• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Avènement du Livre numérique 2.0 : Adieu le livre papier ?

Avènement du Livre numérique 2.0 : Adieu le livre papier ?

« Man Build no structure outlives a book » ; « Aucune structure créée par l'homme ne survit à un livre »

 Eugene Fitch Ware (1841-1911).

 

 Le Salon du livre d'Alger (Sila) a drainé comme d'habitude, les foules des inconditionnels. On y trouve de tout. De ceux qui viennent voir sans acheter, de ceux qui viennent acheter sans voir, certaines fois en quantité et, naturellement, de ceux qui attendent qu'on leur offre le livre. On dit même que les ministres prennent le temps de lire... Cependant, on sent tout de même que l'édition est à la peine. Les encouragements ne seraient pas suffisants et l'édition algérienne n'a pas les moyens de son ambition car parasitée par les importations de livres moins taxées.

 " Je méditerai, tu m'éditeras. " Cette délicieuse boutade de Voltaire explique mieux que mille discours la communauté de destin de l'éditeur et de l'auteur... Le livre vieilli disparaitra-t-il ? Un écrivain et un éditeur qui ne travaillent plus ne sont pas productifs bien longtemps. Ces deux professions sont absolument indissociables l'une de l'autre. Cette civilisation de l'éphémère aura -t-elle raison du papyrus, du parchemin qui ont résisté au temps pour nous proposer à la place un livre numérique, langage binaire, qui présente le lourd handicap d'être imaginaire, labile ?

 Pourtant il semble qu'aux Etats-Unis, le livre numérique dépasse le livre papier. Nous lisons une contribution de Rue 89 : " Un cap a été franchi : pour la première fois au premier trimestre 2012 aux Etats-Unis, les ventes de livres numériques ont dépassé en valeur les ventes de livres papier. Selon le site ZDnet.fr qui rapporte ces chiffres, les ventes de livres électroniques ont augmenté de 28% par rapport au premier trimestre 2011, pour atteindre 282,3 millions de dollars (227 millions d'euros) générés. Les éditions traditionnelles en papier ont quant à elles enregistré une augmentation nettement inférieure, à hauteur de 2,7%, pour atteindre 229,6 millions de dollars (184 millions d'euros). Seul le secteur des livres pour enfants échapperait à cette évolution, selon le site. Ces chiffres confirment la tendance enregistrée il y a déjà dix-huit mois sur le site de vente en ligne Amazon, à l'origine de la liseuse numérique Kindle, et qui avait déjà vu les courbes de vente se croiser au profit des livres numériques. Depuis, le nombre de supports de lecture numérique s'est démultiplié, en particulier avec le succès de l'iPad d'Apple. Ces derniers jours, Microsoft et Google ont chacun annoncé le lancement de leur propre tablette numérique, destinée à concurrencer l'iPad, sur laquelle il sera notamment possible de télécharger et de lire des livres. (..)C'est évidemment la diffusion des tablettes et liseuses qui génère les achats de livres en ligne. Chaque période de fêtes voit ainsi le nombre de liseuses croître de manière considérable, et l'offre de livres s'étoffer.(1)

