Après la Trierweiler, réhabilitons la pudeur
Dans le déballage public qui a cours en France, conséquence du psychodrame personnel de la Trierweiler, un acteur savoure en arrière-plan la chienlit française. Il s’agit de l’éditeur Arènes et de son comité de lecture. C’est une internaute qui le faisait remarquer sous mon article d’hier.
Le cynisme triomphant
« Les personnes qui ont contribué à la publication du livre me font penser à ceux qui montraient des femmes à barbe ou autres personnes spectaculaires dans le cirques ambulants autrefois. Nous considérons ces pratiques comme indignes, mais il se trouve des gens pour acheter ce récit d'une hystérie contemporaine. »
Ces protagonistes d’arrière-plan sont parties prenantes dans le déballage impudique auquel on assiste. Editeur et comité de lecture ont entouré la Trierweiler, l’ont soutenue à se jeter dans l’arène. Eux-mêmes n’y prennent aucun coup. Ils regardent de loin cette femme prise dans le bocal de sa furie, ils regardent François Hollande ouvrir et fermer sa bouche comme un poisson rouge, lunettes embuées, et sourient à ce spectacle tout en consultant le chiffre de ventes.
Le cynisme est total.
La liberté est la liberté. Cela reste fondamental. L’éditeur est libre d’éditer ce qu’il veut. La loi n’interdit formellement que les ouvrages racistes ou d’incitation à la haine. Elle limite aussi la possibilité de divulguer les vies privée d’autrui. Mais ici il aurait fallu intervenir plus tôt pour interdire le livre, ou déposer plainte. Ce que Sarkozy aurait fait mais qu’Hollande ne fera pas. Il reste sans vouloir ni pouvoir dire grand chose. Une forme de pudeur peut-être ? On ne peut lui attribuer que des bêtises et de l’impuissance !
Nouveau sondage désastreux
La vague retombera, noyant possiblement la poissonnière avec le poisson. L’épisode laissera cependant des traces profondes. Un premier effet est le sondage paru aujourd’hui réalisé par l’Ifop pour le Figaro : Marine Le Pen battrait François Hollande au deuxième tour en 2017. Cela en dit long. « François Hollande se promettait d'apaiser la France, il l'a mise en ébullition. Quand le peuple a l'impression d'avoir été berné, il se venge. Et se jette donc dans les bras de Marine Le Pen », analyse Paul-Henri du Limbert dans l'éditorial du quotidien conservateur. »
La transgression sur la vie privée est d’une rare violence. Violent, le comportement de la dame. Violente, la chute du monsieur, dont les mauvais choix et les manières peu élégantes l’emportent avec le tsunami. Sans le considérer en victime - après tout il n’avait pas le pistolet sur la tempe - je me demande ce qu’il a subi et comment il a pu supporter cette gorgone. Peut-être par opportunisme. Elle, femme visiblement ambitieuse, l’a possiblement poussé vers le sommet. Elle avait un grand média derrière elle et ne serait pas concurrente à la présidence. Au vu du caractère de la dame, était-ce prévisible ? De ce que l’on voit d’elle, de ses tweets, il ressort une personnalité et un comportement ancrés. Elle a le droit et l’intime liberté de se comporter comme elle l’entend. Mais on a aussi le droit de se poser des questions. Lui, s'il était sous le charme, n'a peut-être rien vu. C'est plus facile quand on n'est pas concerné.
Par ce livre une forme de violence, qui restait jusque là dans la sphère privée, est maintenant légitimée dans la sphère publique. Le mélange est total et tout n’est plus que spectacle. Un spectacle qui détourne des problèmes du pays, un spectacle de rue où l’on est sur le cul devant tant d’audace et d’impudeur.
Liberté et responsabilité
Je suis et reste profondément attaché à la liberté individuelle. Mais je pense que l’on devrait réhabiliter la pudeur, dans le comportement. Il y a des domaines qui ne doivent pas être jetés en pâture. On peut parler publiquement de soi, de questions même intimes, si cela sert objectivement un débat de société, et si des précautions sont prises - comme de poser une limite à l’exposition personnelle. Jetons loin les Ardisson et autres animateurs télé narcissiques qui demandent à leurs interviewées si elles sucent.
On ne doit pas étaler sa vie privée - et encore moins celle de l’autre - dans la rue. Ni aux médias. Ni aux amis. 5 minutes de célébrités font des ravages. Il n’y a plus nulle part de protection. La confidence devrait être réservée aux rares amis très proches. A moins de rester dans une vague généralité ne causant aucun tort à celui ou celle dont on parle. Souvent ces confidences révèlent une communication ratée dans le couple. Je ne veux pas accentuer cela.
