sortir des schémas traditionnels, comme par exemple pour le logement. Comment comprendre la résistance des syndicats qui s’opposent à la proposition de l’UNI consistant à sortir du monopole des Crous pour la création de logements étudiants en s’appuyant sur les collectivités locales et les universités, si ce n’est par pur conservatisme. Cette proposition a été, depuis, reprise par de nombreux acteurs et a fait l’objet d’un avis favorable du conseil économique et social en février 2008.

Il faut aussi faire preuve d’imagination et innover, pour répondre aux problèmes liés au pouvoir d’achat des étudiants, l’UNI propose depuis quatre ans, la mise en place d’un ticket de restauration étudiante fonctionnant sur le modèle de ce qui existe pour les entreprises.

Enfin, il faut recenser les bonnes pratiques pour les développer. Si l’on veut améliorer la professionnalisation de nos études, il faut s’inspirer de ce qui fonctionne en Allemagne, mais aussi dans les écoles françaises : apprentissage, réseau d’anciens, rapprochement avec les entreprises...

Avec la mise en œuvre de la loi LRU et l’effort budgétaire qui l’accompagne, les cartes ont été redistribuées. La communauté universitaire (professeurs, présidents et étudiants) dispose d’atouts nouveaux. C’est à elle, désormais, de jouer afin de tenter de gagner la partie de la société de l’intelligence.



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16 réactions à cet article    


  • Leekid 6 mars 2008 11:38

    Dommage que votre position (délégué général de l’UNI) fasse perdre un peu de crédibilité à votre article, qui ne peut, de ce fait, être entièrement objectif. Sur certains constats en rapport avec la situation de l’étudiant, je suis relativement d’accord, notamment en ce qui concerne les étudiants salariés. Moi même j’en suis, et travailler (26h/semaine) ne m’empêche pas de réussir dans mes études. Ceux qui se prétendent en echec à cause d’un emploi ne sont simplement pas motivés, car ça n’a rien d’impossible...quand on a la motivation. S’il y a quelque chose à revoir en profondeur à mon avis, c’est le système de bourses. De part mon âge, je n’ai pas droit aux bourse sur critères sociaux, alors quand je vois des étudiants la toucher pour se tourner les pouces et ne pas aller en cours...ça me fout un peu en rogne. Refiler une bourse à un jeune de 20 ans qui se demande ce qu’il fout à la fac (je généralise pas, mais il y en a beaucoup !) alors qu’elle pourrait profiter à d’autres personnes autrement plus motivées (un trentenaire inscrit à l’université ne l’est généralement pas pour faire plaisir à ses parents ou pour se rêvasser en amphi en se demandant ce qu’il va faire de son avenir : c’est généralement un choix mûri.) Concernant le logement, c’est un problème très hétérogène, qui n’est pas le même selon que l’on soit à Paris ou à Pau. Pour finir, je ne partage pas du tout votre opinion concernant la LRU. En nous disant qu’elle est un atout, sans même argumenter en quoi, vous effacez d’un revers de manche les problèmes qu’elle soulève : orientation générale de l’enseignement universitaire, disparition des filières "non rentables", rôle de l’université dans la société, annexation de l’université par les entreprises privées, sans parler de la manière brutale avec laquelle elle est imposée sans qu’il ait pu y avoir de réel débat.

    Cordialement.


    • Nemo 6 mars 2008 13:28

      Et en quoi la disparition de filières sans débouchés vous choque-t-elle ? Moi au contraire, je trouve cela responsable. Qu’il y ait peu de place dans des filières où les postes à la sortie sont peu nombreux relève de la logique la plus élémentaire. Le "droit à la culture" ne veut pas dire obligation pour l’Etat de financer des études longues et dispendieuses à l’Université qui préparent les étudiants à se retrouver au chômage à la sortie de leurs études.

      Ce "droit à la culture" devrait être financé par le 1% formation, tout au long de la vie. Ainsi, tous ceux qui souhaitent, au cours de leur vie professionnelle, suivre une formation dans des matières culturelles pour leur développement personnel pourraient le faire, et pourraient d’autant mieux le faire qu’ils auront un travail et seront insérés dans la société.

      La formation du citoyen doit se faire à l’école et non durant les études supérieures. On doit relever les exigences sur toute la chaîne de l’éducation, plutôt que de forcer des élèves qui s’ennuient à aller jusqu’à un bac général qu’ils ne veulent passer qu’à reculons. A quoi cela sert d’être l’un des n_ièmes détenteur de DEA en Histoire ou en Sociologie si c’est pour se retrouver à la caisse d’un supermarché ? Cela ne déclenche que de la frustration et de la déception.