 Pour Hubert Artus et Pierre Haski : " La question n'est pas nouvelle : le livre électronique va-t-il tuer le livre papier ? (...) Lancé à grand renfort de publicité le Kindle permet de télécharger en wifi (contrairement au Reader de Sony qui doit être relié à un ordinateur), un livre entier à moins de dix dollars (ça ne se passe pour l'instant qu'aux Etats-Unis), d'en stocker jusqu'à 2000, de faire des recherches de mots ou de phrases sur tout le livre, de recevoir aussi son journal ou son blog favori, et le tout dans un confort de lecture et de navigation apparemment agréables. (...) D'entrée de jeu, Amazon offre un catalogue de 88 000 titres, et a poussé les éditeurs américains à numériser tous leurs nouveaux livres. Partant de ce constat, les auteurs s'interrogent si la bataille est perdue pour le livre papier : " S'agit-il seulement d'un beau gadget à 399 dollars opportunément lancé à la veille de Noël ? Ou bien s'agit-il réellement du début d'une révolution technologique qui, comme le MP3, va transformer tout un secteur, celui de l'édition, de la librairie, en un mot, de la lecture ? Voire, conduire à l'extinction de l'impression papier, comme le pronostiquent quelques gourous techno. Les avis sont partagés sur l'ampleur de cette révolution. (...) Pour le P-dg de Grasset, Olivier Nora, le papier restera pour de longues années encore le support privilégié de la littérature. La numérisation des livres est primordiale. " Pour avoir téléchargé quelques classiques, j'ai été stupéfait de ce qu'elle facilitait dans une optique de recherche : détection d'occurrences, relevé d'indices stylistiques, navigation accélérée à l'intérieur du texte... Et je n'ose pas imaginer, en termes d'intertextualité, ce qu'une bibliothèque numérique, intégrant au passage la production contemporaine, ouvrirait comme possibles. " (2)

 " Pour une fois que la technologie se met au service de la littérature, je n'ai vraiment pas envie de cracher dessus. Mais ceci pose effectivement problème, notamment dans le cas du roman. La littérature n'est ni divisible, ni " résumable", de la même façon que les films, la musique ou le spectacle vivant ne le sont pas. Toutefois, qui s'indigne aujourd'hui du chapitrage des films en dvd ? Je suis le premier à regretter cette atomisation de l'art. Dans notre société liquide, nos " livres brisés" (pour reprendre Serge Doubrovsky) sont des grumeaux. (...) Je continuerai à défendre la littérature comme rempart nécessaire à la société de la vitesse et des flux. Dans la mesure des forces et des faiblesses de mon écriture, je m'évertuerai à garantir l'autonomie de mes romans, leur continuité, leur valeur. " (2)


Ceux qui sont pour la mort du livre

 Lire, lire, lire, ce n'est pas ça l'important ? Avoir envie de feuilleter un livre, et le feuilleter. Entendre parler d'un auteur, et se mettre à lire le premier chapitre dans la foulée. Tant de désirs de lecture se perdent faute de trouver leur objet. Est-ce un hasard si les Archives nationales ont choisi... le papier et l'encre comme " supports longue durée " ? La mort du livre papier ? Qui s'en plaindrait dans ce cas ? Ce sont les arbres -qui sont sacrifiés pour fabriquer du papier- qui vont être contents du fait que la nature est préservée. Et puis les lecteurs car les livres au format électronique (PDF, CHM, Html) sont moins chers, ils ne se dégradent pas au fil du temps, ils sont copiables (ordinateur de bureau au travail, laptop à la maison, etc.), pas besoin de les transporter sous le bras dans les transports en commun, ils tiennent sur une clé USB (50 grammes au lieu de 3 kg), et puis ils sont livrés instantanément en téléchargement immédiat (au lieu d'attendre une à deux semaines). Il ne s'agit pas de connection wifi mais d'une technologie type 3G => le " livre numérique " est toujours disponible pour se remplir de nouveaux contenus, et n'a pas besoin d'ordinateur. A la différence du téléphone, cette connexion est gratuite et illimitée. Les chapitres 1 sont tous en accès libre, d'où des découvertes gratuites. Un bol d'air frais face aux livres en piles. Le dico intégré est compris, c'est même une encyclopédie.

 Enfin ! vive l'e-book, on pourra télécharger toute la littérature du monde gratuitement sur les p2p ! Nous rapportons ci-après les réactions nuancées d'un libraire pourtant concerné au premier chef, il met en garde contre la " fausse gratuité " : " Etant éditeur, je suis pour ma part absolument favorable au livre électronique, car ce qui compte avant tout est le contenu et sa diffusion. Qu'importe le flacon... Ceci étant, il est peu probable que ce support, s'il est correctement géré, supplante le papier. L'informatique, d'une manière générale, n'a pas remplacé le papier, puisqu'au contraire, elle a plutôt tendance à en générer.

