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Accueil du site > Tribune Libre > Ben Laden : prêcher le faux pour entretenir... le faux

Ben Laden : prêcher le faux pour entretenir... le faux

C'est la rentrée, et comme depuis toute la décennie précédente, on l'a fait avec... Ben Laden ! Oui, car même occis, le revoilà dans nos écrans, cette star médiatique dont ont à tout prix besoin les USA. Les "explications" d'un Nicolas Schmidle (*) n'ayant visiblement pas suffi a effacer les doutes, voilà que la machine à décérébrer (et à entretenir l'idée d'un Obama qui a réussi à se débarrasser du problème définitivement, ce qui est très bon en matière électorale) resurgit avec les "confidences" d'un "Navy Seal" qui vient nous raconter "sa" version des faits. Le gag étant qu'elle contredit une bonne partie des thèses de Nicholas Schmidle, ou plutôt en réécrit ce qui semblait jusqu'ici... mal écrit, ou qui aurait été mal interprété. Un reportage d'une télévision pakistanaise après l'assaut nous avait déjà montré que ce qu'avait expliqué Schmidle était pure invention, voilà qu'un autre scribouillard envoyé pour colmater les brèches en rajoute d'autres, tout en prenant grand soin de ne pas toucher à la version fondamentale qui veut que le Ben n'avait plus de tête, et qu'il a bien été embarqué en hélicoptère pour être jeté à la mer. Aucune nouvelle, cependant du premier hélicoptère qui s'est écrabouillé, et la même explication, donc, sur ses occupants tous intacts, bien entendu (les Navy Seals sont indestructibles !) : les storytellers du Pentagone se sont remis en marche, il semble bien... pour cette rentrée littéraire. Le problème, c'est que leur "scénar" mal ficelé ne tient pas plus la route que le précédent... 

L'idée qui prévaut, il faut bien l'avouer, à lire les titres diffusés dans les médias est assez géniale : ils écrivent tous "qu'un soldat américain contredit la version officielle". C'est habilement joué : les gens vont se précipiter là-dessus en se disant "mais c'est bien sûr, on m'a trompé"... et ressortir avec la même idée à la fin du bouquin : la tête explosée et l'emport en hélico de l'homme le plus recherché au monde. Car notre bon vieux Marines désireux d'arrondir ses fins de mois avec sa pré-retraite ne nous donne en fait que des détails sans intérêt sur l'éxécution de Ben Laden (personne ne parle plus de capture, vous l'aurez remarqué !), pour en conclure à la même chose que la version d'origine, celle longuement étalée par Schmidle (*) et dont on a ici-même expliqué le travail évident de commande. En présentant au grand public une "version différente", avec des détails plus croustillants (la réponse à donner en cas de capture !) on refourgue la même conclusion : avouons que c'est finement joué !

L'étude de ce que nous raconte aujourd'hui le dénommé Owen (en réalité Matt Bissonnette, nom révélé par Fox News et confirmé par l'AP) semble bien un autre scénario de commande, en fait, dont le but est de rectifier un "détail" qui était passé sous le nez de beaucoup de lecteurs de la version précédente. Dans celle-ci, Nicholas Schmidle (en photo ici à droite), le fils de celui qui au Pentagone est chargé de surveiller ce qu'on raconte sur le net et dans les médias, avait en effet réussi, après moult circonvolutions, à nous placer un personnage encombrant dans la version officielle : celui du fils de Ben Laden et de Siham Sabar, né en 1988 (il est alors âgé de 23 ans, donc). Si on relit en effet Schmidle, on tombe sur une description assez surprenante, tout d'abord d'une "grille" fermant l'accès à l'étage supérieur ou dormait ben Laden, grille inventée pour respecter le timing et la lenteur des Seals pour parvenir à l'étage, puis, une fois la "grille" explosée au Semtex, voilà que se profile dans l'escalier une ombre, une tête qui dépasse et qui est aussitôt abattue : celle du fils de Ben Laden, selon Schmidle. Relisons le donc : "une grille métallique verrouillée a bloqué la base de l'escalier menant au deuxième étage, ce qui donnait la sensation d'avoir comme une cage, vu de la salle du bas. Après dynamitage de la grille avec le C-4" (encore, c'est une manie ou quoi ???), "trois SEALs se sont lancés dans les escaliers." On notera que l'explosion, à ce stade ne semble pas avoir réveillé un Ben Laden complètement sourd, puisque l'imagerie officielle le montrera surgir de son lit lorsque les Marines ouvriront la porte de sa chambre !