    • dalat-1945 6 mars 2008 15:38

      Cent pour cent d’accord avec vous.


    • foufouille foufouille 6 mars 2008 13:28

      leekid

      un etudiant ne trouve pas toujours du boulot. tout le monde n’est pas manuel.ou alors ton boulot cool c’est les gardes de nuit et d’ailleurs pourquoi tu n’as pas commence plus jeune

      a mon epoque (88) les bourses ordinaires c’etait 2000f par mois, alors bouffer des pattes 4 ans pour etre chomeur !! tu dois certainement croire qu’il y a 2000 000 d’emploi libre

      les faineant apprendront tout de meme qqch et ils auront aussi des restes de connaissance plus tard

      avant on pouvait pas faire de credit pour etudier et si pour toi la fac est si facile tu devrais pouvoir convaincre un banquier

      par contre pour le logement que tu trouve abordable a pau donne donc des prix et des details


      • Leekid 6 mars 2008 14:12

        Foufouille, je vais tâcher de te répondre point par point...

        "un etudiant ne trouve pas toujours du boulot. tout le monde n’est pas manuel.ou alors ton boulot cool c’est les gardes de nuit et d’ailleurs pourquoi tu n’as pas commence plus jeunea mon epoque (88) les bourses ordinaires c’etait 2000f par mois, alors bouffer des pattes 4 ans pour etre chomeur !! tu dois certainement croire qu’il y a 2000 000 d’emploi libre"


        Des petits boulots pour étudiants il y en a à la pelle, et les étudiants, à âge égal sont généralement privilégiés pour ces petits boulots par rapport à un candidat du même âge non étudiant (sans parler des offres réservées exclusivement aux étudiants que l’on peut trouver dans les CROUS, SCUIOP et cie.) Après, pour trouver du boulot, il faut déjà commencer par en chercher, ça tombe pas tout cuit dans le bec. Ca, je crois que beaucoup ne l’ont pas encore assimilé. Je fais ce qu’on appelle "un pti boulot", je ne suis absolument pas manuel et je ne travaille pas de nuit, ni même le week end. Je loupe la moitié des cours, que je rattrappe chaque semaine auprès de mes collègues. Et je m’en sors très bien. Alors quand j’en vois qui pleurnichent parce qu’ils arrivent pas à suivre les cours parce qu’ils travaillent 15h/semaine, ça me fait doucement rigoler...
        Je n’ai pas commencé plus jeune parce que je n’étais pas mûr pour des études voilà tout ! J’ai actuellement 36 ans.

        "les faineant apprendront tout de meme qqch et ils auront aussi des restes de connaissance plus tard"

        Qu’ils le fassent, mais pas au frais du contribuable. Donner de l’argent à un étudiant qui en a rien à foutre, c’est jeter de l’argent par les fenêtres, car cet argent serait beaucoup mieux utilisé s’il était donné à un étudiant qui a un réel projet et une réelle motivation. Je ne dis pas qu’il ne faut pas donner de bourses, je dis juste qu’il ne faudrait pas les donner à n’importe qui sur simples critères sociaux.

        "avant on pouvait pas faire de credit pour etudier et si pour toi la fac est si facile tu devrais pouvoir convaincre un banquier"


        Je ne vois pas quel intérêt j’aurais à engraisser un banquier. J’ai un petit boulot, je me sers la ceinture, je bouffe des pâtes et voilà.


        "par contre pour le logement que tu trouve abordable a pau donne donc des prix et des details"

        Où est-ce que je parle de logements à prix abordable ?! Je dis juste (implicitement) que les prix du logement à Paris ne sont en aucune mesure comparables avec ceux pratiqués en province. Je donnais Pau à titre complètement indicatif. Pour ma part je suis à Strasbourg, qui n’est pas une ville spécialement réputée pour son locatif bon marché.


