Attend-on de nouvelles victimes sur le "Rachel-Corrie
Encore une fois, l’Europe tergiverse. Dans l’affaire du convoi naval organisé par Free Gaza, l’Europe apparait de nouveau comme inopérante. Terne. Nulle.
Nos députés continuent leur petit bonhomme de chemin comme si rien ne se passait autour d’eux !
Ont-ils suffisamment de sens politique pour tenter d’influer sur la diplomatie européenne ?
Ont-ils l’intention de donner du coffre au traité de Lisbonne ?
Le « Président » a-t-il l’intention de nous faire croire un jour que son travail l’intéresse ?
Quant à la « Ministre » des Affaires Etrangères prendra-t-elle sa place avant de prendre sa retraite ?
Pourtant, malgré ces constatations objectivement exactes, et c’est une première, très rapidement, Mme Ashton est "intervenue".
C’est si rare que cela a réjoui les commentateurs et certains députés de Strasbourg : la « responsable de la politique étrangère de l’Europe » condamnait du bout des doigts l’action pirate d’Israël et demandait une enquête internationale... israélienne !
Ça peut paraître curieux de demander à l’agresseur, et à lui seul, les raisons de son agression quand on connait les antécédents de l’agresseur.
Dingue, non pour un ensemble de pays qui est baigné sur plusieurs milliers de kilomètres par la Méditerranée et qui veut apparaître comme une force politique !
Ce qui est plus ennuyeux, c’est qu’à ma connaissance, en dehors des interventions individuelles de plusieurs députés européens -dont certains étaient d’ailleurs à bord des bateaux arraisonnés-, l’Europe, que ce soit par la voix de son parlement, par celle de son président, ou par la voix du chef de l’État qui assure la Présidence, personne n’a dit quelles étaient les actes que l’Europe avait l’intention de mettre en œuvre pour contrer ces opérations de piratage à répétition. Les déclarations n’ont pas été suivies de décisions. De décisions !
Oui, ne nous voilons pas la face : ce qui vient de se passer dans les eaux internationales de l’Est de la Méditerranée, se passe très régulièrement : les forces maritimes israéliennes arraisonnent très régulièrement des bateaux de toutes nationalités dans les eaux internationales.
J’insiste, ce n’est pas le hasard : c’est l’habitude.
Ce qui change cette fois-ci, dans le paysage, c’est le contexte de violence d’un état qui apparait aux yeux de tous comme un état pirate et le coup de gueule de la Turquie !
Curieusement, lorsque que les Nations Unies, après la dernière guerre entre le Hezbollah et l’armée israélienne ont mis en place un dispositif de surveillance entre le Liban-sud et Israël, une force maritime "ONU" a été déployée.
Il ne s’agissait pas de contrôler ce que faisait la flotte israélienne -vous plaisantez- mais tout simplement d’enrayer, les « potentialités » de trafic d’armes à destination du Hezbollah. Je recherche jusqu’au jour d’aujourd’hui les statistiques montrant combien de bateaux israéliens ont été contrôlés par cette force et à l’inverse combien de bateaux à destination du Liban ont été contrôlés par les mêmes bateaux de la paix !
Eh oui, parce que nous ne sommes plus dans la situation de 1982 ou de 1983 où, pour garantir la vie sauve à Yasser Arafat, à la suite de l’écrasement de ses forces à Beyrouth et à Tripoli, la -seule- marine française s’était mise en position pour garantir la sortie du leader de l’OLP.
Un acte politique qui, comme l’on sait, a permis quelques années plus tard, Yasser Arafat ayant échappé à la capture israélienne, de négocier des accords de paix dont chacun sait qu’ils n’ont, malheureusement, pas abouti. Mais ces négociations ne sont pas le propos.
Bref, en 1982-1983, une armée, française, -l’Europe n’avait pas le niveau qu’elle a aujourd’hui- a commis un acte politique qui a permis pendant plusieurs années de faire avancer les choses sur l’échiquier du Proche-Orient.
Cet acte politique était un également acte militaire : clairement !