Enfin dans l'escalier, qui ne ne fait pas plus d'une dizaine de marches (selon l'excellent reportage de la télé pakistanaise, où on en distingue 6 à peine !), voilà qu'ils tombent sur le fiston, selon Schmidle : "A mi-chemin, ils virent le fils de vingt-trois ans de Ben Laden, son fils, Khalid, tendre le cou dans le coin. Il est alors apparu au sommet de l'escalier avec une AK-47. Khalid, qui portait un T-shirt blanc avec un bord large et avait les cheveux courts et une barbe coupée, a tiré vers les américains". Evidemment, il est alors descendu : les Marines, en version officielle ne sont pas là pour faire la circulation ou demander ses papiers : "au moins deux des SEALs ont tiré et tué Khalid. Selon les documents découverts, jusqu'à cinq hommes adultes vivaient dans l'enceinte". Bien, l'escouade progresse en sulfatant tout ce qui bouge dans l'escalier : ce sont bien des Seals des années 2000, pas du genre de ceux qui portaient en 1969 des auto-collants hippies sur leur tenue de combat  ! Exit Khalid, donc, qui n'avait pas à passer bêtement sa tête en tirant... On arrive dans la chambre de Ben Laden, donc.

Oui, mais. Selon notre Owen, ce n'est pas Khalid... mais Ben Laden en personne qui s'y trouvait, dans l'escalier : Ben Laden n'a pas été atteint la première fois dans sa chambre, alors ! Il raconte avoir monté les escaliers de la maison vers la chambre de Ben Laden à la suite d'un autre Seal quand, « à moins de cinq marches du palier », il a « entendu des coups de feu tirés avec un silencieux. Pop, pop ». C'était son collègue qui a ouvert le feu. « Je ne pouvais pas dire d'où je me trouvais si les tirs ont touché leur cible ou pas ». L'homme qui avait passé sa tête dans l'encadrement de la porte « a disparu dans la chambre sombre », poursuit-il. Et cet homme, qui court visiblement avec une balle dans la tête, façon canard décapité, c'est selon lui ... bel et bien Ben Laden, le seul, l'unique Benny le mutant, Ben Laden le zombie : "une fois entré dans la chambre, Mark Owen écrit avoir vu « du sang et de la matière cérébrale s'épancher sur le côté de son crâne ». Le corps de Ben Laden tressautait encore. Owen et un autre Seal ont alors « pointé leur visée laser sur sa poitrine et tiré plusieurs coups » jusqu'à ce que le corps ne bouge plus. Owen ne décrit plus qu'un homme une fois passé la porte de la chambre. Voilà donc Khalid Ben Laden... disparu, évaporé, éjecté de la fable ! Et le père occis qui court avec une demi-tête en moins ! Fabuleux, non ? 

