Benoit Hamon pense son heure arrivée
Il y croit. Petit Ben est devenu grand. A l’issue d’un parcours d’apparatchik parfait, Benoît Hamon, à 49 ans, pourrait bien voir son rêve se réaliser. Non pas devenir Président de la république mais patron de la rue de Solferino.
L'homme a de nombreuses cordes à son arc. Un physique et un abord sympathiques, une maîtrise parfaite de l'art du réseautage. Comme de plus en plus de responsables PS, Benoît Hamon, n'a jamais eu de vrai métier. Son seul bagage, c'est une licence d'histoire. Et pourtant à voir comment il a su placer ses amis, il aurait pu faire un vrai DRH de grande entreprise. Au lieu de ça le garçon a préféré suivre ce que certains baptisent les "écoles du crime" du PS : manifestations étudiantes (contre le projet de loi Devaquet) MJS ; UNEF. Une voie royale qui lui a ouvert les portes du cabinet ministériel de Martine Aubry avant de passer de l'autre côté du bureau sous la présidence Hollande comme ministre délégué à l'économie sociale et solidaire puis, de façon éclair (4 mois et 23 jours) comme ministre de l'éducation nationale.
Les fonctions gouvernementales présentent bien des avantages, notamment matériels, mais Benoit Hamon comme beaucoup de ses coreligionnaires du PS préfèrent les arcanes du parti. C'est son élément. C'est moins exposé et le vrai pouvoir est là. Pour faire bouillir la marmite, ce n'est pas un problème. Un quelconque poste de parlementaire cumulé avec un mandat local suffisent généralement. Et si un accident électoral devait se produire un poste dans une entreprise amie ou dans une université jouent le rôle de roue de secours.
Le revers de la médaille c'est que Benoît Hamon incarne aussi cette médiocriatie qui a pris le pas au PS. Les personnalités brillantes et laborieuses y sont proscrites. Toute l'énergie est concentrée sur la maîtrise de l'appareil et la distribution des places, pas dans l'élaboration d'un projet de société. Le programme du Brestois est révélateur de cette paresse intellectuelle. C'est d'ailleurs un autre socialiste qui en parle le mieux. François Kalfon, directeur de campagne d'Arnaud Montebourg, aiguillonné par la montée en puissance de ce rival qu'on n'attendait pas, a évoqué à son sujet "la gauche Carambar". C'est-à-dire originales, certes, mais surtout irréalisables. Ce qui n'empêche pas de s'en servir comme tête de gondole, en produit d'appel. Directement visé, on l'aura compris, le concept de revenu universel.
Mais comme dans le marketing, quand un produit marche bien, c'est qu'il répond à une attente des acheteurs. Gérard Courtois dans le Monde distingue ainsi la France des sous-préfectures incarnée par Arnaud Montebourg de la France des bobos qui serait rangée derrière Benoît Hamon. La sincérité des supporters de Benoit Hamon n'est pas en cause mais il est vrai que l'idéalisme (l'écologie, les migrants, la laïcité, les discriminations…) semble avoir pris le pas sur le pragmatisme. Comme s'il suffisait de lancer des mots pour les voir se réaliser. A ce titre, sa mesure phare, le revenu universel, est le marqueur d'une gauche déconnectée qui pense que nous vivons dans un monde de bisounours où la pérennité de notre modèle sociale serait acquise, où le combat pour la vie et la survie ne serait qu'une chimère.
Étranges primaires citoyennes. Mises en place sur-mesure pour François Hollande, elles constituent le chant du cygne d'un PS voué à l'éclatement. Le nom même de Belle Alliance auquel on a vite rajouté Populaire est un sacré clin d'œil, bien involontaire. A l'issue de la bataille de Waterloo (Belgique) en 1815 les généraux vainqueurs, le Prussien Blücher et le Britannique Wellington se seraient retrouvés à l'auberge de la Belle Alliance pour célébrer leur victoire et la chute de l'Empire napoléonien…
Crédit photo : Alchetron/Wikimedia commons
39 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON