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Accueil du site > Tribune Libre > Autopsie d’un fiasco ?

Autopsie d’un fiasco ?

En dehors du fait que cette expression toute faite ait servi à presque tous les sujets, Libération, qui l’utilisait hier ("Israël : Autopsie d’un fiasco"), se trompe à mon avis complètement. Les réactions internationales auxquelles on assiste étaient totalement prévisibles, et il me semble logique de croire qu’Israël a soigneusement pesé et calculé son acte avant de le commettre.

L’Etat hébreu aurait certes pu bloquer le bateau en brisant ses hélices, ou en tendant des filets, en capturant sans blesser personnes les militants à leur arrivée dans les eaux territoriales. Ce genre de mésaventure n’aurait certainement pas découragé d’autres équipées de Retenter le coup en perfectionnant la technique. Je pense qu’Israël a fait volontairement preuve de sauvagerie pour dissuader quiconque de réitérer l’expérience.

Il s’agit probablement d’une stratégie qui consiste à accepter les récriminations internationales le temps qu’elles s’expriment, puis qu’elles disparaissent. On connait la puissance de l’amnésie médiatique : qui se rappelle encore qu’Haïti est de fait sous occupation militaire depuis le tremblement de terre de janvier dernier ? Qui interroge la superpuissance les raisons de ce déploiement ? Qui suit encore ce sujet ?

Tant que les Etats-Unis continuent de soutenir Israël, ce dernier peut continuer d’agir comme bon lui semble en tout impunité, y compris d’assassiner des militants pacifistes, ou de capturer et enlever des individus dans les eaux internationales pour en faire des otages ou les mettre dans des prisons secrètes, ce que fait régulièrement Israël selon Noam Chomsky. Autopsie d’un fiasco ? Certainement pas. L’opération, du point de vue israélien, s’apparentera à un succès tant que personne n’osera retenter le coup...

Par ailleurs, j’aimerais bien savoir pour quelle raison la France s’est abstenue aujourd’hui lors du vote de l’ONU sur la mise en place d’une enquête internationale.

Il est probable que Monsieur Sarkozy, joignant l’acte à la parole, renforce sa position de vassal des Etats-Unis, aux antipodes des conceptions gaullistes.
 

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8 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 3 juin 2010 10:56

    Bonjour,

    L’hypothèse d’un acte calculé est en effet à prendre en considération et je vois que je ne suis pas le seul à l’avoir évoquée


    • Shaytan666 Shaytan666 3 juin 2010 11:17

      C’est un fait que c’est tout à fait volontaire, tout comme d’ailleurs l’exécution de Dubaï, les Israéliens ne sont pas des manchots et quand ils planifient une opération, ils pèsent le pour et le contre, si la balance pour eux est positive et bien ils y vont.
      Et de l’opinion mondiale ils s’en contrefichent comme de leur première kipa.


    • AniKoreh AniKoreh 3 juin 2010 11:23


      « Je pense qu’Israël a fait volontairement preuve de sauvagerie pour dissuader quiconque de réitérer l’expérience. »

      Parfaitement, Raphaël. Il s’agit de l’application d’’un précepte fondamental, et constant chez les sionistes, formulé sans exception par tous les leaders, passés ou présents, en Israël. 

      Ceux qui ont contesté ce postulat, ceux qui ont ont rêvé l’empathie avec le peuple palestinien, et ont prôné le dialogue et la paix, sont ostracisés comme « juifs ayant la haine d’eux-mêmes » - c’est le cas de nombre d’intellectuels progressistes -, ou emprisonnés - comme le scientifique Mordechaï Vanunu -, ou même assassinés - comme Itzaak Rabin.

      - « Israël devrait être comme un chien enragé, trop dangereux pour qu’on le contrôle. » - Moshe Dayan. 
       
      - « Nous devons combattre le Hamas comme les Etats-Unis ont combattu les Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. » - Avigdor Lieberman, actuel ministre des Affaires étrangères, faisant allusion à l’usage de la bombe atomique.


      • AniKoreh AniKoreh 3 juin 2010 11:52


        Voyez-en la confirmation ici même avec les commentaires des laudateurs patentés d’Israël, Shaytan et Gelone.. Dans le sionisme, il y a encore une palette de nuances.

        Mais ils sont parfaitement d’accord - les assassinats ciblés, les commandos qui défouraillent à tout va, les bombes au phosphore sur Gaza - tout leur est miel, et justifiable au nom du précepte du « chien enragé ».

        Allez, une dernière citation pour la bonne bouche, toute récente :

        - « Israël a la capacité d’atteindre la plupart des capitales européennes avec ses armes nucléaires . (..) Nous possédons plusieurs centaines d’ogives atomiques et de fusées et pouvons atteindre nos cibles dans toutes les azimuts, et même Rome. La plupart des capitales européennes font partie des cibles potentielles de notre Armée de l’air ». - Martin Van Creveld, professeur d’Histoire militaire à l’Université hébraïque de Jérusalem.

        A bon entendeur... !


        • goc goc 3 juin 2010 12:06

          @ anikoreh
          tout a fait d’accord avec vous

          le seul problème que les sionistes ont oublié, c’est qu’a ce jeu, un jour la riposte pourra bien être a l’égal de cette tactique car la barbarie appelle la barbarie.
          et si un jour les palestiniens reprennent le contrôle de leur pays, je pense qu’on assistera a des règlements de compte sanglants ou la vengeance sera la seule motivation.
          L’histoire se répète souvent, d’ailleurs ce que font les sionistes aujourd’hui n’est bel et bien que la barbarie sioniste répondant à la barbarie nazi, alors une barbarie palestinienne répondant à la barbarie sioniste.. c’est le chemin que prend ce régime fanatisé et lobotomisé, et ce de façon inéluctable.