Remarquez, cette fois, on évite la célèbre scène du cri de "Géronimo" écrite par Schmidlle : Neuf ans, sept mois et vingt jours après Septembre 11, un Américain en appuyant sur une détente mettait fin à la vie de Ben Laden. Au premier coup de 5,56 mm, Ben Laden était frappé dans la poitrine" (ah, ils étaient venus avec un calendrier précis !). "Comme il tombait à la renverse, la SEAL a tiré un second coup dans la tête, juste au-dessus de l'œil gauche. Sur sa radio, il a indiqué : « Pour Dieu et la patrie-Geronimo, Geronimo, Geronimo." Après une pause, at-il ajouté, "Geronimo E.K.I.A" - "l'ennemi tué au combat." S'arrêter au moment crucil pour faire une répartie Hollywoodienne, avouez que ça fait très "Dirty Harry" ("Go ahead, make my day !") ! Cette fois, on efface la scène, on rembobine et on... embobine le public, en ne faisant que tirer sur un bonhomme qui n'a plus de tête, mais qui bouge encore... On notera que selon Schmidle, c'était le second tir qui lui avait explosé le chef... et dans cette version-là, l'homme sans tête, surnommé "Crankshaft" dans l'opération (vilebrequin) n'avait pas non plus couru dans les escaliers... remarquez, sur l'ensemble des "explications" données, on en était déjà à 27 versions différentes... au moins. "Owen", c'est simple, vient donc de nous livrer la 28eme !

Toute la nouvelle thèse n'a donc comme but de revenir sur un cas dont le Pentagone et la CIA ne savent visiblement pas se dépêtrer : celui du fils présent... ou pas sur place. Car dans la thèse d'Owen, pas de second corps à emmener dans l'hélicoptère : seulement celui du père, l'homme qui a la tête ailleurs, à ce moment-là (la moitié étant restée dans la maison, le Ben Laden nouveau se présente en kit). A noter que pour vérifier qui il était, on dira officiellement avoir utlisé de l'ADN, mais aussi un "logiciel de reconnaissance faciale" véritablement très évolué, car il a su reconnaître Ben Laden dans ce qui ressemblait à un amas de mou pour chat (ça provient des abats, d'où l'analogie). A supposer que le Khalid réapparaît vivant bientôt, voilà notre Marines plus vrai que le récit du fils du surveillant du net...

En fait, le bouquin de Bissonnette fait aussi et largement dans le pathos : il faut bien vendre ; Ainsi deux scènes, où les exploseurs de tête se muent en bons samaritains (quand on voit les mares de sang du carnage au rez de chaussée, ça devient surréaliste comme scène) :"le livre offre des détails intimes d'une mission spéciale opérations. Les scènes les plus mémorables sont aussi les moments les plus humains. Bissonnette décrit l'un des SEALs en train de panser les plaies d'une femme qui a reçu une balle quand elle s'est précipitée vers les SEALs" (tiens, elle n'est déjà plus présentée comme sa jeune épouse ?). "Dans une autre scène, une mère effrayée serrait son enfant et une jeune fille identifiait le mort comme étant Oussama ben Laden, apparemment inconsciente de l'importance de ces mots". La encore, c'est une reprise de la thèse de la fille de 12 ans, seule capable d'identifier Ben Laden : pas un mot sur les fameuses trois veuves : dans le livre, il n'y en a en effet que deux dans la chambre de l'assassinat. Choisir un enfant comme certificat de décès n'a que des avantages : cela évite les interrogatoires comme celui qu'auraient subi les trois veuves promptement escamotées de l'histoire...Si personne ne cite le nom de Ben Laden dans le récit, il va falloir attendre la fin des tests d'ADN pour dire au public que c'était bien lui. Autrement le faire dire par un des... personnages du récit. Qui plus est une enfant, car ce qui sort de leur bouche, on le sait, est toujours la vérité !