      • foufouille foufouille 6 mars 2008 15:52

        serieusement des petit boulot a la pelle c’est combien et quoi par raport au nombre d’etudiant

        il faut déjà commencer par en chercher, ça tombe pas tout cuit dans le bec !!!!

        ca c’est la propagande officielle. tu verras la vraie vie des chomeurs qui n’ont pas ta chance

        les etudes c’est pas gratuit non plus donc loyer + frais +transport + livre +++ ca finit par faire beaucoup. j’ait ete chomeur (2200f) de nombreuses annees et meme si l’on tient compte du fait que je suis handi dire que l’on s’en sort bien avec peu d’argent et des pates c’est ne pas regarder la realite en face

        Qu’ils le fassent, mais pas au frais du contribuable

        c’est coimme la secu. si on soigne les gens ils apportent un plus. apprendre meme peu, fera d’eux, plus tard des gens peut etre un peu moins cons ou beauf. pour avoir des bourses il faut quand meme passer le bac qui est tout de meme beaucoup plus bas qu’a notre epoque. on peut aussi dire qu’ils sont la pour les statisques.d’ailleurs si on met des criteres restrictif on revient au systeme ancien d’une elite.l’attribution sur criteres sociaux est aussi la pour faire un semblant d’homogeneite sociale

        ainsi le gouvernement peut dire : si ils ne sont pas enarque c’est de leur faute, nous on les a aides

        pour le logement, j’ai habite troyes en 95 loyer restant a payer 500 f revenu 2200 plus taxe plus elect etc. c’etait raide et aujourd’hui c’est bien pire


      • SciFi SciFi 6 mars 2008 18:12

        @Foufouille,

        "Les études, c’est pas gratuit" : çà, j’en sais quelque chose : lire mon témoignage plus bas.

        "sérieusement des petit boulot a la pelle c’est combien et quoi par rapport au nombre d’etudiant". Il n’y a pas vraiment de quantification. C’est opportuniste et ce n’est pas de "la propagande officielle".

        Personnellement, à l’époque, je n’ai jamais vu de listes d’entreprises offrant des boulots étudiants. Les emplois étudiants sont plus faciles à trouver dans le sens où l’entreprise sait qu’il y a une limite de temps à l’engagement (il ne faut pas confondre le marché de l’emploi avec les jobs étudiants). Pour en trouver en été, j’ai fait des démarches actives (aller dans les entreprises), et j’ai surtout trouvé grâce à un réseau de relations. Donc des jobs, il y en a, il faut se bouger et pour les trouver et parler autour de soi. Les conditions ne sont pas toujours simples : une fois, j’ai trouvé un job loin de chez moi (je n’avais pas de voiture, seulement un vélo). J’ai eu un entretien avec un entrepreneur. Cela a été probant. Je lui ai dit qu’il me fallait trouver de quoi loger pas trop loin. Il m’a répondu "Ce n’est pas mon problème. Si vous voulez le job, soyez là demain matin à 8 heures". Il était 17 heures. Je me suis démerdé et j’ai eu le job. Ce n’est pas évident, mais il faut savoir ce que l’on veut.

        En étant étudiant, il y a également la possibilité de faire du soutien scolaire à des lycéens. Ca rémunère bien si on le fait en direct, beaucoup moins bien si on le fait dans des structures (j’ai fait les deux). Ca, c’est facile à trouver. Si on est sérieux, le bouche à oreilles fait la pub.

        Lorsque je suis sorti des études, je suis arrivé en pleine crise dans mon (futur) secteur d’activité. J’ai répondu a des annonces sur la France entière, me suis rendu à des salons de l’emploi à Paris. Rien n’y a fait : trop loin et sans expérience. Ma motivation n’avait pas d’importance.

        J’ai finalement utilisé la même méthode que pour les jobs d’été : parler autour de moi. Quelqu’un qui connaissait quelqu’un savait qu’une entreprise cherchait près de chez moi. On m’a dit d’écrire en fournissant le nom de la personne que je ne connaissait pas. Cela m’a permis de décrocher l’entretien. La première question que l’on m’a posé, c’est : comment va la personne en question ? J’ai dit la vérité et on a embrayé sur l’entretien professionnel. Vu mon profil, le responsable savait que je finirait par chercher autre chose que ce qu’il avait à proposer et donc que je n’était pas le bon cheval sur qui investir. J’ai démenti, mais il avait raison et il le savait. Je lui ai demandé s’il connaissait des noms de personnes dans des entreprises susceptibles d’être intéressées : il m’a proposé de leur téléphoner directement. C’était plutôt sympa. Cela m’a permis d’être engagé par l’un de ces contacts pris à la volée. Donc : il faut se bouger et oser.

        Avant ce 1er emploi, j’ai connu quelques mois de chômage. Cela m’a permis de constater que l’ANPE n’était pas vraiment une structure pouvant m’aider (absence de classification sur mon secteur, peu d’annonces, et quand il y en avait, après avoir fait 1 heure de queue, le poste était pourvu via une autre agence).