        • AniKoreh AniKoreh 3 juin 2010 12:12



          - « Nos forces armées ne sont pas au trentième rang, mais au deuxièmes ou troisième rang mondial. Nous avons la capacité de détruire le Monde avec nous, et je peux vous assurer que cela arrivera avant qu’Israël ne disparaisse ». - Du même Van Creveld, toujours, qui préconise par ailleurs la déportation complète des Palestiniens...

          - « Les Palestiniens doivent tous être expulsés. Les gens qui luttent dans ce but (au sein du Gouvernement israélien) attendent simplement la venu de la  »la bonne personne au bon moment”.«  

          Ce Docteur Folamour nous aura donc gentiment  »prévenu" (comme Tsahal dans les heures précédants l’abordage du Mavi Marmara..) : gare à quiconque prétendrait s’y opposer ! Licence to kill !!



          • pilhaouer 3 juin 2010 15:52

            Quelle image veut-on donner en nommant plomb durci" une opération qui se solde par 1300 morts, essentiellement des civils dont 400 enfants.
            Israël produit en fait plusieurs images : nous sommes des victimes et donc excusables, nous sommes assiégés comme à Massada, mais nous serons inflexibles et sans états d’âme.

            Et le procédé est toujours le même. D’abord la force cruelle et implacable qui choque, puis de gentils garçons ou une jolie blonde vont expliquer que ce qui est arrivé n’est pas de la faute du gvt israélien qui a été contraint de riposter.

            Les états de service de l’unité d’élite qui est intervenue le 31 mai et les moyens techniques existant ainsi que la longue liste des crimes antérieurs et le positionnement du gvt israélien actuel devraient faire douter de la possibilité d’une bavure.


            • AniKoreh AniKoreh 3 juin 2010 18:05


              L’auteur de romans policiers suédois Henning Mankell était à bord d’un des bateaux qui se rendaient à Gaza. Libéré par les Israéliens, il est rentré chez lui. Dans cet article, traduit par le Courrier International, Il rapporte la façon dont l’assaut a été mené par les commandos israéliens :

              L’intervention israélienne, racontée par Henning Mankell


              Henning Mankell a été l’un des premiers Suédois relâchés par les Israéliens. Le Dagens Nyheter l’a rencontré chez lui, dans le centre-ville de Göteborg. Il est installé sur le canapé de son bureau, vêtu de noir et portant les chaussettes bleues données par la compagnie aérienne. Tous ses effets personnels ont en effet disparu lorsque les soldats israéliens ont pris d’assaut le navire à bord duquel il se trouvait pour tenter de rallier Gaza.

              L’écrivain raconte qu’après avoir passé 72 heures sans fermer l’œil, il a enfin pu dormir tout son saoul et qu’il se porte bien en dépit des circonstances. En revanche, il nourrit une grande colère à l’égard des événements, du gouvernement et de l’armée israélienne. « Jamais Israël n’a été autant condamné dans le monde. L’État hébreu s’est enfermé dans une impasse. Le monde aujourd’hui n’est plus celui qu’il était la semaine dernière », assure-t-il.

              « Ce qui me travaille beaucoup, c’est la stupidité israélienne. S’ils avaient voulu nous stopper sans perdre la face, ils n’avaient qu’à détruire les hélices ou les gouvernails et remorquer les navires vers le large. Mais s’engager consciemment dans une confrontation violente et tuer des gens, cela me dépasse », ajoute-t-il.

              Puis il raconte ce qui s’est passé à bord. « J’étais de quart de minuit à trois heures. C’était calme. Je suis allé me coucher, mais je n’ai pas eu le temps de m’endormir car quelqu’un est venu me dire qu’il se passait quelque chose. Nous avons vu des hélicoptères qui larguaient des hommes et nous avons entendu des rafales. Il était alors 4h30. À 4h35, ils ont pris notre navire à l’abordage. Nous étions réunis sur la passerelle, et ils nous ont dit de descendre à l’intérieur du bateau. Il y en a peut-être quelques-uns qui ont pris un peu leur temps et ils se sont immédiatement fait tirer dessus avec des pistolets type Taser. Un autre a reçu une balle en caoutchouc », explique-t-il. « Au bout d’un moment, un soldat cagoulé est venu nous dire qu’ils avaient découvert des armes. Et ce parfait crétin est arrivé avec mon rasoir et un cutter qu’il avait trouvé dans la cuisine. Puis il a déclaré qu’il devait nous emmener avec lui, car nous étions des ’terroristes’ ».

              Lorsqu’on lui demande s’il a eu peur, Henning Mankell répond par la négative. « Je n’ai pas particulièrement peur pour ma personne. Je peux toujours m’appuyer sur l’expérience de la violence que j’ai rencontrée en Afrique. Néanmoins, il subsiste toujours la peur d’être maltraité, même si je savais qu’ils savaient qui j’étais. C’était clair », affirme-t-il. Dans l’attaque, le romancier a perdu, entre autres, son ordinateur, son téléphone portable, son portefeuille et ses cartes de crédit. Il n’hésite à traiter les militaires israéliens de voleurs.

              La veille du départ, il avait travaillé sur le manuscrit de la quatrième partie de la série télévisée sur Ingmar Bergman qu’il est en train d’écrire. Sur la suite à donner à cette affaire, l’écrivain a son idée. « Naturellement, il faut envisager sérieusement de traîner Israël devant la Cour pénale internationale, mais je crois qu’il est important de traiter une chose après l’autre », explique-t-il, et d’ajouter que : « Je vends beaucoup de livres en Israël et je vais voir si j’interdis la traduction de mes livres en hébreu. En même temps, je ne veux pas toucher les mauvaises personnes, donc il faut que j’y réfléchisse ».

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