En prime, les graphismes proposés depuis par la presse, comme celui-ci-dessus, censés expliquer le raid, ne font qu'ajouter à la confusion (à force d'ajouter des détails oubliés dans la première version de Schmidle). Ainsi celui-ci, qui a tenté de rectifier les tribulations des Seals au sein des trois étages. On retombe sur le troisième sur un Ben Laden présenté ailleurs comme sénile (sur la célèbre photo à la couverture) mais ayant deux femmes dans sa chambre. Le frippon ! A l'étage du dessous, ou plutôt dans l'escalier, on tombe sur Khalid... qui dans la nouvelle version d'Owen n'existe plus :  c'est Ben Laden en personne qui a pointé le nez et s'est pris une balle dans la tête dans l'escalier dans la fable juste remaniée. OK, on n'en est pas à une version près, on le sait. Et enfin en bas, il y a deux occis : "Abrar" Said Ahmad, l'un des deux pakistanais ; frère d'Ibrahim... qui aurait été pour le premier le "courrier" ayant mené à Ben Laden, et "Bushra", qui aurait été la femme d'Ibrahim. Bien entendu, pour ce qui est des photos de cadavres montrés (trois) personne n'y a reconnu ni Khalid, ni Ibrahim ni Abrar. Et encore moins Bushra, pas montrée du tout. Les deux "pakistanais" trucidés ont davantage des traits indiens que pakistanais, et pour ce qui est de Khalid ou d'Al Koweiti, aucun des étendus par terre ne correspond. On a bien tenté de présenter le plus jeune (qui ne baigne pas dans son sang dans un escalier et ne semble pas avoir été atteint à la tête)  comme étant Khalid, mais là encore rien ne correspond : on détient une vidéo du fils de Ben Laden en train de faire du dressage de cheval, en 2008, et rien ne l'identifie : surtout pas son menton, qui n'est pas du tout le même, comparé à l'homme en "marcel" étendu par terre baignant dans son sang.

Un journal Koweitien est donc venu lui aussi expliquer que la version d'Owen-Bisonnette déplaisait à la Maison Blanche, les Seals ayant déclaré ne pas avoir apprécié d'avoir été récupérés politiquement : "Bissonnette a également écrit avec mépris qu'aucun des SEALs n'étaient fans de Barack Obama et savait que son administration saurait récupérer à son profit le fait d'avoir commandé le raid de mai 2011. Un des SEALs a déclaré après la mission qu'ils avaient juste conduits Obama à sa réélection en effectuant le raid. Mais il dit qu'il le respectait en tant que commandant en chef, pour avoir donné le le feu vert de l'opération. Les responsables américains craignent que le livre puisse inclure des informations classifiées, car il n'a pas subi l'examen officiel requis par le Pentagone pour les œuvres publiées par anciens ou actuels employés du ministère de la Défense." Visblement, la version leur va très bien : elle n'apporte rien de neuf à la thèse officielle, contrairement à tous les titres de presse. Question propagande c'est très habilement joué, mais ça ne peut marcher qu'avec les gogos qui avaient déjà avalé la première version ; une simple piqûre de rappel... "électoral..." N'oublions pas non plus que la présence médiatique d'un Navy Seal encore vivant évité aussi de parler de ceux qui auraient pu disparaître dans le crash de leur hélico, et dont on a retrouvé une liste étrangement correspondante à ce qui devait être une seconde équipe, déclarés morts "en Afghanistan" quelques semaines après.

Ça ne vous rappelle rien cette tehnique de présenter les choses sur un côté "interdit" (sous entendu par la Maison Blanche) pour laisser croire que l'individu qui présente ses "preuves" n'a bien aucun rapport avec le pouvoir ? Moi, si. Rappelez-vous, il n'y a pas si longtemps que ça ; une cinéaste, désireuse de faire un film sur la fin de Ben Laden (et pas n'importe laquelle, c'est Kathryn Bigelow, l'ancienne épouse du réalisateur James Cameron ** ), se voyait paraît-il mettre des bâtons dans les rues pendant sa préparation, la Maison Blanche lui interdisant certains accès, notamment à l'équipe de Seals ou à leurs sites d'entraînement, dont, on l'a vu, certains pourtant gérés par des sociétés privées. L'affaire avait bien monté en mousse, tout le monde étant persuadé qu'on lui en voulait. Que la Maison Blanche faisait tout pour empêcher ses premiers tours de manivelle, décidés dès le début de 2011 ! Car le gag, en effet, c'est que le film avait été commencé à être tourné.... avant même le raid des Navy Seals !