        Concernant l’aspect culturel que vous abordez dans votre commentaire, désolé, vous vous trompez de structure. L’enseignement supérieur, lorsqu’il est financé par l’état pour raison sociale ou pour toute autre raison, n’a pas pour vocation l’enrichissement culturel de la personne, mais vise à offrir l’opportunité de faire un métier. Est-ce regrettable ? Peut-être. Mais savez-vous qu’il y a des problèmes de finances publiques dans le pays ? Actuellement, s’il y a des sous, il vaut mieux les donner à des personnes dans le besoin (petites retraites, etc.) plutôt que de financer des études de confort !

         


      • Leekid 6 mars 2008 19:53

        Merci SciFi, tu viens de me mâcher le travail. Pas grand chose à rajouter. Ton histoire illustre parfaitement ce que je voulais dire. Je vais juste réagir sur le point "les études ça coûte cher". Non, la vie coûte cher ! M’enfin, c’est pas un scoop. Avant de commencer les études, je vivais de petits sous-boulots au smic. A présent, pour financer mes études, je fais des petits sous-boulots au smic. Bref, la même chose sauf que je fais des études en plus. Mon train de vie a pas changé. Que tu sois étudiant ou pas, les factures, le loyer, etc., ça te tombe sur la gueule tous les mois. Les quelques dépenses supplémentaires engendrées par les études (inscription+livres en gros), c’est une fois par an et c’est parfaitement gérable, même avec un petit budget. Impacté sur l’année, c’est vraiment pas grand chose. Tout est question d’anticipation et d’organisation...du point de vue financier, comme du point de vue pratique.


      • SciFi SciFi 7 mars 2008 12:28

        Leekid, je soutiens que les études coûtes cher, dans le sens où le temps que l’on consacre à faire du fric pour les payer est nécessairement limité. C’est donc un choix et un investissement.

        Je suis parfaitement d’accord sur l’anticipation et l’organisation. Ce sont effectivement les maîtres mots pour réussir avec de faibles ressources. J’ai d’ailleurs constaté que je n’avais jamais été aussi efficace dans mes études que lorsque j’avais augmenté le temps consacré au travail rémunéré. Je passais moins de temps sur mes cours pour en retirer au final plus qu’avant.

         


      • Olivier Vial Olivier Vial 6 mars 2008 14:30

         

        A la remarque de leekid, sur le fait que je ne démontre pas dans l’article en quoi la loi LRU est un atout, je le concède parce que cela mériterait un autre article au moins aussi important : on peut toutefois relever quelques point :
        • la création des bureaux d’aide à l’insertion qui ont pour objectif d’accompagner les jeunes diplômés vers l’emploi (ce qui demeure la première préoccupation des étudiants) et de faciliter l’accès des étudiants à une offre de stages de qualité.
        • La possibilité de créer des fondations pour récolter des fonds. Cette disposition a souvent été caricaturée puisque certains ont voulu faire croire que cela conduisait à une privatisation de l’université. C’est faux. Avant la loi LRU, les entreprises pouvaient déjà financer les universités (grâce aux chaires d’entreprises) les fondations vont permettre de simplifier tout cela mais aussi de mieux l’encadrer et de mieux le contrôler. Rappelons que le CA des fondations est le même que celui de l’université et donc essentiellement composé de professeurs.
        • la possibilité offerte aux universités d’embaucher des étudiants pour assurer des missions d’accueils, de tutorats...
        Voilà un début de réponse

        • SciFi SciFi 6 mars 2008 14:33

          Je ne vais pas entrer dans la polémique que soulève l’auteur et me contenter d’apporter mon témoignage et quelques réflexions.

          J’ai fait partie des étudiants pauvres. Les ressources de mes parents ne leur permettaient pas de financer mes études, mais ils n’ont jamais cherché à m’en détourner. J’ai commencé à travailler l’été en usine à 16 ans (au SMIC et au black évidemment) et j’ai recommencé tous les étés, de la fin des cours d’une année au début de l’année suivante. J’ai conservé une partie de l’argent pour l’après-bac, l’autre partie pour me faire plaisir. Le travail d’été était insuffisant pour tout financer (logement, nourriture, fournitures, livres, sans oublier quelques sorties avec les potes, parce que quand même, il n’y a pas que le boulot dans la vie). Les ressources de mes parents me permettaient d’avoir une bourse. Bien sûr, à l’époque, toute augmentation des ressources se faisait au détriment du montant de la bourse et pour cette raison, j’ai continué à travailler au black. Le coût de la vie a fini par augmenter plus rapidement que les ressources que j’ai décrites et j’ai donné des cours à des lycéens en semaine et certains week-ends pour compléter.