Si la Trierweiler se revendique du féminisme, et donc de la prise de parole de la femme(si les femmes étaient vraiment silencieuses, ce que je ne crois pas), alors je pense que l’éducation ancienne des garçons à garder leurs émotions pour eux était une bonne chose, et que l’on devrait penser à y revenir. Les hommes font bien de prendre sur eux. Ils ne devraient pas non plus tendre une oreille trop complaisante à certaines femmes quand elles sont déçues. C’est certes une manière de draguer (« enfin un qui m’écoute ! »)mais les femmes devraient savoir que ce voyeurisme masculin n’est pas du respect, contrairement aux apparences. Certaines femmes promptes à exposer leur désappointement devraient réfléchir avant de parler à des amis ou amies dont la fiabilité et l’ouverture de coeur n’a pas été vérifiée. Si l'on est sonné par la violence de l'étalage actuel en France, réhabilitons la pudeur.
Réhabilitons la pudeur, par respect de nous-mêmes et par respect de ceux et celles dont nous partageons la vie.
Précédemment sur le même sujet :
23 réactions à cet article
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Je propose à Mme Trierveiller d’éditer une version pour - de 5 ans de son bouquin avec le titre « A poil le président » ... :))
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Bonjour, Hommelibre.
« Quand le peuple a l’impression d’avoir été berné, il se venge. Et se jette donc dans les bras de Marine Le Pen »
Ajoutons : ... et se repaît avec gourmandise des écrits d’une harpie bafouée qui cherche à se venger, quitte à détruire ce qui restait encore de la stature d’un homme d’état, et cela sans se soucier un instant de ce que sa plume fielleuse peut avoir de nuisible pour la fonction présidentielle.
On peut ne pas apprécier l’homme Hollande, ou détester ses choix politiques (ce qui est mon cas), mais je suis sidéré que tant de ses adversaires anonymes se saisissent de propos invérifiables pour enfoncer celui qu’ils considèrent comme un élu à faire tomber.
Je parle ici d’« adversaires anonymes » car les caciques politiques (de gauche mais aussi de droite)et les éditorialistes des grands médias qui connaissent un minimum personnellement Hollande non seulement ne hurlent pas avec la hyène, mais défendent le président.
Le fait est qu’un peu de pudeur ne ferait pas de mal !
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Bonjour, Oncle Archibald.
Vous avez raison, j’ai voté Hollande au 2e tour après avoir voté Mélenchon au 1er. Et si c’était à refaire, je recommencerais, Sarkozy étant encore pire, à bien des égards, que Hollande pour la population de notre pays.
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La Trierweiler...comme vous dites (quel respect pour les femmes que l’on traite comme de la merde)...Je plains votre femme.. !
Elle ne fait que renvoyer l’ascenseur à l’étron de l’élysée.. !-
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Selon l’auteur, La loi n’interdit formellement que les ouvrages racistes ou d’incitation à la haine...
Pourrait-il expliquer alors pourquoi le Coran et la Torah ne sont pas des livres interdits ?
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En ce qui me concerne, les choses sont extrêmement claires...
Le président de la république est entouré d’« experts » en communication qui sont payés pour présenter une image positive dudit président quelle que soit sa personnalité. Bref, des conseillers qui sont prêts à tromper les « citoyens » que nous sommes.
Nous avons une personne qui, par un livre, cherche à réduire à néant cette image qui pourrait être fabriquée de toute pièce. Le seul problème : comment savoir si elle ment ou non ?
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Je suis en total accord avec l’auteur.
Par ailleurs, ce torrent de haine qui se déverse sur Hollande me sidère. C’est extrêmement facile sur son clavier, souvent en ayant des idées très approximatives sur la gouvernance d’un pays, de vomir, de détester...pourquoi pas le pendre haut et court ? A mon avis, Hollande apparaît pour ces « courageux » comme peu dangereux (on se méfiait de Sarkozy le teigneux, surtout les médias), alors on y va avec entrain.
Je suis vieux, mais le spectacle actuel me confirme que la médiocrité est en train de submerger le pays, La Treirweiler apporte sa contribution efficace et l’avènement de la famille Le Pen serait l’apothéose du bordel ambiant. J’imagine avec terreur la suite...