 Par ailleurs, il restera toujours un noyau dur d'inconditionnels du papier. C'est donc au modèle économique qu'il faut prendre garde. Si le but est, comme le disent ici certains lecteurs, d'aller vers une absolue gratuité, qu'ils prennent garde au retour de bâton. Alors, s'il s'agit de proposer sous format numérique des oeuvres existantes ou à venir, telles qu'elles seraient publiées en papier, et que toute la chaîne continue de gagner sa vie, c'est une initiative que les éditeurs ont intérêt à soutenir. S'il s'agit, via un téléchargement gratuit, de proposer des écrits bruts de décoffrage, n'ayant subi aucune correction, je vous invite à parcourir un manuscrit de Blaise Pascal (entre mille autres), pour vous rendre compte de ce qui vous attend. "


Les inconditionnels du livre papier

 On a beaucoup parlé de la bibliothèque numérique et des dissensions de la France avec Google qui voulait numériser à tour de bras. On dit qu'après réflexion et malgré le tapage du livre numérique, les Archives nationales françaises ont choisi... le papier et l'encre comme " supports longue durée " ? Certains s'interrogent sur cette nouvelle forme de lecture dans la durée. Comment ferez-vous pour relire en ".pdf " Les Misérables de Victor Hugo dans 800 ans ? Il semble que les lecteurs, qui achètent des livres en " veulent pour leur argent " car, c'est un investissement. Ils apprécient les livres, ils aiment les feuilleter, les ranger, les perdre, les prêter, les déchirer, les jeter, peu importe... ils ont acquis une chose concrète - un livre - et cela ne peut se comparer à l'acquisition d'un titre MP3, puisque la musique par nature, se passe de tout support, ni à celle d'un fichier d'info en PDF ou DViX, puisque l'info évolue sans cesse, est accessible partout, et n'a pas d'autre valeur que celle de son contenu.

 Nous proposons au lecteur quelques appréciations d'un auteur anglais qui défend le livre :
" Les collections de livres rares ne sont-elles pas condamnées à l'obsolescence à présent que tout est disponible sur Internet ? Google emploie des milliers d'informaticiens mais, pour autant que je le sache, pas un seul bibliographe. Les livres ont aussi des odeurs particulières. Selon un sondage récent auprès d'étudiants français, 43% d'entre eux considèrent l'odeur comme l'une des qualités les plus importantes des livres imprimés....


Quelles seraient les conséquences du développement du livre numérique ?

 Les collections de livres rares sont un élément vital des bibliothèques de recherche, élément le plus inaccessible à Google. Les bibliothécaires expurgent leurs rayonnages des journaux, soutient-il, parce qu'ils sont mus par une obsession erronée du gain de place. Et ils s'abusent eux-mêmes en croyant que rien n'a été perdu parce qu'ils ont remplacé les journaux par des microfiches. Le livre numérique, qui viendra compléter la grande machine de Gutenberg, non s'y substituer. (3)

 Aymeric Monville, directeur des Éditions Delga en France, dresse un réquisitoire sans concession de la marchandisation de la culture par l'introduction du cheval de Troie constitué par les TIC. Pour lui c'est la mise à mort du livre papier, des métiers du livre... et des lecteurs. Nous lisons : " Après le coup de pied de l'âne du gouvernement que représente cette augmentation sournoise de la TVA sur le livre, l'on a vu, à juste titre, les libraires monter en première ligne. (...) Mais il faut aussi savoir que le métier de libraire est également menacé par les offensives pour imposer le livre numérique, dont on parle moins, de peur souvent de passer pour "technophobe". Ce respect inconditionnel pour tout ce qui est nouveau, véritable fétichisme de la marchandise, pousse même à présenter comme une panacée l'équipement des librairies en appareils permettant de commander des livres numériques, en nous faisant croire que le libraire continuerait à jouer un rôle de conseiller auprès de la machine, alors que, à terme, c'est la librairie qui est menacée de disparition. " (4)