Aujourd’hui, cette force politique, cette force militaire, cette force navale existe à l’échelon européen : elle a été créée en 1995. Elle est composée des marines de quatre pays : la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Elle est actuellement commandée par les Portugais. Mais elle n’est pas fermée, elle peut s’étendre ne serait ce que conjoncturellement à d’autres partenaires.
Cette marine c’est l’Euromarfor.
Les missions de cette force sont définies par la déclaration de Petersberg qui dont les termes sont inclus dans l’article 17 du traité de l’Union Européenne :
-
les missions humanitaires et d’évacuation
-
les missions de maintien de la paix
-
les missions des forces de combat pour la gestion des crises y compris les opérations de rétablissement de la paix
Ces missions figurent bien évidemment dans le traité de Lisbonne sur lequel on nous a sollicité. Et qui, paraît-il, doit être mis en œuvre... un jour !
Dès lors on s’étonne : qu’est-ce que c’est que cette Europe des rodomontades qui s’organise sur le papier et qui, la crise commencée, se dégonfle lamentablement. Et ne met pas en route les processus qu’elle a identifié et analysé !
A-t-on peur d’une confrontation armée avec Israël ?
Pense-t-on que l’état hébreu ira à la confrontation navale avec l’Europe ?
Si j’en crois les informations qui sont notre possession collective, les citoyens d’un certain nombre de pays d’Europe ont été pris en otage par l’État d’Israël dans une zone internationale sans tenir compte de la législation en vigueur : un écrivain suédois à succès, trois députés allemands, un ancien ambassadeur, des médecins et des dizaines de journalistes pour ne pas parler - ils m’en excuseront - « de la piétaille militante ».
Au moment où j’écris ce texte, Israël, continuant sur sa lancée, menace de procéder aux yeux de tous, à la même prise d’otages sur un nouveau bateau européen, irlandais, sur lequel se trouve un prix Nobel de la paix et un ancien ambassadeur des Nations Unies.
Alors je pose la question, de façon à bien comprendre : comment se fait-il que la force navale européenne que je viens d’évoquer ne se porte pas au secours de ce bateau -dont je suggère qu’il porte officiellement son pavillon et pas seulement le pavillon irlandais- pour lui permettre d’arriver à bon port dans les eaux territoriales palestiniennes jusqu’à Gaza.
L’Euromarfor peut agir sur un mandat de l’Europe, sur un mandat des Nations Unies, sur un mandat de l’OSCE et même sur un mandat de l’OTAN !
Alors, toujours pour bien comprendre, est-ce que l’Europe considère le blocus de Gaza comme illégal ?
Est-ce que l’Europe, considère Gaza comme faisant partie de la même Palestine que Ramallah ?
Est ce que l’Europe va continuer à investir systématiquement en Palestine sans condamner d’un vrai coup de poing Israel qui tout aussi systématiquement détruit ce que l’Europe construit ?
Est-ce qu’une des missions de l’Europe n’est pas de soutenir ses ressortissants lorsqu’ils sont menacés de kidnapping -comme cela a été annoncé- par des pirates fussent-ce des pirate membres de l’ONU ?
Est-ce que l’Europe considère qu’il y a des victimes du piratage différentes selon que les bateaux sont capturés au large de la Somalie ou au large de la Palestine ?
Est-ce que la mer Méditerranée autorise la violation des règles internationales ?
Etc....
Si l’on donnait corps à toutes les déclarations des uns et des autres, lues, vues ou entendues au quatre coins de l’Europe, il est clair que les bateaux de l’Euromarfor seraient déjà en route pour sauver l’équipage irlandais et ses passagers.
Malheureusement il n’en est rien.
Personne, aucun politique européen, n’a encore donné d’ordre aux militaires de remplir cette mission humanitaire. Où sont les pilotes ?
Reconnaissons les faits : Curieusement, la force elle-même -L’EUROMARFOR- a sans doute disparu de la mémoire de ceux qui l’ont inventée et proposée : je n’ai pas entendu une seule référence à cette possibilité du traité de Lisbonne et qui a donc été voté à la fois par certains citoyens et par les parlements respectifs de nos états : alors, définitivement impuissante l’Europe !
Oui, impuissante l’Europe !
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