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« Réhabilitons la pudeur, par respect de nous-mêmes et par respect de ceux et celles dont nous partageons la vie. »
Et pas seulement pour nos proches...Lorsque vous entendez, dans la sphère publique, des propos intimes clamés dans un téléphone portable, les colères, les confidences salaces, les mufleries et les grossièretés, cela devient insupportable pour des gens normaux, et nous courrons le risque que tous ces déballages se banalisent et deviennent la normalité.Cette affaire lamentable ne mérite pas un seul battement de cils. Non. Ce qui est inquiétant, c’est la banalisation de ce genre d’affaire. Et surtout le mélange de choses qui ne vont pas ensemble : la politique, le sexe et la vie privée.J’ajoute (mais je suis de la vieille école) que les enfants des protagonistes de cette pantalonnade doivent être bien mal à l’aise devant tant de caca boueux... Je ne voudrais pas être à leur place.Bon texte Hommelibre, je vous salue.-
La vieille école a du bon, Cevennevive. Et si le temps qui passe nous a concédé un peu de sagesse, alors il nous incombe de la transmettre maintenant, pour tenter de recadrer un peu cette banalisation.
Bien à vous. -
@l’auteur
tes désirs ou tes souhaits n’empêcheront jamais le déroulement des évènements , petits ou grands-
Cela ne m’empêchera jamais de proposer plus d’éthique et de respect de la vie privée.
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En cette ère 2.0 de ruptures signifiées par texto, de photos intimes confiées à la très relative confidentialité du « Cloud » ou encore d’états d’âmes diffusés et « likés » à la vitesse de la lumière par ces foules anonymes d’« amis » ramassés sur le net, quoi d’étonnant au déballage médiatique des turpitudes sentimentales et intimes de l’ex couple présidentiel.
Publiquement et mondialement ridiculisée par son livreur de pizza favori, Mme Trierweiller nous vend maintenant contre monnaie sonnante et trébuchante sa version républicaine de « la vengeance d’une blonde ». Je ne suis pas amateur, mais le niveau de vulgarité n’excède pas la lune de miel à Disney Land obligeamment fournie aux médias par le précédent locataire de l’Élysée et sa chanteuse de variété.
Digne des meilleurs contes de Chaucer, cette farce me choque bien moins que la trahison par ce même président et son parti, sitôt élus, des électeurs et des promesses de campagne, que cette mascarade politique d’une prétendue « gauche » inscrite dans la droite continuité de la Pensée Unique néo-libérale, que cette usurpation du qualificatif « $ociali$te » par les bêlants adeptes du bréviaire friedmanien, que la misère et la ruine où cette politique - qui n’est pas qu’Hexagonale - précipite les peuples d’€urope et de la planète.
Tout fout le camp : on peut certes rêver de réhabiliter la pudeur dans l’espace public, mais cela me semble surtout relever du voeu pieux ! Je prends pour ma part le parti d’en rire : hors déballage par la justice des innombrables casseroles laissée par la feu « république des copains », on n’en a que trop peu l’occasion par ces temps propices autrement au désespoir.
Seul bémol à mon hilarité, sortis comme un lapin du chapeau, ces « sans-dents » dont je suis. Car si j’ignore l’identité du très méprisable inventeur de ce « bon mot », je n’en rêve pas moins de lui faire définitivement ravaler toute sa morgue jusqu’à manquer d’air à jamais. Et je ne doute pas que ma colère et - disons-le - ma haine soient sur ce point très largement partagées !
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« ... des innombrables casseroles laissées ... »
Sorry ! -
dans la simple formulation « la » Treilweilfer, il y a tout le mépris du prétendu homme libre pour les femmes : ce mec a un problème puy, et rien d’autre...
pour lui, toutes les femmes sont malfaisantes, dauf sa mère peut-être, qui l’a éleve entouré de femmes seulement, d’où le problème du gourou de la plante des pieds...qu’il se soigne et cesse de prendre le web pour son divan....-
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Revois ton français : on dit aussi La Poison, ou Le Caravage. C’est la marque d’une personnalité hors du commun, ignare.
Toi tu écris « Treilweilfer »... à cheval ? N’écris pas après l’apéro, tu vois le résultat...Impayable, Momo le facho.
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es hommes font bien de prendre sur eux. Ils ne devraient pas non plus tendre une oreille trop complaisante à certaines femmes quand elles sont déçues. C’est certes une manière de draguer (« enfin un qui m’écoute ! »)
c’est de la prose de comptoir de bistrot comme tenue ...-
C’est toujours mieux que ta prose de chiottes et ta tête de noeud purulent, Momo le facho.
Et t’occupes pas de ma mère où ton petit pavillon va changer de couleur... -
Garance 8 septembre 2014 12:42Je voudrais faire remarquer à l’auteur que les 13 % d’opinions « favorables » au Bouffi ont été communiqués AVANT l’Affaire Trierweiler
Ce qui augure mal que cela les fasse remonterLes « Gens » sont si bêtes.....Ce qui je dois bien l’avouer n’est pas pour me déplaire
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Ouaip... Ça me rappelle une chanson de Bécaud : « Et maintenant, que vais-je faire... ? ».
Prémonitoire, non ? Faudrait lui offrir...
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