 L'auteur décrypte la genèse de ce sourd combat : " Cela fait plus d'une dizaine d'années que l'on cherche à imposer par le marketing, des tablettes numériques souvent plébiscitées par un public qui n'a qu'un rapport lointain au livre. (...) Le problème, c'est que le livre numérique induit d'autres pratiques touchant toute la chaîne du livre : - la fragilisation de la librairie, maillon le plus faible de la chaîne du livre ; - la concentration accrue de la chaîne du livre entre les mains de quelques géants, leur monopole permettant une augmentation des prix à terme et une désertification de la production éditoriale ; - le changement des pratiques de lecture, et par là, du rapport au texte. " (4)

 Il prédit la mort du livre si on persiste dans cette voie : " Bref, le terminal portable et les fichiers qu'il permet de consulter, ce qu'on appelle abusivement "livre numérique", ne peuvent déboucher que sur une chose, si par malheur ce produit se développait : la mort du livre. Et en même temps de tout le "peuple du livre" : libraires bien sûr, mais aussi imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, magasiniers, représentants (les premiers lecteurs des livres après les directeurs éditoriaux), bibliothécaires, éditeurs, etc., et au final... auteurs et lecteurs. Cela peut, à terme, entraîner un changement de société mais également une véritable mutation anthropologique. (...) Les grandes firmes le savent bien et ont tout intérêt à vouloir remplacer la lecture attentive par "l'animation machinale" dont parlait déjà le philosophe Michel Clouscard (le Capitalisme de la séduction). " On nous dira qu'on peut, avec un livre numérique, "se balader avec une bibliothèque sur soi". L'essentiel dans l'affaire, c'est qu'avoir une bibliothèque sur soi, ce n'est pas forcément "savoir lire". Et "savoir lire", ce n'est pas seulement être alphabétisé. "Savoir lire", cela demande du silence, du calme et bien sûr du temps pour soi. On le comprend, défendre la librairie, les bibliothèques, la variété éditoriale, le livre papier, c'est le front le plus important contre l'aliénation.(4)

 Par nostalgie, par fidélité ou simplement par réalisme, je pense pour ma part que le support papier est bien loin de tomber en désuétude. Le livre relié quelle soit sa matière première, a encore de beaux jours devant lui quelles que soient les avancées technologiques. Les livres sont notre histoire, la preuve concrète de ce que nous sommes. On en reparlera dans 200 ou 300 ans, s'il reste quelque chose de cette planète, peut-être. Il est bien toujours là et moi je prédis la mort du gadget électronique bien plus rapidement. Le livre papier a trop d'avantages par rapport à ce gadget, c'est pas comme ça qu'il va disparaître.

 L'heure n'est pas à la reddition. L'écriture et la lecture dépasseront - toujours - les accros au binaire. D'autres l'ont dit avant moi et mieux que moi : il y a une relation " sensuelle " avec un livre en papier qui ne saurait exister avec un kindle... et quelle joie d'errer sans fin chez les bouquinistes ou dans les librairies à la recherche du livre rare. Cette nostalgie n'est pas indexée, a besoin d'un support palpable et non du 0 et du 1. Les livres, on peut les prêter, on peut les laisser sur un banc public, on peut en offrir et en recevoir. Le livre, c'est du lien. C'est le dernier lien, il faut y tenir. L'hibouc, (l'e-book) c'est la solitude. " J'ai toujours imaginé que le paradis était une sorte de bibliothèque " disait Jorge Luis Borges. Je suis d'accord.