En réalité, la miss Bigelow (oscarisée) s'était en effet déjà beaucoup rapproché de l'armée et de la CIA pour son précédent opus sur les démineurs : "le 15 Juin 2011, le Deputy National Security Advisor for Strategic Communications, Douglas Wilson a envoyé cet e-mail à Benjamin Rhodes, vice-conseiller de sécurité nationale pour les communications stratégiques, en disant de bien considérer combien la réalisatrice de The Hurt Locker avait aidé des organismes de bienfaisance militaires. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, a été désireux d'aider le film. "Les deux, Boal et Bigelow sont bien connus à la fois de Geoff [Morrell, porte-parole du ministère de la Défense] et de moi-même, écrira-t-il . "Tous les deux Geoff et moi les respectons beaucoup tous les deux. (Pour info, Bigelow aide activement à Hollywood, le "Joining Forces" et d'autres association de familles de militaires.) Le secrétaire de la défense Robert Gates partage l'admiration pour leurs efforts dans leurs films antérieurs. Boal a travaillé avec nous et avec la CIA (via George Little [le porte-parole du ministère de la Défense ])  pour les briefings de démarrage initial - Ce qui été fourni par Mike Vickers du Department of Defense et la CIA aux responsables concernés a eu la pleine connaissance, la pleine approbation et le soutien du directeur Panetta." pouvait-on lire alors. On y ajoutait même que "l'adjoint chargé de la presse de la Maison Blanche, Jamie Smith, a répondu à un courriel qui indiquait les communautés militaires et du renseignement aidaient le film bien avant la Maison Blanche s'y soit impliqués". C'était donc "Hollywood on war"... en quelque sorte : avec Léon Panetta comme scénariste, ou superviseur, et la CIA comme producteur pour le prochain film qui devrait s'appeler "zero-dark-thirty" ?

Or un événement à la fois surprenant et révélateur a montré récemment qu'il y avait bien en fait duplicité totale et surtout complicité évidente entre la réalisatrice et l'équipe d'Obama. C'est rue 89 qui nous a soulevé le lièvre : tout date du 5 août dernier, jour où Mark Mazzetti, reporter de renom au New York Times (c'est le spécialiste de la sécurité nationale du journal !), envoie discrétement un e-mail... à un employé de la CIA faisant partie de ses relations. Ce n'est pas le mail, à la limite, qui choque :le plus, c'est son contenu : dedans il y a un texte d'une de ses collègues, Maureen Dowd, qui vient de découvrir quelque chose d'intéressant et s'apprête à le publier. Manque de bol pour lui, un groupe plutôt conservateur américain, le Judicial Watch, tombé on ne sait comment sur le mail... le répercute tel quel et en donne le contenu, plutôt anodin pour ce qui est du texte du collègue : "Ça ne vient pas de moi... et merci d’effacer ce message après l’avoir lu. Vous voyez, rien d’inquiétant !"

Imaginez depuis l'ambiance à la rédaction du NYT.... mais plus intéressant encore est ce qu'elle voulait faire paraître, la fameuse Maureen : tout simplement qu'elle avait ramassé les preuves comme quoi l'administration d'Obama, au lieu de bloquer les accès pour faire le film, contrairement à ce qui avait clamé, avait fait tout l'inverse, allant même jusqu'à conclure que "d’après ces documents, l’administration Obama a fourni [aux cinéastes] un accès privilégié à des informations de la CIA pour préparer leur film". Interrogée sur l'événement (et pas sur son collègue, à qui elle devrait avoir envie d'arracher les yeux) Maureen confirme sans hésiter ce qu'elle a écrit dans la présentation de son papier : « la Maison-Blanche compte sur le film de Kathryn Bigelow et Mark Boal pour contrecarrer la réputation d’inefficacité grandissante d’Obama. Le film des deux oscarisés mettra sans doute en scène les excellentes et courageuses décisions du président. Comme Obamaland l’espérait, le film doit sortir le 12 octobre – juste à temps pour donner un coup de fouet à sa campagne. » Le tour dans un timing idéal, une manœuvre montée de main de maître, s'il n'y avait pas eu ce grand journaliste... en délateur. Le grain de sable inattendu qui à faire gripper la machine.

