Beigbeder et Bern : têtes de gondole
Deux best-sellers qui, hélas, selon nous, n’ont pas raison d’être...
Tandis que Marc Levy fait de la Résistance (on vous reparlera de lui très vite, promis...), que Musso et Kennedy se battent désespérément pour les premières places des meilleures ventes, j’ai lu le best-seller qui les écrase tous : Au secours, pardon, de mon ami Frédéric Beigbeder, qui sort chez Grasset début juin - car, maintenant, la rentrée littéraire se passe en juin, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. (Je dis « mon ami », car il fut une époque où Fred - je l’appelais ainsi, cavalièrement - était un type BCBG qui disait encore bonjour et dont la tête passait toujours par la porte du Flore, où nous déjeunions souvent ensemble, jadis.) Que vous dire ? C’est certes cocasse, provocateur, éblouissant. Il s’agit de la suite des aventures rocambolesques de l’horripilant Octave (héros de 99 francs), qui part en Russie débusquer la top-model du siècle. Las ! Le pauvre Octave est beaucoup moins crédible et terriblement peu troublant quand il se tape des gamines de 14 ans, dont la petite Léna, qui en fait 12.
N’est pas Humbert Humbert qui veut. Beig aurait dû réviser son Nabokov.
Extrait, page 281 :
« Elle n’avait pas besoin de s’épiler le sexe puisque ses poils n’avaient pas encore poussé. »
Et dire que Plon avait enfin obtenu un prix littéraire digne de ce nom (Goncourt des lycéens 2006) avec le puissant roman de Leonora Miano, Contours du jour qui vient, ce qui nous avait donné l’espoir fou, quelques instants, que l’illustre maison de la rue Bonaparte allait enfin renouer avec d’excellents romanciers. Las. Plon vient de publier le deuxième roman de Stéphane Bern au titre aussi exquis que sa couverture : Plus belle sera la vie. (Ne ricanez pas, s’il vous plaît, cela n’a rien à voir avec le feuilleton star de France 3.) Un bandeau écarlate ceint le livre avec une photo (souriante) de l’auteur et ces mots alléchants : « Le Livre de Votre ÉTÉ ». Première phrase : « Toujours Marie Blanc avait aimé l’été. » Voici donc le « destin exceptionnel, inspiré d’une histoire vraie, d’une jeune fille pauvre qui deviendra l’une des femmes les plus riches du monde ».
Vous avez là l’exemple typique d’une grande maison d’édition qui, au lieu de mettre en avant ses auteurs méconnus et très talentueux tels qu’Arnaud Guillon, préfère miser sur le « Petit Prince du PAF » avec un roman cul-cul la praline pour faire gonfler ses chiffres et ses têtes de gondole. Ô édition, où vas tu ?
Le blog non officiel de Stéphane Bern
Dorian Gray
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