 

1.http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/06/28/aux-etats-unis-le-livre-numerique-depasse-pour-la-premiere-fois-le-papier

2http://www.rue89.com/2007/11/25/amazon-presente-son-kindle-vers-la-mort-du-livre-papier

3.Léo Mabmacien http://bibliomab.wordpress.com/2011/02/03/lapologie-du-livre-par-robert-darnton-non-le-livre-papier-nest-pas-mort/

4.http://www.humanite.fr/tribunes/vers-la-mise-mort-du-livre-papier-des-metiers-du-livre%E2%80%A6-et-des-lecteurs-495065

Professeur émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (9 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Deneb Deneb 1er octobre 2012 10:09

    « il y a une relation » sensuelle « avec un livre en papier qui ne saurait exister avec un kindle... »

    Oui, la relation sensuelle de palper, soupeser, effeuiller .... Mais, pour cette relation sensuelle, est-il vraiment important ce que le livre contient ? L’action de lire est-elle d’ordre physique ? Quand la lecture est un divertissement, est-il vraiment indispensable de mobiliser une industrie onéreuse avec ses structures bureaucratiques complétement dépassées et à côté de la plaque, rien que pour la petite caprice de tripoter ? Puis, quand la lecture est un travail, le fait de pouvoir intégrer un ouvrage dans son système informatique pour faire des recherches, extraire des citations etc..., n’est-ce pas un brin plus pratique qu’avec les outils classiques : recopiage (source d’erreurs), photocopie, les ciseaux et la colle. Un livre, ça n’occupe pas beaucoup d’espace, mais pour 1000 livres, on doit prévoir une pièce spéciale, qui aurait peut-être pu loger quelqu’un. Alors que sur un disque de 1TO coûtant dans les 100€, grand comme un livre de poche, on peut stocker plusieurs centaines de milliers d’ouvrages.
    Ah, c’était le bon temps, quand on se déplaçait en calèche, avec la bonne odeur des crottes. C’est clair qu’en voiture, on n’a pas la même sensation de voyager. Mais on va tout de même plus loin, ce qui n’est pas négligeable.


    • lharmas 1er octobre 2012 12:56

      « Ah, c’était le bon temps, quand on se déplaçait en calèche, avec la bonne odeur des crottes. C’est clair qu’en voiture, on n’a pas la même sensation de voyager. Mais on va tout de même plus loin, ce qui n’est pas négligeable. »

      Plus loin ? Non, plus vite. Si vite, qu’on va plus souvent loin.
      Ca devient si facile d’aller vite et loin que nombre d’automobilistes le font deux heures par jour, matin et soir. Consacrent même une à deux heures de leur salaire quotidien au financement de ces trajets. Trois heures par jour sacrifiées, pour aller vite et loin.
      Quel progrès !

      « 1000 livres nécessitent une pièce spéciale »

      1000 livres c’est un petit pan de mur, sur 30 cms. d’épaisseur. Hors la bibliothèque de travail, ou celle du bibliophile quel est l’intérêt d’avoir 1000 livres ?

      Un livre ça se donne, s’échange, se vend, ou se recycle pour les mauvais ou les trop usés.

      Beaux livres, livres anciens ou rares sont un patrimoine et peuvent se céder le jour où la vie joue un mauvais coup. En attendant quel plaisir de voir une belle basane du XIX eme, toucher du vergé, sentir son odeur - s’imprégner d’une époque, lire et ressentir à la fois.

      Un Jean de Bonnot (beau livre moderne) revient à peu près au même prix que son équivalent au XIXeme siècle.

      Moins, mais mieux telle est ma préférence.

       

      ps : Comme les I-machins, les liseuses seront à renouveler tous les deux ans, les industriels s’arrangeront pour que ce soit nécessaire, les fichiers seront piratés, et au final, tous comptes fait les grands couillons seront : les lecteurs et les petits auteurs.

       

       


    • Deneb Deneb 1er octobre 2012 13:34

      lharmas : « Plus loin ? Non, plus vite. Si vite, qu’on va plus souvent loin. »

      Vous n’avez pas l’impression de vous contredire, là ? Non m’enfin oui, quoi.

      "Trois heures par jour sacrifiées, pour aller vite et loin.
      Quel progrès !« 

      C’est le progrès démographique qui a entraîné la nécessite du progrès technique. Si tout le monde pouvait trouver du travail dans son quartier, ou si tout le monde pouvait travailler chez soi, la possession et l’usage d’un véhicule personnel deviendraient superflus. 

