• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Au firmament du talent...

Au firmament du talent...

Irma, une émotion intense incarnée en une jeune artiste capable de transporter n’importe quelle âme vers les contrées si inaccessibles du beau, est la comète qui annonce l’entrée du monde musical dans le 21e siècle.

La pureté de sa voix est comme celle du diamant qui a longtemps été préservé des impostures glorieuses installées aux sommets de la renommée. Elle a la brillance naturelle des précieuses cachées dans l’humilité anonyme et la puissance de l’authenticité qui subjugue, fragilise, traumatise. Irma, une émotion intense incarnée en une jeune artiste capable de transporter n’importe quelle âme vers les contrées si inaccessibles du beau, est la comète qui annonce l’entrée du monde musical dans le 21e siècle.

Grattant sa guitare ou domptant les notes de son piano, elle produit avec une simplicité déconcertante des mélodies exceptionnelles, s’appropriant merveilleusement des succès que l’on pensait inimitables, renvoie du coup leurs interprètes d’origine dans les placards de l’oublie. Irma semble avoir toujours été « sur la route » du génie, née pour « être une rockstar », mieux une légende dans le panthéon de ces illustres prédécesseurs, Eric Clapton, Tracy Chapman, Django Reinhardt, Michael Jackson, ces géants qui ont donné un autre sens à la musique en repoussant les limites de la magnificence auditive. Le potentiel de cette jeune fille venue de ce carrefour humain qu’est Douala, melting pot des influences culturelles de la sous-région, s’exprime avec une intelligence toute empreignée de subtilité et de douceur. Que ce soit en rêvant d’un monde meilleur dans sa « Letter to the Lord » ou en s’offrant timidement dans « Love you », elle parvient à faire prendre conscience que trop longtemps les esprits enchaînés à la nullité ambiante, des spectres hantant les charts désormais royaumes des détritus vocaux, ont perdu le goût des choses vraies. 

Arrivée en France à l’age où l’on rêve d’histoires à l’eau de rose, Irma du haut de ses quinze ans composait déjà dans l’ombre de ses idoles ses premières mélodies. Défiant sa timidité, elle met en ligne ses vidéos sur Youtube, et doucement le phénomène devient incontournable. La comète Irma lancée, portée par l’euphorie populaire des internautes, va traverser les cieux de MyMajorCompagny, battant au passage un record en réunissant en quarante huit heures seulement les soixante dix mille euros nécessaires à la production de son disque. Elle est sans conteste la révélation de cette année, car au-delà de la singularité de son talent, il se dégage de cet artiste une sincérité rare, touchante et bouleversante. Un désir d’aller à l’écoute de soi-même, un besoin de s’étonner et de se trouver, une envie de l’agréable s’installe durablement en écoutant ses doigts fins valser avec les cordes de sa guitare ou caresser les touches délicates d’un piano dont on devine la satisfaction d’être dompté par un tel talent. Il y a des rencontres dans la vie qui transforment, Irma est de celles là qui remplissent de bonheur, laissant au bas coté du train-train quotidien les lourdeurs musicales qui prennent souvent en otage un monde de moins en moins exigeant. Il ne faut pas un matraquage, un harcèlement sonore pour succomber au charme de cette voix exceptionnelle, les premières secondes suffisent pour y être condamner à perpétuité.

Dans un système de plus en plus mafieux où la cupidité et l’artificiel se sont érigés en règle d’or, Irma apparaît comme une révolution du bon sens, à même de construire autour d’elle un ordre musical plus ambitieux. En cela, elle porte le souhait dissimulé d’un changement profond et nécessaire à une industrie qui n’a plus grand-chose d’artistique. Du folk pop à la soul music, elle écume les univers comme pour fuir une certaine catégorisation, une sorte de fer rouge planté sur le front comme une condamnation à rester à la même place. Et à reproduire à l’infini les mêmes schémas. Irma croit en l’universalité du rythme et du texte, à la portée individuelle et plurielle des mots. Les barrières sont faites pour être franchies, les chaînes pour être brisées. C’est toute la force de son interprétation. De « New Soul » de Yael Naim à « Heal the world » de Michael Jackson, cette capacité à donner une dimension à la fois intimiste et ouverte aux « covers » est palpable. On devine la maturité précoce de ce talent en s’accrochant au lyrisme de « Somehow », œuvre personnelle pleine de générosité, en même temps que l’on espère pour elle un somptueux « Happy ending ». 

Le monde est d’une brutalité indicible. Le sang, breuvage des puissants, coule à flot dans chaque injustice. Beaucoup ont attrapé « l’ivresse du désespoir », certains ont préféré rentrer dans le moule et se laisser formater, mais les plus téméraires tentent de croire encore en la réversibilité de la situation. Un forme d’audace mais aussi de folie. Quelque part dans ce tumulte où se manifeste les sentiments les plus primaires, c’est-à-dire les plus primitifs, la musique, du moins ce qu’il en reste, tient une place marginale. Elle tente tant bien que mal d’adoucir les mœurs barbares et d’humaniser la bête humaine. Irma incarne pleinement cet espoir d’humanité. Sa musique a une telle personnalité qu’elle transcende les fatalités existentielles pour ajouter de salutaires couleurs à ce tableau grisâtre. Charismatique, elle s’empare des tristesses enfouies afin qu’elles deviennent des symphonies du cœur et de l’espérance. Il faudrait un millier d’Irma et une foi plus grande qu’un océan pour arriver à sauver le monde. Personne n’est dupe, mais l’utopie est ce qui permet de survivre quand tout finit par avoir la même consonance. 

Mais déjà dans la voûte céleste de la renommée où s’étiolent une multitude d’étoiles, une lumière éclaire cette mer obscure, filant avec une aisance édifiante d’un bout à l’autre de l’univers artistique, elle va à la conquête des hommes. Irma est cette comète d’un genre nouveau, présageant le meilleur face à la déchéance totale d’une musique souillée par le profit et la vulgarité. Elle est le soleil dans le firmament du talent. 


Moyenne des avis sur cet article :  3.29/5   (7 votes)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Les thématiques de l'article


Palmarès