          Au final, j’ai obtenu mes diplômes. J’étais motivé aussi bien par mon désir de faire le métier que j’avais choisi que de ne pas faire ad vitam aeternam ce que j’avais pu expérimenter l’été. Cette période m’aura appris très tôt à gérer mes ressources et mes priorités (j’ai toujours mis un point d’honneur à ne jamais jouer sur des découverts), et à être efficace dans ma façon d’apprendre pour dégager du temps dans le but de travailler ou de m’aérer.

          Ai-je été heureux sur la période ? Hé bien oui. J’ai fait mes choix et je les ai assumés. Cela ne m’a pas empêché de faire la fête de temps en temps et de rencontrer plein de gens intéressants. Le souci constant était l’absence de marge de manoeuvre financière en cas de pépin. Ca, c’était inconfortable.

          Il faut cependant constater que 1) J’avais une bourse. 2) J’avais droit à la cité universitaire. 3) J’ai fait mes études en province. Si mes parents avaient eu des ressources légèrement supérieures à la limite, la somme à réunir aurait été bien plus importante en raison de l’effet de seuil. Et là, je pense que j’aurais moins rigolé. Il y a des étudiants sont dans ce cas. Peu importe la proportion, ils existent. Etant donné l’augmentation des loyers ces dernières années, il y en a même forcément de plus en plus.


          • SciFi SciFi 6 mars 2008 15:57

            Olivier, je ne revendiquais pas. J’ai montré qu’il était possible malgré de faibles ressources et sous certaines conditions que l’on pouvait faire des études, les réussir et ne pas trop souffrir, même si l’accès a toute école n’est pas possible dans ce cas, soit pour des raisons de localisation géographique, soit en raison du ticket trop élevé. Une amélioration intéressante consiste à pouvoir cumuler une bourse et un emploi déclaré. J’ai montré également, que les effets de seuil peuvent vraiment mettre un étudiant en difficulté.

            Au sujet de la polémique, tous comptes faits, je vais en faire un peu.

            Les chiffres que tu décris ressemblent un peu au nombre de manifestants vu par la police face à celui exprimé par les syndicats (pas le tien, bien sûr). Je reconnais implicitement que tu as raison de chercher à corriger le tir, si le trait a trop été forcé dans l’autre sens. Mais comment être sûr de la validité de ceux-ci dès lors qu’ils sont annoncés par une organisation qui affiche une appartenance politique ? C’est également vrai pour les mêmes chiffres vus par l’Unef par exemple.

            J’ai souvent vu les syndicats à l’oeuvre au cours de mes études. Quels qu’ils soient, les discours sont aussi tendancieux que ceux des partis politiques qu’ils soutiennent : pour l’Unef, ce que fait la droite c’est mal, ce que fait la gauche c’est bien. Pour l’Uni, c’est la même chose, mais dans le sens inverse. Il suffit de faire un tour sur les sites des deux organisations pour le vérifier. De ce point de vue, rien n’a changé depuis que j’ai quitté la fac.

            J’aimerais voir des syndicats non politisés ou capables d’être critiques même si une proposition a été faite par un gouvernement du même bord. Préoccupés avant tout par le sort des étudiants et non par une implication idéologique. Capables, de droite comme de gauche, de se mettre autour d’une table pour discuter des désaccords et faire des contre-propositions pour améliorer les choses. La plupart des lois servies par les gouvernements (et l’actuel n’est pas le dernier sur ce point) sont mal ficelées. Pour autant, je trouve idiot de les rejeter en bloc ou de les approuver en bloc. Le chahut sur la loi Pécresse a bien montré ce que j’affirme. Tout le monde, à droite comme à gauche, est d’accord pour dire qu’il faut réformer l’université. La plupart du temps, l’université est hors compétition par rapport aux écoles d’ingénieur et ce n’est pas normal. De plus, il est désormais indispensable que les diplômes obtenus soient reconnus internationalement. Les syndicats étudiants de gauche (plus radicaux en l’occurrence que les partis politiques) ont cherché à la rejeter en bloc. Les syndicats étudiants de droite l’ont approuvée massivement.