       »Un livre ça se donne, s’échange, se vend, ou se recycle pour les mauvais ou les trop usés"

      Ca peut se bruler, aussi, pour se réchauffer en hiver, par exemple. En effet, c’est utile...

      "Beaux livres, livres anciens ou rares sont un patrimoine et peuvent se céder le jour où la vie joue un mauvais coup. En attendant quel plaisir de voir une belle basane du XIX eme, toucher du vergé, sentir son odeur - s’imprégner d’une époque, lire et ressentir à la fois.« 

      C’est beau, on dirait la madeleine de Proust. On a aussi plaisir à admirer les anciens ouvrages manuscrites, recopiés laborieusement lettre par lettre par des moines soumis à leur tâche Mais on pourrait dire la même chose de tout autre meuble ou bibelot. C’est un peu nier au livre sa spécifique fonction première : stockage de l’information. Est-il alors vraiment nécessaire d’en produire autant aujourd’hui, mobiliser des ressources de manière de plus en plus subventionnée, avec une industrie moribonde, alors qu’on peut porter 10 000 livres dans sa poche sur une clé USB.

       »Comme les I-machins, les liseuses seront à renouveler tous les deux ans, les industriels s’arrangeront pour que ce soit nécessaire, les fichiers seront piratés, et au final, tous comptes fait les grands couillons seront : les lecteurs et les petits auteurs."

      Des liseuses, c’est juste une mode avant l’arrivée d’une meilleure technique universelle d’affichage comme ce fut lorsqu’on a passé du tube cathodique aux cristaux liquides. Personnellement je lis les livres au format PDF sur mon smartphone ou sur l’ordi portable - je ne crois pas à l’évanescence soudaine d’un format universel style PDF.


    • hunter hunter 1er octobre 2012 12:11

      Salut à tous

      Je ne suis pas contre le livre numérique, mais en ce qui me concerne, j’ai une mauvaise vue, je lis beaucoup, et lire sur des écrans me flingue les yeux et me file des migraines.

      Ça serait bien que les deux cohabitent en fait, avec peut-être un avantage au numérique, et dans ce cas pourrait peut-être se développer un système d’édition à portée plus humaine (genre des petits ateliers ça et là), où on pourrait imprimer (pour ceux qui le veulent), avec des formats jolis et élégants, pour pas trop cher.

      Parce que les livres qu’on imprime de nos jours sont généralement laids :c’est de l’objet de consommation (même s’il y a de moins en moins de lecteurs) de masse, vite mis en page, vite imprimé, bref pas terrible.

      Vous l’aurez compris, j’aime bien les vieux bouquins, avec de jolies reliures, du papier un peu jauni, bref du bouquin qui a vécu quoi !

      Par contre c’est vrai que pour lire les merdes produites actuellement, genre M..c L..y ou G......e M...o, en version électronique, c’est largement suffisant ! Là c’est clair, c’est du gaspillage de ressources végétales.

      H/


      • Abou Antoun Abou Antoun 1er octobre 2012 12:25

        C’est quoi cette nouvelle manie de foutre 2.0 à toutes les sauces et dans tous les articles ?
        Savez-vous au moins ce que cela signifie ?
        Si le ’qualificatif’ 2.0 a un domaine où il ne s’applique pas c’est bien à tous les documents statiques comme les livres numériques par exemple.


        • velosolex velosolex 1er octobre 2012 13:36

          Bon article.

          L’informatique est le rêve enfin réalisé des technocrates de tous poils.
          Je ne parle pas du gentil internet qui permet de se connecter entre citoyens bien éduqués, mais de l’autre, celui qui nous passe si facilement dans une société totalitaire.