Notre nouveau zouave litttéraire correspond bien de la même manipulation : on le menace déjà des tribunaux, pour faire croire qu'il n'y aucun lien avec le pouvoir, et pour que le grand public ne retienne qu'une seule chose : G.W.Bush avait promis un Ben Laden plus mort que vif ; en placardant façon western ses affiches "wanted", mais c'est Obama, présenté comme dilettante et plutôt mollasson "qui l'a eu", au final, façon Rambo. Un Bush qui avait eu en son temps rédaction ouverte au NYT pour y placer ses thèses sur les armes de destructions massives... qui n'existaient pas (***). Obama, en définitive, connaît donc bien son pays : ayant affaire à des crétins, il a compris que les subtilités ça ne lui rapportait rien, et que son concurrent avait comme supporter principal un gars visiblement devenu sénile qui disait autrefois "vas-y ; mon vieux, fais moi plaisir"... tire. Alors, il en a conclu que c'était ça qu'ils voulaient entendre ; ses concitoyens (ou ses cons de citoyens ?). Et c'est ce à quoi il s'affaire, sous le manteau, depuis plusieurs mois. Il n'en a pas encore fini de tirer les dividendes de la façon dont il a "sorti" le problème Ben Laden du paysage médiatique. Et en prime, il marche sur un vrai tapis rouge (type festival de cinéma ?) déroulé devant lui : l'endroit où tout ça est censé s'être produit a été rasé.  Personne n'est allé depuis vérifier que dans les débris laissés sur place figuraient des câbles de communication pour ordinateurs et de télévision : il avait été dit, pourtant, que le reclus d'Abottabad n'en avait aucun, de moyen de communication autre que le fameux "courrier" humain, dont on a toujours pas depuis localisé le cadavre. Le mensonge, grossier, présenté par G.W.Bush qui a réussi à vendre à L'ONU des armes de destruction massives, continue, donc. Pour se faire réélire, on l'a vu c'est la solution idéale : Ben le zombie était apparu comme par magie en 2004. Le revoilà qui resurgit en 2012. A croire que les présidents américains quels qu'ils soient ont toujours besoin de lui...

 

(*) lire ici trois épisodes consacrés à l'individu :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-americains-et-l-isi-ont-118322

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-americains-et-l-isi-ont-118068

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-americains-et-l-isi-ont-118221

(**) réalisatrice réputée de deux films de guerre de bonne facture : "K-19 : Le piège des profondeurs" (K-19 : The Widowmaker), et Démineurs (The Hurt Locker).

(***) le NYT notamment avait ouvert ses colonnes à Ahmad Chalabi, manipulateur fortuné irakien, devenu la seule source du journal sur le pays alors qu'il était grassement rémunéré par le pouvoir américain, et sera même emmené dans les bagages de l'expédition de 2003... avant qu'on ne s'aperçoive de son incompétence et de ses détournements de fonds. La journaliste Judith Miller, qui avait fini par enquêter sur le personnage, avait été priée par la direction du NYT de faire ses bagages... selon un de ses confrères, le NYT avait brûlé sa réputation avec l'affaire. Chalabi n'était qu'un escroc criminel qui avait soutiré 22 millions de dollars de sa banque Petra, en Jordanie, pays dans lequel il avait été condamné à 22 ans de prison. Correspondante en Irak du NYT, Miller avait parfois emprunté des "pages entières" de ce que lui remettait Chalabi, avant de s'apercevoir qu'elle se faisait berner. Les désormais célèbres "tubes d'aliminium" présentés à l'ONU par Dick Powell comme étant des morceaux de centrifugeuses à uranium n'en étaient pas ; contrairement à ce que lui avait dit Adnan Ihsan Saeed, présenté comme un scientifique irakien expatrié : le fameux "curved ball" qui accusait Saddam de tout posséder, comme armes, alors qu'il n'avait plus d'armes de destruction massive ni programme nucléaire. Lui aussi avouera, mais bien après (l'année dernière seulement) .Miller sera ensuite découverte comme étant membre de Benador Associates, un think tank de conservateurs pro-Bush, qui l'avaient guidée vers Chalabi et la faune qui tournait autour. Du grand art !!! Powell, à l'ONU, avait fait... un beau cinéma !!!