            J’aimerais plus d’objectivité, moins de politisation, plus d’esprit constructif. Un exercice intéressant, tiens ! Pour changer, que l’Uni examine la loi Pécresse, trouve et expose en argumentant les aspects négatifs de la loi. Que l’Unef fasse la même chose dans l’autre sens. Je serai curieux de voir le résultat. Copie vide dans les deux cas ? Ou simple rejet de la proposition ?

             


          • Olivier Vial Olivier Vial 6 mars 2008 14:49

            Scifi, je ne crois pas que l’on ait à polémiquer. je partage les grandes lignes de ton témoignage. Les étudiants les modestes bénéficient d’un système que l’on peut améliorer mais qui demeure relativement efficace. Les problèmes les plus importants, ce sont les étudiants issus des classes moyennes qui les rencontrent. 

            Pour répondre à leurs besoins, il convient de proposer des solutions précises et ciblées comme par exemple la création de ticket restauration étudiante ou la mise en place d’un système de prêt garanti par l’Etat et à taux 0, comme le président de la république s’y est engagé. Le 14 janvier 2007, il décalarait : " Vous aurez le droit d’emprunter à taux zéro avec la garantie de l’Etat pour financer votre projet personnel et vous commencerez à rembourser cet emprunt à partir du moment où vous aurez obtenu votre premier emploi "

            Enfin, le logement étant un problème particulièrement important pour les étudiants, il faut accélérer le rythme des constructions de logements étudiants, en offrant la possibilité aux universités d’investir en la matière. Les crédits du plan campus (2,3 milliards d’euros) doivent en partie être consacrés à cela.

             


            • SciFi SciFi 6 mars 2008 15:58

              Olivier, J’ai dû me planter, ma réponse figure au-dessus de ton commentaire.

               


            • lavabo 6 mars 2008 17:41

              @ l’auteur : pour répondre au titre de votre article, c’est surement pas aux étudiants que ca profite.......

              Bon, sinon votre article et vos commentaires soulèvent de trop nombreux points pour être tous développés. Je me contenterai d’en commenter quelques uns :

              • les préoccupations des étudiants : ce sont les mêmes que tout le monde, on entend ca partout dans les médias, avoir un emploi (pas un métier, un emploi), avoir un toit et gagner des sous pour consommer.... bravo vive le lavage de cerveaux, et en plus ils sont heureux
              • les logements financés par les collectivités locales et les universités : ben voyons, les collectivités locales ont déja assez de soucis avec les logements sociaux tandis que les universités, vu l’état de délabrement de certaines d’entre elles.....
              • la possibilité pour les facs d’embaucher des étudiants : c’est nouveau ca, dans quel monde vivez vous ? elles le font déjà et pas par charité c’est plutot par manque de postes, les titulaires ayant rempli leurs heures.
              • La LRU ? à rejeter dans son intégralité......... objet d’un prochain article ?

              toujours plus de moyens, toujours plus de postes........

              ben oui c’est comme ca, et les syndicats (étudiants et personnels universitaires) ont raison de gueuler y a pas d’autres solutions.


              • foufouille foufouille 7 mars 2008 16:53

                @ leekid

                @scifi

                les petit boulot etudiant n’etant pas quantifie il est donc impossible de dire "il suffit de se bouger le cul", sinon on tombe dans le "les chomeurs faineant y ont qu’a se lever tot ya plein de travail". ce qui est qu’a l’ANPE, il n’y a meme pas assez d’offres pour tout le monde. vous vous avez reussi. ok. quand on parle de relations c’est du piston. vous etes tous deux bons gestionnaires et organises. ok. et vous "savez vous vendre". tout le monde est-il comme vous ?

                avez vous entendu parlez des autres, ceux qui se prostitue, ceux qui font des stages non payes ?

                "offrir l’opportunité de faire un métier" ? je ne savais pas que la fac s’orientais en fonction du marche de l’emploi

                si vous trouvez 0 emploi et que vous vous reconvertissez il s’agit bien de culture

                le dernier budget gouvernemental en equilibre date de 1976 (fillon)

                tout les gouvernement font pareil

                les petites retraites,... les excedents budgetaire ont toujours disparu mysterieusement

                les faineants ne sont pas rentables donc ils ne devraient pas avoir droit aux etudes

                en etendant cela a la secu : les malades non rentables (maladie genetique, sida, vieux qui ne produisent rien), n’ont a beneficier d’aides

                d’ailleurs c’est plutot 16de moyenne en zup = bep secretariat, autre zone = fac. si vous compreniez rien vous le diriez ?

                et au fait c’est combien un petit budget en moyenne ? les depenses supplementaire impacte sur l’annee ?

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