          On aurait bien tort de délimiter le champ des valeurs de façon trop systématique.
          Le rapport au livre, et il faut le dire aussi, à l’écrit, est sensiblement le même depuis quatre mille ans maintenant, et on nous propose de descendre tout ça à la cave, en vous disant que tout cela n’est pas si grave, une sorte de conflit des générations, cette histoire éternelle du combat entre les anciens et les modernes.

          Un seul et ça suffit pour faire disparaitre des bibliothèques entières.

          Les pages d’Orwell que tous les censeurs voudraient bien supprimés.

          J’ai en effet bien peur que le lecteur soit remplacé par le lecteur numérique, sans odeur, sans corps et sans esprit, cliquable et jetable d’un clic de souris.


          • Deneb Deneb 1er octobre 2012 14:25

            Vélosolex : "Le rapport au livre, et il faut le dire aussi, à l’écrit, est sensiblement le même depuis quatre mille ans maintenant, et on nous propose de descendre tout ça à la cave, en vous disant que tout cela n’est pas si grave, une sorte de conflit des générations, cette histoire éternelle du combat entre les anciens et les modernes."

            Pas quatre mille ans, juste depuis l’imprimerie, et encore, ça s’est vraiment popularisé il y a à peine plus d’un siècle, avant très peu de gens possédaient les livres. En revanche, l’écrit, lui, il a bien 4000 ans. Mais l’écrit n’impose pas le support, je vous ferai remarquer que l’écrit le plus durable ne l’est pas sur papier, mais gravé dans la pierre.


          • velosolex velosolex 1er octobre 2012 15:42

            Duneb

            C’est vrai, bien peu de gens avaient accès au livre, mais néanmoins ils savaient que celui existait, que la parole était gravée, et dans ce sens, les stèles avant l’invention du papyrus, et les tables de la loi des hébreux ont sans doute installé durablement dans l’inconscient collectif le caractère divin et éternel du livre, qui ne s’use même pas, même et surtout si l’on s’en sert !

            Et c’est bien là que le bat blesse, ( métaphore muletière restant d’un animal admirable, costaud et économique, qui sert encore à toute une partie de l’humanité ) : Un livre, pour cette société du fric et du jetable, offre tous les défauts qui sont pour certains de nous autant de qualités évidentes : Inusable, transmettable, reproductible, ne nécessitant aucune énergie une fois produit, n’offrant pas de possibilité de retour et de manipulation du texte une fois imprimé.

            Pour vous débarrasser de quelqu’un, diabolisez-le, ringardisez le : C’est pour ça qu’on ne parlera pas de ses qualité évidentes, et de sa symbolisation dans l’imaginaire, qui ne sont tout de même pas rien.

            Je me souviens de cette photo des soviets, prise en 1917 ; chacun avec son fusil, sa cartouchière, et arborant un livre levé en l’air. Aucun d’entre eux ne savaient lire, mais dans ce geste, ils affirmaient leur modernité, leur espoir, leur volonté de culture et de progrès.
            A travers le livre, et l’apprentissage de la lecture, apanage des clerc et des seigneurs, ils avaient bien compris que ce jouait leur sort, et que la révolution pouvait changer la donne.

            Révolution confisquée, sans doute, mais ce jour là le geste est magnifique, et vaut sa part d’intelligence, de clairvoyance, qui sera celle aussi des défenseurs de l’école publique en France.
            Je dérive c’est vrai un peu, mais quand on parle du livre, et de l’écrit, on parle de la culture, bien sûr, et on ne peut que s’interroger sur l’évolution des choses.

            Notre rapport aux livres s’est construit sur tant de générations et d’histoire, que j’ai bien peur que son remplacement par le numérique ne soit que marginal, et l’amputerait de toute une saveur et une langueur qui en ferait irrémédiablement disparaitre la substance, tant notre propre histoire est impliquée dans la grande, le passé et les concepts de transmission du savoir.

            Car la nourriture n’est pas qu’une question de calorie. Il y a un rite, une tradition, des couverts, des gens qui vous font face dans cette exercice social et gourmand, afin qu’il ne soit pas qu’une simple étape de l’alimentation, et un exercice masturbatoire et desséché propre à vous faire devenir anorexique, .