 

la version de Schmidle est ici : 

http://www.newyorker.com/reporting/2011/08/08/110808fa_fact_schmidle

la critique de son article ici :

http://registan.net/2011/08/04/the-schmidle-muddle-of-the-osama-bin-laden-take-down/


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17 réactions à cet article    


  • Leo Le Sage 3 septembre 2012 14:34

    @AUTEUR/morice
    Vous dites :
    « Ben Laden ! Oui, car même occis, le revoilà dans nos écrans, cette star médiatique dont ont à tout prix besoin les USA » [...]
    A ce propos, est-ce que quelqu’un a le droit de percevoir des droits d’auteur en utilisant son nom ?
    Je vous demande çà parce que je me souviens que dans un pays où j’étais j’avais vu quelqu’un avec le Tee-shirt de ce monsieur...
    Le pays en question n’était d’ailleurs pas très proBenLaden...

    Plaisantons un peu : je pense que Ben Laden devrait penser à demander des cachets... smiley
    (Pilules ET salaires)

     
    Cordialement

    Leo Le Sage
    (Personne respectueuse de la différence et de la pluralité des idées)


    • morice morice 3 septembre 2012 14:55

      Je vous demande çà parce que je me souviens que dans un pays où j’étais j’avais vu quelqu’un avec le Tee-shirt de ce monsieur...





        • Herlock Sholmes Herlock Sholmes 3 septembre 2012 17:59

          Cette « nième » version, vraie ou fausse, peut nous rappeler les « nièmes » versions officielles de notre mini-11-septembre toulousain, contredites par les derniers documents officiels prudemment relâchés par la DCRI...


          Les gens de pouvoirs, et leurs valets, ne cesseront jamais de nous mener en bateau...



          • mortelune mortelune 4 septembre 2012 06:11

            Très juste !


          • wesson wesson 3 septembre 2012 18:30

            bonjour morice, 

            effectivement cette histoire de « confession » d’un navy seal ne trompe pas grand monde, elle est effectivement là pour accréditer une nouvelle thèse « acceptable » pour le gouvernement Américain, celle d’une exécution, certes limite-limite, mais vas-t’on pleurer ce terroriste ??? En tout cas la réponse du scribouillard commando est bien entendu négative... 

            Et nous avons également eu ce weekend une montée au feu de l’endurant « Monsieur X » de France Inter, qui répétait il y a 3-4 ans que Ben Laden était mort depuis longtemps, pour dire - dès le coup de force d’abbotabab connu - que il s’était tout simplement trompé ... Et ce samedi, de nous faire toute une émission sur cette supposé intervention, sans jamais faire état de ses doutes passés sur la survie de Ben Laden.

            Bref, une bien belle histoire à dormir debout là encore.

            • morice morice 3 septembre 2012 18:40

              Ah tiens, il s’est rebiffé le X...



            • morice morice 3 septembre 2012 18:36

              Cette « nième » version, vraie ou fausse, peut nous rappeler les « nièmes » versions officielles de notre mini-11-septembre toulousain, contredites par les derniers documents officiels prudemment relâchés par la DCRI...


              ah ça... depuis aujourd’hui, la thèse du « loup solitaire » ne tient plus du tout ..

              Âgée de 34 ans, Souad Merah, était connue pour ses liens avec les milieux salafistes toulousains. Une note de la DCRI, datée du 19 mars 2010, montre qu’elle était « fichée » et « adepte d’un islam radical ». Neuf mois plus tard, rappelle le journaliste, elle a réservé quatre billets d’avion Paris-Le Caire. En Égypte, elle aurait étudié le coran dans une école coranique. L’année suivante, c’est au tour de Mohamed de se rendre au Caire pour y étudier les saintes écritures musulmanes.

              L’aide apportée par Souad Merah à son frère ne fait aucun doute. Elle lui a notamment transmis 1 520 euros alors qu’il était en détention. Elle lui aurait également prêté son téléphone portable, notamment pour appeler un agent de la DCRI en novembre 2011.


              le frère avait échappé à une rafle en 2007 de salafistes. Sa sœur était fichée salafiste en 2008.. et lui n’aurait pas été sous influence ? Mais de qui se moque-t-on là ? Qu’attend-t-on pour inculperSquarcini, confident de Sarkozy ? N’est-il pas venu nous vendre avec Guéant la superbe thèse du « loup solitaire » alors que plus on avance et plus on découvre tout un troupeau ??? On SAVAIT les deux dangereux, et on a pas réussi à dégotter le frère dès le premier meurtre ? Plus on avance, et plus on s’aperçoit qu’on aurait pu sauver des vies, là : je conçois que les parents de victimes puissent être furax : on tombe bien sur une manipulation là et non plus une simple incompétence !!!

              • Pyrathome Pyrathome 3 septembre 2012 23:48

                Prêcher le faux pour entretenir le faux ?
                Marrant ! comme vous, j’ai tout de suite compris la manœuvre grossière derrière, à force, ça devient vraiment lourd leurs bobards et enfumages à répétitions....
                C’est plutôt récurent chez eux....
                Faussaires, mystificateurs, menteurs, escrocs, manipulateurs.....
                Le culte du secret, leur grand dada....rien à envier au stalinisme !
                Ça aussi, ça en fait partie !
                http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-charles-duboc/300812/ovni-le-secret-americain
                à voir ou revoir ...Ah ah ah !!..


                • morice morice 4 septembre 2012 00:35

                  c’est une obsession chez vous, Pyra... hélas !


                  • Pyrathome Pyrathome 4 septembre 2012 01:06

                    c’est une obsession chez vous, Pyra... hélas !

                    Ah ah ah ! non pas du tout, j’ai déjà intégré le fait irréfutable comme d’autres d’ailleurs.....
                    Pas vous encore ?
                    Va falloir sérieusement y penser, moi je dis ça, mais vous savez, c’est vous qui voyez, hein ? ....
                    Bon allez, cadeau pour votre peine !  smiley
                    http://www.dailymotion.com/video/xgx0f9_ufo-nasa-sts-115-atlantis-observes-objects_tech
                    ..


                  • mortelune mortelune 4 septembre 2012 06:41

                    Quand on sait comment le moment présent est raconté par les médias et les ’officiels’ on est en droit d’émettre de grands doutes sur l’histoire telle qu’elle est racontée dans nos livres d’école. Qu’apprendra-t-on à nos p’tits enfants à propos de Ben Laden ? Et aussi du 11 septembre, de la Syrie, de la Libye et de tout le reste qui capte l’attention de ceux qui n’ont rien d’autre à faire qu’à perdre du temps à lire et écouter les niaiseries merdiatiques. 


                    • morice morice 4 septembre 2012 08:23

                      Qu’apprendra-t-on à nos p’tits enfants à propos de Ben Laden ?


                      aux Etats-Unis c’est ça :


                      le taré qui a édité ça fait ça aussi :

                      dans le deuxième lot, Assange !!!


                      c’est ça l’Amérique ! 

                      • mortelune mortelune 4 septembre 2012 12:42

                        Effectivement ! ça fait peur mais je garde espoir que nos arrières petits enfants soient un peu moins c.. que nous.


                      • Traroth Traroth 4 septembre 2012 13:03

                        Ah ouais, Assange carrément qualifié de terroriste... C’est vraiment un pays super, les Etats-Unis !


                      • joeblow 5 septembre 2012 04:12

                        Toujours le même système, les nouveaux mensonges soutiennent et consolident les vieux mensonges. Et les Merdias relaient.
                        À vomir.
                         http://www.dailymotion.com/video/xjybcc_ben-laden-storytelling-et-democratie-enquete-reopen911-11-septembre-2001_news

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