          • yanlankou 20 février 2013 20:28

            "Jamais vingt volumes in-folio ne feront de révolution ; ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont à craindre. Si l’Évangile avait coûté douze cents sesterces, jamais la religion chrétienne ne se serait établie. Voltaire"

            c’est une croyance courante de se dire que le numérique, ce grand satan, va anéantir tout savoir, toute réflexion. c’est ce qui a été dit de l’écriture quand elle a commencé à se répandre chez des peuples de tradition orale et cela a été dit à chaque changements de supports et lors de l’invention de l’imprimerie. alors, non, le rapport à l’écriture n’est pas resté le même en 4000 ans, et non, un illetré qui brandi un bouquin qu’il ne comprend pas, ce n’est pas un progrès. (il est étrange que vous ne fassiez pas le lien entre ce russe brandissant un bouquin qu’il ne comprend pas, le fait qu’il laisse d’autre lire et réfléchir à sa place et le fait que cette révolution ait déparée vers l’oligarchie)


          • Piere CHALORY Piere Chalory 1er octobre 2012 15:15

            Bonjour à tous, @l’auteur,


            Vous faitres bien de poser la question, le livre numérique remplacera t-il le livre papier ? Peut être, mais ce n’est pas demain la veille. Le livre papier est irremplacable, un peu comme les disques vinyls. Pour avoir mis en ligne il ya peu un ebook sur Kindle Amazon, je peux vous dire que le seul intérêt pour moi est d’avoir pu (relativement) facilement, et surtout gratuitement mettre en ligne un livre qu’on peut télécharger instantanément.

            Mais surtout, il ne faut pas oublier les possibilités d’intégrer images, même vidéos dans un ebook. Pour pas un centime de plus. Dans le cas de la présentation d’oeuvres d’art par exemple, imaginez combien coûte un exemplaire imprimé en couleur, l’éditeur réfléchira à 2 fois avant d’en lancer une production, sauf à compte d’auteur évidemment. 

            Le coût d’un ebook est nul, donc évidemment l’intérêt commercial en est démultiplié, mais c’est comme pour les éditions papiers, si vous voulez vendre vos ebooks, vous avez intérêt à connaître la web communication, les réseaux sociaux, toutes ces choses dont je me suis toujours éloigné, viscéralement. Aujourdh’ui, je m’apercois qu’à moins de payer quelqu’un qui s’occuperait de la com,
            obligatoire si on veut rentabiliser, il faut se former au référencement de site, et accepter de devoir perdre x heures tous les jours sur Twitter, Facebook & co. 

            La question du mal aux yeux devant l’écran est aussi rédhibitoire pour certains. Tout n’est pas rose dans l’ère numérique.



            • velosolex velosolex 1er octobre 2012 15:49

              Il va de soit que l’écrit numérique à a place, et permet une démocratisation de l’accés à l’information.
              Mais qu’on fasse cette révolution pour profiter l’occase pour faire « table rase du passé »,
              et peut -être bien pour autant de l’avenir, pour peut qu’on tire leçon de l’histoire de l’humanité, et de son infinie variété qui se rétrécit à vue d’œil, il n’y a qu’un pas que certains font déjà d’un coup de botte !


            • chems eddine Chitour 1er octobre 2012 17:08

              A Deneb


              Je ne vous connaissais pas sous cet angle et ma fois j’apprécie vos commentaires. La sensualité n’est pas un Package donné une bonne fois toute.- Il y a tout de même le fond - notamment quand on a affaire à un navet- mais ceci n’obère en rien le capital sympathie pour le livre papier. 
              Pour la petite histoire, je possède encore mes livres du lycée ( livres de poches ) et les pièces de théâtre qui étaient obligatoires à la belle époque . Même bouffés aux mites, je continue à les cajoler... Je dois certainement radoter...


              Pr.C.E. Chitour

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès